Virée estivale à moto dans les maritimes

Par Zac Kurylyk Publié le

Parfois, il faut absolument sortir de chez soi. Mon cousin Glen et moi avions envie d’aller voir ce qui se passait dans le reste du monde et de découvrir de nouvelles routes.

Comme d’habitude, la vie a fait en sorte que nous n’avons pas pu suivre le plan original, et nous avons pu décoller seulement après souper le samedi pour cette fin de semaine de trois jours. Cela nous a tout de même laissé assez de temps pour rouler sur nos routes habituelles du sud du Nouveau-Brunswick : péninsule de Kingston, traversée de la rivière Kennebecasis, tourbière de Canaan et arrivée au détroit de Northumberland au coucher de soleil. Une première journée écourtée mais reposante avec un mélange de routes secondaires et de routes forestières en gravier.

Nous sommes arrivés chez ma sœur sans incident, sauf si on compte le gars bizarre en pickup qui nous photographiait quand nous avons fait le plein à une station-service près de Bouctouche.

On entend souvent dire que la pratique du motocyclisme est idéale pour maintenir une distanciation sociale, mais nous avions tout de même l’impression d’être dans la foule le jour suivant. Nous étions en plein trafic en longeant le détroit de Northumberland via Grand-Digue, Shediac et Beaubassin-Est. Glen n’appréciait pas trop. C’est lui qui roulait devant au guidon de la Yamaha WR250R que je lui avais prêtée (sa BMW était immobilisée pour cause de problème de freins). Quand il en a eu marre de rouler sur une 250 entre des maisons mobiles et des camions, il a jeté un coup d’œil rapide sur Google Maps et trouvé une petite route secondaire qui menait jusqu’en Nouvelle-Écosse.

Peu de temps après, c’était à mon tour de ne plus trop m’amuser. Pas de problème pour ma DR650 quand l’asphalte a cédé sa place au gravier, mais ensuite la route s’est transformée en sentier plus ou moins praticable. Avec le soleil qui tapait et le mercure qui avoisinait les 30°, j’ai commencé à me demander si c’était une bonne idée d’avoir choisi ma veste Aerostich en coton ciré.

Toutefois, comme le sait tout motocycliste mâle un peu trop orgueilleux, il n’y a rien de plus humiliant que de rebrousser chemin simplement parce que la route commence à être un peu difficile… Et si on met deux gars comme ça ensemble, c’est sûr que le demi-tour est hors de question! La solution : utiliser la Suzuki comme bulldozer pour foncer dans les broussailles.

Une fois sortis du pétrin, nous avions tous deux hâte d’arriver enfin en Nouvelle-Écosse, mais nous nous demandions comment se passerait le passage de la frontière. Vérification de notre température corporelle? Par voie anale? Une inspection de nos papiers façon Gestapo?

Une fois sur place, nous avons aperçu deux agents de la GRC qui regardaient nonchalamment passer les autos vers le Nouveau-Brunswick, mais personne ne semblait trop préoccupé par notre arrivée en Nouvelle-Écosse; nous n’avons vu aucun gardien. En roulant sur les petites routes en direction de Tatamagouche, il y avait beaucoup de trafic et plein de gens qui se baladaient autour de leur chalet.

Notre plan initial était de poursuivre vers l’est le long de la côte puis de prendre le traversier pour l’Île-du-Prince-Édouard, mais nous avons plutôt décidé de prendre des petites routes du comté de Chignecto pour remonter jusqu’au Nouveau-Brunswick, puis nous avons pris le Pont de la Confédération pour traverser à l’Île-du-Prince-Édouard.

Je pense que la douce brise marine du traversier aurait été une excellente façon de prendre une pause au milieu d’une longue journée de randonnée au soleil cuisant. Mais bon, cela nous a au moins permis de découvrir de nouvelles routes sinueuses et sans trafic. Le truc, en Nouvelle-Écosse, c’est d’éviter les vignobles et les plages. Les hipsters et les yuppies ne sont pas intéressés par les routes qui serpentent dans la forêt si elles ne mènent pas à une baignade ou à un verre de vin, alors nous avons pu rouler aussi vite que nous voulions, et nous avons eu seulement une maison mobile à dépasser.

À l’entrée de l’Île-du-Prince-Édouard, les contrôles frontaliers étaient plus stricts qu’en Nouvelle- Écosse. Nous avons dû présenter différents papiers au gardien et il nous a posé des questions sur nos liens familiaux avec les gens de l’Île. Glen et moi avons passé le test et nous avons repris la route dans une nouvelle région.

Sur l’Île-du-Prince-Édouard, la situation ressemblait plus à celle du Nouveau-Brunswick : partout où nous arrêtions, les gens voulaient nous saluer.

Quant aux routes, elles étaient super. C’est toujours agréable de rouler sur l’Île-du-Prince-Édouard, mais à la fin de l’été, la combinaison de couleurs est imbattable : verdure abondante, champs blancs ou prêts à récolter, terre rouge et océan bleu. Même si Glen et moi avons été élevés ici, nous avons quand même réussi à nous égarer… mais c’était pour le mieux. Après avoir emprunté un chemin fermier argileux, nous avons rejoint la bonne vieille route 13 et nous sommes vite arrivés à North Rustico pour nous installer sur la propriété familiale. Par la fenêtre, on voyait la plage avec les canaux et les bancs de sable où nous nous sommes si souvent baignés; la pandémie nous semblait alors bien lointaine.

Le lundi matin, il fallait partir tôt pour parcourir la longue route du retour à la maison, tout en découvrant de nouveaux paysages. La première partie était en terrain connu : Rustico, Pont de la Confédération, Moncton. Sur l’Île-du-Prince-Édouard, il y a de belles routes sinueuses si on sait bien les choisir.

Sur le pont, il a fallu se battre contre de forts vents qui nous poussaient d’un côté à l’autre de la voie. On annonçait un typhon pour le lendemain et le temps commençait à changer. En arrivant à Moncton, je tenais encore à rouler sur le Fundy Trail Parkway, mais le temps était brumeux et j’étais fatigué à cause de la chaleur et du vent sur le pont.

Heureusement, Glen a insisté pour que nous prenions la route la plus longue pour rentrer à la maison. C’était une bonne idée parce qu’en descendant vers la baie de Fundy, la brume et la brise on fait baisser la température. Après une petite pause-café à Alma, nous avons traversé le parc national par un chemin de gravier et nous sommes arrivés au départ de la plus récente attraction touristique du Nouveau-Brunswick : la route Fundy Trail Parkway, ouverte en 2020.

Cette route panoramique a été construite pour mettre en valeur le superbe panorama de la baie, et c’est également là que l’on trouve la plus belle série de courbes de la province. Les dénivelés ne sont pas aussi importants que sur la Cabot Trail, mais la route est plus intéressante, pour le moment du moins. Elle est fraîchement asphaltée, ce qui fait qu’il n’y a pas encore de nids de poule, il n’y a pas d’habitations et, grâce à la pandémie, il y avait très peu de touristes. De plus, les résidents du coin ne la prennent pas trop puisque la plupart profitent déjà d’une vue permanente sur la baie. Tout cela fait en sorte que nous n’avons rencontré que très peu de trafic, même si c’était un lundi de congé de long week-end. Alors, montées, descentes, courbes et virages en épingle se succédaient allégrement! Je ne croyais jamais trouver un jour ce genre de route au Nouveau-Brunswick, et je suis même renversé qu’on ait créé un tracé pareil en cette époque de sécurité extrême en tout.

Évidemment, toutefois, comme l’a souligné Glen, ingénieur de sa profession, les limites de vitesse sont très peu élevées, et on n’est pas censé prendre les virages avec le genou au sol. Nous ne l’avons pas fait, donc, mais si nous l’avions fait cela aurait été passionnant. Dernière section avant d’arriver à la maison, une randonnée à haute vitesse par Gardner Creek, sans doute la route de moto la plus sous-estimée de tout le Canada atlantique.

Nous avons passé trois jours sur la route au plus fort de la saison touristique et nous avons été bloqués seulement une fois derrière un VR, nous n’avons attrapé aucune contravention, et nous avons rencontré des gens souriants partout où nous nous sommes arrêtés. Finalement, c’était une excellente idée de faire cette randonnée dans les Maritimes. La gentillesse des gens du coin et la beauté des routes étaient toujours au rendez-vous. J’ai apprécié le côté relax de cette randonnée.

*Article extrait du Vol. 49 No. 8 de Moto Journal. Les informations concernant la COVID-19 à l’été 2020 ont été retirées.

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