Les mythes de la route du Labrador

Par Moto JournalPublié le

Dans le but de faire le point sur deux mythes concernant la route du Labrador, je quitte Gatineau sous la pluie, sur mon fidèle Road King. Après de nombreuses heures de route, je suis soulagé d’apercevoir le motel-restaurant-station d’essence de Manic 5. J’y rencontre quelques motocyclistes, tous sur des doubles usages BMW. Le chrome de l’américaine détonne avec les éclaboussures de boue des allemandes.

Une nuit de sommeil, un déjeuner copieux, un plein d’essence, un sandwich pour la route, et je suis prêt à entreprendre la partie « aventure » du périple. La route vers Fermont est parfois très sinueuse, parfois très étroite, mais la surface de gravier est très carrossable sur presque la totalité du trajet.

Je m’arrête en chemin, lorsque je « sens » sa présence. L’ours vient chercher mon offrande, le sandwich du matin. Je fais alors serment de ne jamais révéler l’endroit exact, mais disons que Janique (La mythique route du Labrador, février 2011) n’était pas très loin quand elle s’est arrêtée, dans le secteur de Gagnon. Sont-ce mes incantations avec un chaman de Maniwaki qui ont envoûté le grand ursidé? Est-ce le chant de sirène du klaxon Harley-Davidson? Ou les deux? Je ne le saurai jamais. Toutefois, une chose est sûre : le premier mythe n’en est pas un!

L’hôtel Fermont est une expérience en soi, et la piscine municipale fait du bien aux muscles qui ont besoin de se dégourdir. Tout est dans le mur : hôtel, piscine, sauna, salle d’exercice, bibliothèque municipale avec accès Internet, épicerie, SAQ, bar, etc. Bref, c’est la grande vie. Une nuit dans le mur est un impératif pour tout nomade en quête d’originalité.

À Churchill Falls, ma moto est sale comme ça ne se peut pas, mais elle a quand même fière allure à côté des GS! Dans cette ville,
mieux vaut réserver à l’avance au Midway Hotel. L’alternative, le Black Spruce Lodge, fait dans le très rustique, quoique l’essentiel y est : douche chaude et lit.

Jusqu’en 2010, la phase 3 de la route du Labrador n’était pas ouverte. Un traversier faisait alors la navette entre Goose Bay et Cartwright en une douzaine d’heures. Après une nuit de sommeil sur le traversier, je quitte Cartwright pour me rendre tout près de Blanc-Sablon. Sur les 400 kilomètres de gravier, 200 sont en parfaite condition, mais les derniers 200, c’est l’enfer : épais gravier, sable, planche à laver, et parfois les 3 en même temps. Les nuages de poussière créés par les camions-remorques sont énormes et tenaces. C’est un bonheur de retrouver le pavé entre Red Bay et Blanc-Sablon. Le paysage y est à couper le souffle! Malgré tout, si la route du Labrador est un lieu de pèlerinage pour les propriétaires de double usage BMW, elle se fait très bien sur une moto plus conventionnelle, avec un peu d’expérience sur route en gravier.

Au sujet de l’isolement de cette route, sur les 550 kilomètres qui séparent Labrador City de Happy Valley — Goose Bay, je n’ai jamais roulé plus de 15 minutes sans rencontrer un autre véhicule. Avec le début, cette année, de la construction d’un nouveau barrage hydroélectrique dans la région, parions que l’isolement déjà relatif va aller en décroissant. Le deuxième mythe est donc faux.

Si la 389 est le trésor caché du Québec, la 138 entre Blanc-Sablon et Vieux-Fort est une perle exceptionnelle. Un paysage unique au Québec et des courbes à arracher les repose-pieds. Une soixantaine de kilomètres de bitume en très bon état, et une dizaine en gravier. Au bout de la route, un petit terminal maritime et un parc. L’endroit demande à ce qu’on prenne le temps de s’y assoir pour contempler l’eau du golfe Saint-Laurent, respirer l’air salin, écouter le cri des mouettes et le vacarme des vagues, laisser le vent nous fouetter le visage, bref, savourer pleinement le moment présent. Divin.

Merci!

Daniel Bolduc
Val-des-Monts

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