Archives – Tout sur le poids – Deuxième partie

Par Michel Garneau Publié le

*Archives – Cet article est tiré du magazine numérique Janvier / Février 2022 de Moto Journal.

Cliquez ici pour lire la première partie.

Comme vous l’avez sûrement déduit de notre dernière chronique, le poids, dans le contexte de son effet sur le comportement d’une moto, n’est pas un élément simple et unidimensionnel. Au contraire, bien loin de la liste figurant sur la brochure ou le site Web, le poids a de multiples facettes et celles-ci, individuellement et à l’unisson, sont responsables de la manière dont votre moto interagit avec vous et le monde extérieur.  Sans plus attendre, donc…

Statique ou rotatif ?

La dimension du poids d’une moto peut également être examinée sous le critère de la rotation, plus précisément si la masse examinée tourne ou non. Comme son nom l’indique, le poids statique ne tourne pas autour d’un axe, contrairement au poids rotatif. En termes simples, l’effet du poids statique est constant, c’est-à-dire qu’il ne change pas en fonction de la vitesse puisque sa vitesse (relative) est fixée à zéro. Le poids rotatif, en revanche, a besoin d’énergie pour accélérer et rester en mouvement. L’un des exemples les plus simples et les plus familiers de ce dernier est la roue d’un vélo stationnaire, ou plutôt l’effort nécessaire pour l’accélérer et la maintenir en mouvement à une vitesse constante. Il est impossible d’établir une comparaison directe ou de créer une relation concrète entre les effets du poids statique et du poids rotatif, malgré les « règles » souvent répétées selon lesquelles X livres de poids rotatif sont égales (en termes d’effet) à Y livres de poids statique (1 à 7 étant un exemple courant, bien qu’inexact). En fait, la répartition du poids par rapport à son centre de rotation a un impact énorme sur son effet; plus il est positionné loin du centre de rotation, plus son impact augmente.

Introduit en 1983, le moteur bicylindre refroidi par air de la Suzuki GR650 était doté d’un volant-moteur innovateur à deux étages, conçu pour amortir les vibrations et faciliter les démarrages à bas régime, tout en optimisant la nervosité à haut régime. Pour ce faire, un embrayage centrifuge a été utilisé pour désengager un volant secondaire au-dessus de 3 000 tr/min, ce qui permet de réduire efficacement la masse du volant. En d’autres termes, le poids du volant-moteur secondaire est passé d’un poids rotatif à un poids statique. Crédit photo: Jürgen Ihle.
Les jantes en fibre de carbone transforment le comportement de la plupart des motos sur lesquelles elles sont montées. Si les nouveaux développements métallurgiques, ainsi que les techniques d’usinage et de moulage, ont permis de réduire sensiblement la différence de poids entre les jantes en alliage (aluminium et magnésium) et les jantes en carbone, ces dernières restent une valeur sûre pour accélérer la réponse de la direction, ainsi que l’accélération et la décélération de la moto, par rapport aux meilleures jantes en alliage, car les jantes en carbone ont une répartition du poids plus optimale (c’est-à-dire moins de masse à distance éloignée de l’axe).

Centre de gravité

En termes simples, le centre de gravité est le point hypothétique autour duquel la force de gravité semble agir sur un objet ou un corps. Concrètement, l’emplacement de ce point hypothétique affecte de manière significative la perception du poids de la moto par le conducteur. Un centre de gravité élevé donne une impression de lourdeur et peut entraîner une tendance à « tomber » dans les virages à basse vitesse, par exemple. Il n’est pas surprenant qu’une moto dont le centre de gravité est bas soit relativement stable dans des conditions similaires. Il ne faut cependant pas croire que plus bas c’est toujours mieux. Un centre de gravité plus élevé a tendance à générer un transfert de poids plus important au freinage par exemple, ce qui contribue à charger davantage le pneu avant, à améliorer le mordant du train avant et à réduire les distances de freinage. De même, l’effet de tomber qui peut sembler menaçant à basse vitesse diminue à mesure que la vitesse augmente et ce qui reste de cet effet peut en fait aider une moto à amorcer un virage plus rapidement.

Selon la rumeur, les premiers prototypes de la Yamaha YZR-M1 2004 testés par Valentino Rossi (après son arrivée de Honda) souffraient de performances de freinage sous-optimales, un problème qui était apparemment dû à un centre de gravité trop bas. Des modifications ont été apportées, le châssis a été redessiné et Rossi a remporté le championnat MotoGP en 2004.

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