Ducati Multistrada 1200

Par James NixonPublié le

La Multistrada a toujours été rapide. Maintenant, elle est aussi réellement polyvalente.
 

Ducati affirme que lorsqu’elle a lancé la Multistrada 1200 en 2010, elle a « révolutionné le monde de la moto en offrant pas moins de quatre machines en une ». (Ah, le sens de la mesure des rédacteurs corporatifs…) La firme italienne poursuit en expliquant qu’elle a accompli cet exploit grâce aux quatre modes de conduite : Sport, Tourisme, Ville, Enduro. Et maintenant, avec tous les raffinements apportés au nouveau modèle, Ducati explique qu’elle a créé « la multimoto par excellence ».

En réalité, les premières Multistrada 1200 étaient trop radicales pour le tourisme et la conduite urbaine de tous les jours, notamment à cause de leur tirage final trop long, d’inspiration superbike. Par la suite, les choses se sont nettement améliorées et la Multistrada est devenue plus conviviale, comme nous l’avions souligné lors du lancement du modèle 2013. 

Et comme on n’arrête jamais le progrès, cette année, le V-2 Testastretta de 1198 cc est doté d’un nouveau système variable de contrôle de la distribution, appelé Desmodromic Variable Timing (DVT). Ce système permet de faire varier l’ouverture des soupapes en agissant indépendamment sur les arbres à cames d’admission et d’échappement. Selon Ducati, cela permet d’optimiser les performances à tous les régimes et dans toutes les conditions de conduite en faisant passer le V-2 de super souple pour le tourisme à hyper sport pour la conduite sportive. Le boîtier d’admission d’air et les corps de papillon sont également nouveaux, de même que la tubulure de sortie d’échappement et le silencieux. Marco Sairu, le directeur de projet pour ce moteur, affirme qu’il s’agit du moteur le plus perfectionné de Ducati. Il affiche une puissance de 160 ch (100 en mode Ville et Enduro) et un couple de 100,3 lb-pi.

Ducati a pris soin de nous expliquer que la Multi avait également eu droit à de nombreuses autres améliorations. Elle est maintenant équipée d’un module de mesure de l’inertie et de l’angle d’inclinaison. La machine a gagné 5 mm en largeur au niveau des caches de radiateur, et 40 mm au niveau du carénage. L’écran ACL a été revu, le régulateur de vitesse est livré de série et les commandes au guidon sont rétroéclairées. La garde au sol a été haussée de 20 mm (à 180 mm). La selle offre plus d’espace utile en longueur et elle est plus étroite de 40 mm à l’avant. Sa hauteur est ajustable de 845 à 825 mm (et on peut soustraire 25 mm de plus avec une selle optionnelle). Côté pneumatiques, la Multistrada est chaussée de Pirelli Scorpion Trail II, plus durables que les anciens Scorpion Trail tout court selon la firme. Bon, c’est super tout ça, mais quand est-ce qu’on va rouler?

Pas aussi vite que j’aurais voulu… Car mes bagages ont été égarés pendant le trajet d’avion jusqu’au site du lancement, à Lanzarote, dans les îles Canaries (appartenant à l’Espagne). Quand le groupe de journalistes monte en selle le matin, je ne peux pas partir avec eux; mes bagages viennent d’arriver et je dois aller les récupérer en personne à l’aéroport.

Au retour, un guide de Ducati m’attend et il m’invite à monter sur ma Multistrada modèle de base (18 995 $, offerte en rouge seulement). Je retrouve avec plaisir la position de conduite familière et si confortable des machines d’aventure, j’appuie sur le démarreur et nous partons aussitôt.

Première constatation : Ducati a vraiment misé dans le mille en mode Sport. Pour rejoindre le groupe, nous prenons des raccourcis dans des petites routes de campagne en roulant à très vive allure et la machine bondit avec beaucoup d’aplomb. La transmission est précise et la bande de puissance est particulièrement douce et fluide entre 3000 et 6500 tr/min. À régimes plus bas, le moteur hésite légèrement, mais rien d’anormal pour une Ducati. À régimes plus élevés, on ressent un peu de vibrations à travers la selle, mais on les oublie aussitôt tant l’accélération est enivrante. Le système de distribution variable livre la puissance et son fonctionnement est parfaitement discret.

En mode Tourisme, la réponse de l’accélérateur s’adoucit, mais sans devenir floue. En mode Ville, la bombe italienne devient sage et raisonnable pour traverser calmement les petits villages. L’alimentation et la réponse de l’accélérateur sont précises. Par contre, à deux occasions, le moteur a toussoté, comme s’il était en panne d’essence. Le toussotement s’est produit à deux régimes différents et dans deux rapports de transmission différents. Le problème n’est jamais réapparu par la suite, même en essayant de reproduire la situation. Nathon Verdugo de Ducati Amérique du Nord explique que nous roulions sur des modèles de préproduction et que ces petits pépins seront corrigés sur les modèles de production courante.

Rouler vite, c’est très bien, mais il faut aussi pouvoir ralentir de façon énergique, surtout que la Multistrada n’est pas un poids plume avec ses 232 kg affichés, tous pleins faits. Aucun problème à cet égard : à l’avant, les disques de 320 mm avec étriers Brembo monobloc livrent une formidable puissance de freinage. De plus, les freins sont munis d’un système ABS qui tient compte de l’angle d’inclinaison. Côté électronique, la Multi est également dotée d’un système antipatinage et de contrôle des wheelies. En mode Enduro, le système désactive l’ABS à l’arrière, la fonction qui tient compte de l’angle d’inclinaison et le dispositif de contrôle des wheelies

Quand je freine avec énergie sur la route, la fourche avant s’enfonce passablement et la machine pique du nez un peu trop à mon goût. Avec les ajustements par défaut, la fourche de 48 mm et l’amortisseur Sachs sont trop souples pour moi. Même si cela n’empêche pas la machine de se comporter de façon fluide et contrôlable dans les virages, j’aurais pu les raffermir un peu puisque la suspension est entièrement ajustable. 

Mais pourquoi jouer avec les ajustements de suspension quand le modèle S le fait automatiquement pour vous? Quand nous rejoignons enfin le groupe, je change de machine et j’enfourche la Multistrada 1200S (20 795 $, offerte en rouge et en blanc). Avec les 1800 $ supplémentaires, on obtient notamment une suspension électronique semi-active Sachs qui ajuste automatiquement l’amortissement en compression et en détente selon les conditions de conduite. Maintenant, ma machine ne s’incline plus comme un serviteur anglais à chaque fois que je freine; elle fléchit légèrement et de façon prévisible même en freinages particulièrement intenses. En fait, avec ce dispositif électronique, la suspension est plus souple sur les mauvais revêtements tout en livrant une conduite très sûre dans les virages serrés. Sa capacité à s’adapter rapidement aux conditions routières changeantes est surprenante, et la moto est très agile malgré sa taille.

Avec la S, on obtient également des freins avants encore plus sophistiqués, empruntés à la Panigale, des phares à DEL avec faisceau directionnel, un tableau de bord à écran couleur TFT et le système multimédia Ducati avec connectivité Bluetooth.

Côté accessoires, on peut notamment ajouter des valises comme celles qu’on voit sur les photos (capacité totale de 58 litres, 1126,20 $) ou une béquille centrale (310,27 $). Ducati offre également des groupes d’accessoires prévus en fonction d’un usage sport, tourisme, urbain ou enduro. Notre conseil : si vous êtes intéressé par une Multistrada, allez-y pour la S. À lui seul, le système de suspension électronique vaut le coût supplémentaire.

La Multistrada 1200 est une moto remarquable, mais peut-elle réellement remplacer quatre machines comme l’affirme Ducati? Pour le côté sportif, pas de doute. Pour le tourisme et les déplacements urbains, le système de distribution variable l’a rendue plus conviviale que jamais. En ce qui concerne l’enduro (ou le côté plus extrême du tourisme d’aventure), elle sera limitée par ses garde-boue serrés qui ne permettent pas d’installer des pneus à crampons. Mais pour les aventures de tous les jours, elle est prête à livrer la marchandise et elle vous permettra certainement d’aller clencher sur les routes de gravier. Une note de trois et demi sur quatre, voilà qui est bien…! La Multistrada 1200 est une très, très bonne machine.

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