Pilotage side-car ou trois-roues?

PAR Texte et photos par François Cominardi Posted on

Un monde de différence…

Les trois-roues sont redevenus à la mode. Side-car ou Spyder, le principe est le même. Un guidon, une selle, les deux pieds sur les appuie-pieds comme sur une moto. Et une troisième roue qui vient stabiliser le véhicule. Avantage : stabilité; désavantage : ça ne penche pas dans les virages. Mais entre les deux, il y a toute une différence pour piloter ces tricycles. Nous allons nous pencher sur les origines, la dynamique, la géométrie, et enfin sur le pilotage de ces véhicules.

Éliminons le débat : le trois-roues est-il une moto? Quelle importance? Vous ne jurez que par les motos deux roues? Pas de problème, restez sur deux roues. Il faut un guide complet de plusieurs pages pour présenter toutes les motos communément appelées bicycles, ou en bon québécois, bécyk. Choisissez-celle que vous aimez. Le débat est clos.

Faites-vous un signe avec les doigts en V aux trois-roues? Pas grave. Depuis que j’ai vu un gars sur sa tondeuse tractée faire le signe à un Spyder, je sais qu’ils ne se sentiront jamais rejetés ou seuls sur la route!

ORIGINES DU SIDE-CAR
Passons aux choses sérieuses. D’où vient le side-car et pourquoi? Je ne vais pas vous faire un cours d’histoire. Les motos étaient moins onéreuses que les voitures et rajouter un panier (nom souvent utilisé) était une solution économique pour transporter bagages ou passagers. Cela a été très populaire en Europe pendant les deux guerres mondiales. L’armée allemande avec ses BMW attelées a laissé une grande trace dans l’imaginaire. D’ailleurs, la marque russe URAL vendue au Canada est au départ une copie soviétique de ces véhicules iconiques.

En Amérique du Nord, le side-car fut moins populaire. L’arrivée de la Ford T dès 1908 a démocratisé la voiture de grande série abordable. Pourquoi acheter un side-car quand une voiture plus spacieuse ne coûtait pas plus cher?

ORIGINES DU SPYDER

Le trois-roues a été un pari audacieux de la société québécoise BRP, mené par Charles Bombardier, le petit fils de Joseph-Armand, créateur du Ski-Doo. Le Spyder est un Ski-Doo sur roues, avec la même architecture : deux points d’appui à l’avant, un à l’arrière. Nombreux dans l’industrie le vouaient au fiasco. Il a pris sa place sur le marché, grâce à une évolution soutenue des versions, en allant chercher une clientèle spécifique qui ne roulait plus en moto. Ces clients avaient roulé auparavant sur deux-roues mais voulaient passer à autre chose. Des femmes de petite taille pouvaient également rouler sans appréhension pour poser les pieds par terre. Sorti en 2008, le Spyder a conquis son marché et s’est diversifié dans le sport, le tourisme et le tout- chemin avec le Ryker.

LA DIFFÉRENCE DE CONDUITE ENTRE LES DEUX

Conduire un side-car ou un Spyder, c’est le jour et la nuit! Il faut le savoir avant de vouloir posséder ou même essayer un side-car. De manière statique et géométrique, on va se dire la vérité : un trois-roues n’est pas stable. C’est un triangle. Il y a toujours une des trois roues qui veut partir en l’air au moindre changement de cap. Le side-car est asymétrique (ce qui n’a rien à voir avec asymptomatique). Les roues avant et arrière sont sur le même axe et la roue du panier se balade entre les deux.

CONDUITE DU SIDE-CAR

Il  est  impératif  d’essayer  un  side-car  dans  un  stationnement  pour  maîtriser  la bête. À l’accélération, il faut fermement maintenir le guidon et lui montrer la route. Attention, première surprise : dans un virage à droite, le panier veut se lever. Le premier réflexe est de freiner de l’avant. Erreur! Au freinage, le panier va se reposer par terre, mais la force centrifuge va attirer le véhicule sur la gauche. C’est la sortie de route assurée!

La bonne pratique consiste à accélérer constamment dans la courbe à droite. La roue arrière motrice permet de choisir sa direction, et combat la force centrifuge. Si le panier se lève, une accélération légère va le rabaisser. Cela implique qu’il ne faut pas rentrer trop vite à droite, pour pouvoir accélérer en confiance. N’hésitez pas à rétrograder une vitesse pour améliorer la réponse du moteur. Un passager va alourdir le panier et l’empêcher de monter dans les airs. Une alternative quand le panier se lève est de freiner du frein arrière uniquement.

Dans les courbes à gauche, c’est l’inverse. Freinez ou rétrogradez et l’ensemble va s’engager à gauche, en piquant du nez. Si vous accélérez franchement dans la courbe, la force centripète va vous attirer dans le fossé droit. Une décélération vous remettra dans le droit chemin.

Coupler le freinage du side avec le frein avant permet de rester plus en ligne en cas de freinage d’urgence.

Cela vous fait peur? Non, au contraire. Si vous aimez piloter, diriger votre véhicule, vous allez être comblé. Une fois le principe compris et l’expérience acquise, le side-car est un véhicule qui vous fait vivre la route. Pas besoin de pencher pour avoir du fun!

Les side-cars traditionnels ne possèdent aucune aide électronique à la conduite.

Rassurons les futurs propriétaires de side-car Ural, le différentiel et le répartiteur de couple lié aux deux roues motrices diminuent les effets secondaires.

CONDUITE DU SPYDER

Le  Spyder  est  plus  civilisé.  À  l’inverse  du  side-car,  il  est  bardé d’électronique pour garder les trois roues au sol. Il possède un système de contrôle de la stabilité, un antipatinage, l’ABS et la servodirection dynamique.

Conséquence : dès que le système détecte le décrochage d’une roue, il met tous les systèmes en alerte. Une roue peut être freinée ou l’arrivée d’essence régulée pour éviter le renversement. C’est très sécuritaire et parfait pour randonner sur route ou autoroute aux vitesses permises. Et c’est ce que recherchent la majorité des utilisateurs de trois-roues BRP. Il n’y a que les rebelles, les détracteurs ou les essayeurs qui essayent de le pousser dans ses derniers retranchements. Comme je fais partie d’une des trois catégories citées (mais laquelle?), j’ai poussé un Spyder RSS dans le mode sportif sur l’Autodrome de Saint-Eustache (paix à son âme). Pour l’occasion, la grande ligne droite du retour avait été pourvue d’une chicane gauche droite, afin de ralentir les trois roues avant d’aborder la parabolique devant les tribunes.

J’accélérais franchement avec le passage du rapport supérieur en limite de zone rouge. Ma vitesse la plus élevée lue sur le compteur a été 188 km/h. À l’approche de la chicane gauche, je freinais le plus tard possible, tout en tournant un peu la poignée de gaz pour garder de l’accélération en virage. Ne faites pas ça à la maison, c’est une technique de pilotage en rallye automobile.

Le freinage couplé aux trois roues est très efficace et il y a plus de surfaces de pneus en contact avec le sol qu’une moto. Miracle, l’accélération permettait d’aborder la gauche de façon sportive. Mais le Can-Am reprenait les commandes à l’approche du virage droit. Tous ses sens se mettaient en éveil, pour freiner les roues et étrangler l’arrivée d’essence, sans mon consentement.

Je passais la courbe sur un filet de gaz malgré la poignée ouverte en grand. Dès que la route devenait droite, le système intelligent me donnait l’autorisation de récupérer l’accélération.

Cet essai rebelle me permet de vous dire qu’il est très difficile de faire capoter un Spyder sur l’asphalte. Attention aux chemins de gravelle, au sable, à la neige, à toutes les surfaces qui vont affoler les systèmes de stabilité et les mettre en service minimum.

Quand on est motocycliste et que l’on enfourche un Spyder, le plus dur est de s’habituer à l’absence de manettes extérieures. Il n’y a pas de levier d’embrayage ou de frein avant, pas de sélecteur de vitesse au pied gauche. Juste une poignée d’accélération et une pédale de frein au pied droit, qui commande les trois roues, associée à un répartiteur de freinage.

Les vitesses se passent avec un bouton à la main gauche, et elles rétrogradent automatiquement. C’est déroutant au début, mais simple pour un novice. D’ailleurs, le permis spécial trois-roues 6 E se passe en une journée. Moitié théorique, moitié pratique. L’attestation arrive très rapidement. C’est un avantage par rapport à la durée et au prix d’obtention d’un permis moto 6A qui est nécessaire pour la conduite d’un side-car.

Alors? Side-car ou Spyder? L’Ural est le side-car le plus connu au Québec. Il est propulsé par un moteur boxer sympathique et attachant. Il ne battra pas des records de vitesse, mais il préservera vos points de permis de conduire. Préférez les petites routes aux autoroutes. La version deux roues motrices est étonnante pour une utilisation tous chemins ou hors route modérée. Il est autant regardé qu’une Lamborghini et il permet de ressentir de vraies sensations de pilotage.

Le Spyder est idéal pour les personnes qui veulent profiter de la position moto pour se promener, même s’ils ne sont pas à l’aise avec la stabilité d’une moto. Une communauté nombreuse permet de se déplacer à plusieurs et d’élargir son réseau social. Le Ryker à prix étudié attire une clientèle plus jeune ou féminine, séduite par l’esthétique et le côté ludique du véhicule.

Pilotage attentionné requis ou tranquillité d’esprit assistée par ordinateur? Faites votre choix!

*Article tiré du Vol. 50 No. 1 de Moto Journal. Vous aimez ce contenu? Abonnez-vous au magazine numérique Moto Journal.

ARTICLES LES PLUS RÉCENTS



Archives – Essai Moto Journal – KTM 890 Duke 2021


Aviator Ace 2 et Twist 3 : les nouveaux casques incontournables d’AIROH pour le tout-terrain


Mitas se prépare à parcourir les pistes de speedway 2024 avec SPEEDWAY, son pneu le plus avancé à ce jour


Harley-Davidson lance les collections de motos Icons et Enthusiast 2024


L’aventure vous attend : Honda met à jour sa gamme de motocyclettes canadiennes d’exception


Muc-Off maintenant distribué par Parts Canada

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *