Un nouveau départ pour Husqvarna

Par James NixonPublié le

La compagnie Husqvarna est détenue par Cross Industries et Bajaj Auto (un fabricant indien de véhicules à deux et trois roues). Ces noms ne vous disent probablement rien, mais vous connaissez sans doute certaines de leurs marques : Wethje (composantes en carbone), Pankl Racing Systems, WP (suspension et pièces hautes performances) et, surtout, KTM.

KTM est une marque forte dans plusieurs disciplines hors-route. Alors, quand ses propriétaires ont décidé d’acheter Husqvarna à BMW au début de 2013, les observateurs se sont gratté la tête : pourquoi ajouter une deuxième marque de machines hors-route? Certains ont émis l’hypothèse que c’était pour absorber un compétiteur. Dans le cadre d’un événement destiné aux journalistes, Florian Burguet, le directeur général de Husqvarna Canada (et qui occupe le même poste chez KTM Canada), explique que c’est simplement parce que la société mère voulait accroître sa diversification. 

Après l’achat, on a mis au défi des ingénieurs de KTM de produire des machines de route exceptionnelles. Ils ont pointé leurs KTM du doigt et ils ont répondu : c’est déjà fait…! Pas surprenant, donc, que les modèles actuels de KTM et de Husky soient passablement semblables (bien qu’Husqvarna ait maintenant son propre groupe de designers et d’ingénieurs). Mais comment parler de diversification si les produits se ressemblent tellement? Qu’est-ce qu’on retrouve sur une Husky qu’on ne retrouve pas sur une KTM? Burguet répond qu’un jour, il faudra opter pour une marque ou pour l’autre pour avoir un type de modèle en particulier. « Mais pour l’instant, poursuit-il, ce qui différencie les marques, c’est l’approche de base. KTM est entièrement centrée sur la performance, sur le fait de monter sur la première marche du podium. Husqvarna est plutôt centrée sur le plaisir de la conduite. Bien sûr, on veut gagner, mais si on finit troisième et qu’on a fait une bonne course avec des compétiteurs fair-play, on est content de notre journée. Autrement dit, la marque Husqvarna sera plus orientée vers le mode de vie, la liberté, l’expérience de conduite, et moins vers les résultats. »

Dans le cours de son histoire, Husqvarna a enregistré de solides résultats en compétition hors-route avec des titres à l’échelle régionale, nationale et mondiale, particulièrement dans les années 1970. Les jeunes de l’époque étaient en pâmoison devant la Husky rouge et chrome de Steve McQueen dans le film On Any Sunday. Cet héritage historique contribuera certainement à attirer des acheteurs, mais est-ce que cela sera suffisant? « Les gens qui ont bien connu la marque et roulé en Husqvarna commencent à prendre de l’âge, confirme Burguet, mais il est également vrai que pour eux, il s’agit encore d’une marque très forte. » En ce qui concerne les jeunes et les nouveaux acheteurs, « il faut les attirer avec le produit lui-même. Pour eux, l’héritage historique ne suffit pas. Pour commencer, nous allons donc miser sur un produit extrêmement solide combiné à une image de marque forte. Husqvarna compte parmi les noms les plus réputés en hors-route. Cela nous ouvre des perspectives intéressantes non seulement pour l’immédiat, mais également pour l’avenir. » 

Si Husqvarna a tant de potentiel, pourquoi BMW l’a-t-elle vendue? Selon Heiner Faust, le directeur des ventes et du marketing de BMW Motorrad, c’était d’abord une question de timing. « Ce n’est pas une décision que nous avons prise du jour au lendemain, explique-t-il. Quand nous avons acheté Husqvarna, en 2008, c’était une bonne idée parce qu’il y avait beaucoup de jeunes actifs dans les segments motocross et sport-enduro. Puis la crise est arrivée et ce marché a fondu de 50, 60, et même 70 %. On ne voyait pas la lumière au bout du tunnel. Or, il y a un point à partir duquel on doit décider d’arrêter d’enregistrer des pertes, et pour nous ce point est arrivé à la fin de 2012. » Depuis, toutefois, ce segment de marché connaît un redressement. Est-ce que BMW a quand même bien fait de vendre Husqvarna? « Oui, répond Faust, parce qu’entre-temps, nous avons adopté une stratégie différente, plus axée sur le segment routier.

Husqvarna a toujours mis l’accent sur les machines hors-route. Sa gamme actuelle comprend des motocross à moteur deux-temps (TC 85, 125 et 250) et quatre-temps (FC 250, 350 et 450). Côté enduro, on trouve les TE 125, 250 et 300, et les FE 250, 350 et 501. Le préfixe T (Two-stroke) identifie les deux-temps et le F (Four-stroke) identifie les quatre-temps. Pour 2015, Husqvarna présente deux modèles double-usage, les FE 350 S et FE 501 S. Est-ce que la firme poursuivra cette incursion du côté des machines légales pour la route? « À court terme, répond Burguet, nous allons continuer à miser principalement sur les machines de compétition hors-route. Par contre, nous sommes persuadés que nos double-usages se vendront bien au Canada, et je ne serais pas surpris de voir apparaître d’autres modèles. »

Malgré les éléments positifs, certains obstacles demeurent. Le principal problème d’Husqvarna au Canada est son réseau de concessionnaires (16 en tout en Colombie-Britannique et en Alberta, mais seulement trois au Québec, deux en Ontario et deux dans les Maritimes. On entend dire entre les branches qu’il y a des projets d’expansion à cet égard, ce qui serait une bonne nouvelle pour les amateurs de Husky du pays.

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