Ma première expérience au ISDE

Par Moto JournalPublié le

Par Chantal Cournoyer

Je suis une mordue de moto. Au printemps 2015, quand mon conjoint m’a annoncé qu’il participerait à cette compétition d’envergure internationale, je l’ai encouragé à cent milles à l’heure. Et quand il m’a proposé de faire partie de l’équipe canadienne en tant que membre du support technique, j’ai dit oui sans hésiter.

Pour ceux qui se demandent ce qu’est le ISDE, ou Les Six Jours comme on dit ici, c’est une compétition d’Enduro qui dure six jours, comme le nom l’indique. En 2015, l’événement avait lieu en Slovaquie au mois de septembre. Avec plus de 400 pilotes, hommes et femmes, représentant 30 pays, ça s’annonçait enlevant. Ce qui fut le cas.

Comme membre du soutien technique, la tâche consiste à ravitailler nos coureurs canadiens aux points de contrôle : fournir de quoi boire et manger, donner les outils s’il y a un ajustement à faire, les encourager et être un contrôleur de temps (le matin, les coureurs partent à leur minute de départ attitrée et, à chaque point de contrôle, le contrôleur doit indiquer aux pilotes à quelle minute ils doivent repartir pour pointer leur carte de temps correctement au chronomètre officiel).

Nous arrivons donc une semaine avant la compétition et, le lendemain de notre arrivée, on se dirige à l’endroit nommé paddock, un immense stationnement vacant. C’est là que tous les pays ont un endroit désigné pour monter leur installation. Le nôtre fait environ 40 par 20 pieds et la première chose à être installée est le conteneur avec toutes les motos et les caisses d’équipement (les motos, de même que les outils, l’équipement et les pneus de chaque pilote étaient partis par bateau au mois de juillet). Pour ce qui est des tentes, chaises, tapis, démonte-pneus, caisses d’huile, autres outils et j’en passe, ça appartient à Équipe Canada, qui trimbale ça d’une année à l’autre.

À mesure donc que la semaine préparatoire avance, les pays arrivent et s’installent. Nous sommes entourés par l’Australie et l’Estonie. Des manufacturiers comme KTM, Husqvarna et Michelin ont de grosses installations avec du matériel en quantité pour pourvoir aux besoins des pilotes. Quelques pays sont également bien visibles : les États-Unis, la France, la République tchèque pour ne nommer que ceux-là.

Moi, je me promène parmi tout ce cirque et je constate tous les jours l’ampleur de la chose. Je suis emballée et excitée en même temps. J’ai hâte que ça commence! Mais en attendant, une fois que tout est pas mal prêt, je vais avec les gars marcher parmi les sections spéciales. Ils se promènent sur les sentiers tout en analysant la surface du terrain, le degré de telle ou telle côte ou encore l’endroit le plus facile pour passer une section. C’est du sérieux! Mais ce qui est encore plus sérieux, c’est la recette gagnante pour les pneus : quelle grosseur de pneu avec quelle grandeur de Bib Mousse (au lieu de mettre un tube dans le pneu, les pilotes mettent un Bib Mousse, qui est en fait un tube, mais fabriqué en mousse compacte. (L’avantage est que le pneu ne fait pas de crevaison). Ç’a été un sujet fort discuté au sein de la troupe!

Nous sommes le samedi de la première semaine et, toutes les équipes étant sur place, une immense parade se met en branle. Nous marchons sur environ un kilomètre pour aboutir dans la vieille place centrale de Kosice. Drapeaux et fanions de toutes nationalités volent au gré du vent et moi je suis en état d’émerveillement : nous devons bien être 1200 personnes dans le défilé. Ensuite, sur la grande scène, les équipes montent une à une et deux animateurs nomment les noms des pilotes. Équipe Canada : Philippe Chainé, Thierry Lacombe, Patrick Tremblay, Jean L’Écuyer, Jared Stock et Mickey Silger. La soirée se termine ensuite tranquillement pour certains et sur le party pour d’autres. Mais après ça, fini la bière, car le sérieux commence lundi matin.

Le premier départ d’un de nos pilotes est aux alentours de 9 h le lundi matin. Michel Falardeau, Andrew (le gars de Patrick Tremblay) et moi-même sommes déjà en route pour nous rendre à notre point de contrôle. Il faut être prêts pour le premier qui va arriver. Quand on arrive sur place, presque toutes les équipes de soutien sont là et, déjà, les pros qui sont partis tôt le matin arrivent en trombe. On s’installe rapidement et on attend notre premier pilote. Ils arrivent à tour de rôle et une fois que tous ont passé, on ramasse nos choses et on retourne au paddock. Entre-temps, mon conjoint, Jean L’Écuyer, qui avait subi une dislocation à l’épaule durant une course un mois auparavant, a dû déclarer forfait. La blessure n’étant pas guérie, la douleur était trop insupportable pour continuer. J’étais vraiment triste pour lui, mais l’Enduro est un sport difficile et les blessures sont monnaie courante. Au moins, il a été au bout de son désir de participer aux Six Jours.

Chaque nouvelle journée, on va à des points de contrôle différents et on découvre de nouveaux endroits : certains sont dans les bois, d’autres sont au beau milieu d’un petit village pittoresque. Les gens sont accueillants et quand on a un peu de temps devant nous, entre deux rondes, on en profite pour visiter les villages. Et c’est arrivé une seule fois où on a eu assez de temps pour aller voir les pilotes sur une section spéciale de motocross qui était tout près de notre point de contrôle. Hou là là! Je ne vous dis pas l’adrénaline qu’on sentait dans l’air. C’était complètement fou! J’étais comme une petite fille à les voir tous sauter, prendre les courbes en dérapant et donner du gaz au fond en sortant de celles-ci. Malade! Cette journée-là, j’étais comblée.

Pour les pilotes, une fois la journée dans les sentiers terminée, ils arrivent au paddock et là, ils ont quinze minutes pour faire leur mécanique eux-mêmes. Les gars du support peuvent donner les outils, changer l’huile moteur, mais c’est tout. Le reste doit être fait par les coureurs. Une fois le temps écoulé, ils apportent leur moto dans le Parc Fermé. Qu’est-ce que c’est que ça? C’est un grand espace clôturé (ici, c’était dans le stationnement d’un centre d’achats) où les motos passent la nuit. Rendues là, les motos ne sont plus accessibles pour les pilotes. S’il reste de la mécanique à faire, ils ont dix minutes le matin pour la faire.

Je reviens sur le Parc Fermé, car c’est une des choses qui m’a le plus impressionnée. Imaginez 400 motos sur plusieurs rangées et toutes alignées parfaitement. Quel beau spectacle! Ça donnait des frissons.

Bref, la semaine a passé rapidement et, le samedi, la dernière journée de course, l’épreuve était complètement différente et de courte durée : les pilotes devaient faire quinze minutes, ou au moins un tour, d’un circuit de motocross. Il y avait énormément de spectateurs et de drapeaux. L’ambiance était à la fête avec la musique et l’animation. Sur la piste, on pouvait clairement voir les pilotes qui avaient fait du motocross, car sur les bosses, ils s’en donnaient à cœur joie. Pour les autres, disons qu’ils se gardaient une petite gêne!

Nos cinq pilotes ont tous terminé leur course. Fatigués, mais contents. Le samedi soir, il y avait une cérémonie de remise des prix, puis certains ont fait la fête et d’autres non. Moi j’étais heureuse d’avoir pu vivre cette expérience et j’y retournerais n’importe quand. Je tiens à dire merci aux organisateurs d’Équipe Canada ISDE et surtout merci à vous, fous pilotes de moto d’Enduro, qui êtes de vaillants guerriers.

Avis aux intéressés : en 2016, c’est en Espagne que ça se passe. Commencez maintenant à vous imaginer sur la ligne de départ…

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