Archives – La Kawasaki KLR – Mon aventure avec une légende

Par Textes et photos par Patrick Trahan Publié le

*Cet article est tiré du Vol. 50 No. 3 du magazine numérique Moto Journal.

L’introduction d’une nouvelle mouture 2021 de la Kawasaki KLR a fait remonter de beaux souvenirs. Ça m’a donné envie de partager avec vous ce que j’ai vécu avec cette moto « légendaire » du monde de l’aventure.

Tout a commencé il y a des lunes, en 1982, alors que j’avais 15 ans (j’en ai 53 maintenant). Je regardais un reportage sur le rallye Paris Dakar et, instantanément, j’ai été piqué par la magie des dunes… et de la moto. Voilà! Mon rêve est né, participer au rallye Paris Dakar!

À cette époque, je ne faisais pas partie de ceux qui roulaient à moto depuis leur tout jeune âge. J’étais plutôt de ceux qui n’avaient encore jamais conduit de moto, même si quelque chose vibrait en moi chaque fois que j’en voyais une. Mais le rêve avait déjà germé dans ma tête, il devait devenir réalité. Et ce rêve n’était pas de faire de la moto, mais plutôt celui de participer au Paris Dakar à moto, ce qui n’est pas du tout la même chose.

Je sais, je sais, la KLR!!! J’y arrive… tantôt.

Un jour, en allant chercher de l’huile à tondeuse dans un magasin qui vendait des produits Lawn Boy, je tombe sur une affiche du Paris Dakar dans le bureau du vendeur. Cette affiche était la représentation parfaite de mes rêves. Je regardais l’affiche et me voyais à la place du gars qui conduisait une moto dans le sable. J’ai su plus tard que le gars était le pilote légendaire Gaston Rahier et sa moto, une grosse DR800 aux couleurs de Malboro. Cette affiche, je l’ai trainée partout, dans ma résidence à l’université, dans mon premier appartement et… devinez si je l’ai encore?

Bon, pour ce qui est de la KLR… Ça s’en vient.

En 1998, j’avais 30 ans. J’avais assez visionné de vidéos cassettes BETA des rallyes précédents et assez rêvé de participer au Paris Dakar. C’était le temps où jamais de m’inscrire à mon premier rallye en remplissant un des formulaires de participation de différents rallyes que j’avais déjà commandés, bien sûr. Mon choix s’était arrêté sur le Rallye de l’Atlas au Maroc, car il ressemblait au Dakar mais en plus court. C’était parti!

Bon, tout ce qui me restait à faire était de me procurer une moto de rallye pour pouvoir commencer à rouler avec. Fallait ben que je commence la moto à un moment donné, d’une façon ou d’une autre! Ceci même si je n’avais pas encore mon permis.

Je me pointe donc chez le concessionnaire Ottawa Goodtime Centre. Le vendeur m’accueille et me demande ce que je veux. Je lui montre mon affiche et lui dis « une comme celle-là ». Le vendeur a vraiment rigolé, mais il s’est arrêté net quand il a vu que j’étais sérieux. Il s’est repris en me répondant qu’il n’en avait pas, puis en me demandant ce que je cherchais vraiment. J’ai donc demandé d’une autre façon et lui ai dit que je voulais une moto de rallye pour aller au Maroc.

Les yeux qu’a faits le vendeur…. Je m’en souviendrai toujours… Je ne comprenais pas. Des motos pour rouler au Paris Dakar? Je croyais qu’on trouvait ça dans tout bon magasin de motos. Tsé un gars qui connait pas ça. Le vendeur, se retenant de rire, insistait : « C’est pour quoi faire cette “moto de rallye” »? Et moi, encore, de lui dire que je voulais participer au Paris Dakar, mais qu’avant, bientôt, j’allais au Maroc. Je venais de faire sa journée. Pour bien comprendre, il m’a demandé si j’avais déjà participé à des rallyes. Il était inquiet de ce que j’allais donner comme réponse, mais ne s’attendait certainement pas à ça. En effet, tout bonnement, je lui ai répondu que je n’avais jamais participé à un rallye, que je n’avais jamais fait de moto tout court. Il a failli s’évanouir le pauvre monsieur. Puis, il m’a un peu traité de fou.

Ça y est! Nous y sommes! Ce que vous attendiez.

J’attendais les conseils du vendeur. Un petit regard autour de moi et j’aperçois, dans la salle de montre, une KLR 1998 « flambette »… d’un beau vert armée bizarre! Je suis conquis. Je lui demande : celle-là, c’est une moto de rallye? Je lui trouvais une belle ressemblance avec la moto sur mon affiche, gros réservoir, carénage « fairing », crampons… Ça devait être une moto de rallye. Il m’a rassuré que non, mais je ne le croyais pas. Après tout, me disais-je, il ne connait pas plus le rallye que moi!

Rendu là, le vendeur commençait vraiment à me traiter de fou… et d’inconscient. Faire ce genre de rallye demandait des années d’expérience et des bras gros comme des troncs d’arbre… Ce que je n’avais pas , je vous l’assure. De toute façon, je n’écoutais pas, personne n’était pour m’arrêter dans l’accomplissement de mon rêve. Je ne faisais que regarder la belle KLR et m’imaginer dans les dunes avec… Coup de foudre!

Les lèvres du vendeur bougeaient, je n’entendais rien, j’étais plongé dans mon rêve qui prenait forme. J’interromps son sermon en lui demandant : combien pour la KLR? Ignorant ma demande, il me répétait qu’elle n’était pas faite pour les rallyes et qu’avec elle, je me blesserais. Il a fallu que je le supplie… pour qu’il me la vende. Ce qu’il a fait. Je suis devenu propriétaire d’une belle KLR 650 1998. Plus je la regardais, plus elle avait des allures de rallyes. Maintenant je devais apprendre à rouler à moto, car le départ était dans quatre mois!

La première fois que j’ai roulé, j’ai fait un wisky throttle dans la maison. En d’autres mots, j’ai perdu le contrôle et la maison m’a arrêté. Mais moi, ça ne m’a pas arrêté. J’ai ensuite été rouler dans les chemins de gravelle. Ne l’oublions pas, je n’ai toujours pas mon permis! C’est là que WOW! Le son de la KLR (le ti-oiseau… pour les proprios de KLR) m’a envahi. Je me suis senti aller vite même si je roulais à peine à 80 km/h. Je me trouve bon. Assez bon pour participer à un rallye. Je me vois déjà surfer les dunes au guidon de ma KLR.

Vous commencez probablement à me connaître pour deviner ce qui s’en vient… ou pas. J’ai envoyé la KLR dans une caisse après un maigre 200 km de rodage. Le concessionnaire m’avait appelé pour vérifier si j’avais fait le rodage de 1000 km. Je lui ai répondu oui, même si je croyais qu’en fait, il m’appelait pour savoir si j’étais déjà à l’hôpital. Pour être adaptée à un rallye, ma KLR avait des pneus à crampons, une plaque de protection (skidplate), des protège-mains (handguards) alors que j’avais enlevé les clignotants et les pédales (pegs) de passager. Je ne savais pas trop quoi faire d’autre, elle était parfaite… selon moi.

Je me suis retrouvé au départ, quatre mois plus tard. Les Français étaient étonnés de voir un Canadien, il n’y en avait jamais eu en rallye raid moto. Ils étaient encore plus étonnés de me voir avec un trail, moto double usage. Certains m’ont même demandé où était ma moto de course, pendant que j’étais assis sur ma KLR!!! L’insulte!

Bon, en attendant, sur la ligne de départ, j’ai finalement fini par douter… Tant pis! Et j’ai pris le départ. J’ai roulé, 5 km. Puis, oups, j’ai failli rentrer la KLR dans un olivier. J’avais oublié de m’entraîner à freiner d’urgence. Imaginez l’état de la pauvre KLR après le rallye. Il manquait le silencieux (muffler), la pédale gauche, le frein arrière, plus de carénage, plus de pédale d’embrayage de vitesse (shifter) et plus de démarreur. Mais elle tournait toujours, comme une horloge… sauf que sans silencieux, elle était assez bruyante. En passant, je n’ai jamais pu surfer les dunes. J’ai fait 10 mètres avant de me prendre pendant une heure. Les organisateurs m’ont proposé un chemin pour éviter les dunes, que j’ai accepté à reculons. Je n’avais pas le choix. Ma formation sur les dunes n’arrivera que six ans après!!!

Vers la fin du rallye, la procédure de démarrage et mise en route de ma KLR était la suivante : n’ayant pas de démarreur, je devais la pousser; n’ayant pas de pédale gauche, je devais me mettre à plat-ventre sur la selle, n’ayant pas de pédale d’embrayage, je devais tirer sur les pinces (Vise-Grip). Finalement, moi et ma KLR, on a réussi à terminer le rallye… avant-dernier. J’ai même gagné un trophée pour mon courage. Moi, ce que je crois, c’est que ma KLR y est pour beaucoup. Malgré les pièces cassées et les dizaines de chutes à chaque jour, elle a tenu le coup.

On peut dire ce qu’on voudra de la KLR, elle est faite solide et ne vous abandonnera pas si facilement! Cette histoire est pour vous expliquer que la KLR fait partie de mon histoire, mais aussi de celle de la moto aventure au Canada. Elle en est même le personnage principal. Longue vie à la KLR! Je souhaite qu’elle vous amène vers des aventures incroyables comme elle l’a fait pour moi en 1998 au Maroc.

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