J’ai 64 ans, ce qui est ordinaire, d’autant que j’aurais pu écrire « déjà 64 ans ». Le temps a filé rapidement. Pour les mêmes raisons que vous, la famille, le travail, les responsabilités; bref, tout cela bouffe du temps et on se retrouve à cet âge.
64 ans donc, retraité avec du temps, y’a de quoi faire!
Depuis l’adolescence, un rêve m’a suivi, faire de la moto. Toutes les fois que je côtoyais ce rêve, le mot « inaccessible » en rouge clignotait dans le coin gauche en haut. Un jour, il clignotait toujours, mais en vert et sans le « in » de « inaccessible ». Les astres se sont alignés.
Une question me taraudait tout de même, ne suis-je pas trop vieux? Il me faut souligner ici que je n’ai jamais eu de moto, d’où ma question. Une chose était clair, c’est à 64 ans que ça se passe. 65 ans était la date limite, voire de péremption, pour moi.
J’ai fait le saut et je me suis acheté une moto, une Triumph Tiger 800 XC ABS 2013. J’ai acheté la moto sans permis 6a, permis que j’ai dû passer, moi qui conduit depuis 18 ans. Le pire est qu’à l’époque, tous les permis avaient automatiquement la classe moto. J’ai fait sauter la classe dans les années 1990, vous vous souvenez du mot qui clignotait en rouge?
À propos du permis, j’ai tenté et coulé la dernière épreuve du permis, le circuit routier. Après plus de deux mois de moto et 7000 km sur route et des années derrière un volant, j’ai coulé l’examen sur route. Aujourd’hui, je fais mon mea culpa. Après le passage obligé de la honte et mon orgueil bafoué, j’ai réalisé le lendemain, en refaisant le parcours, que j’avais loupé deux zones scolaires, fait des stops douteux, ce qui est suffisant pour couler l’examen.
Je me suis aperçu que malgré toute mon expérience sur la route, j’ai accumulé tout doucement des habitudes de facilité. La moto me démontre ces failles dans ma conduite. Grosse leçon d’humilité que j’accepte volontiers, et je vais prendre les moyens pour passer l’examen au printemps prochain.
Si je vous raconte cet épisode, c’est à la suite d’une promesse que je me suis faite, faire de la moto longtemps, en sécurité et en entier pour garnir ma banque de souvenirs, car c’est la partie plaisante de la moto.
Je découvre que la voiture est pratique mais que ça roule toujours sur les mêmes chemins, toujours du point A au point B. La moto c’est, en plus de la liberté, l’exploration du territoire, la notion de temps qui n’a plus la même signification, les rencontres, et ce formidable sentiment de faire partie d’un groupe de passionnés, les motocyclistes.
Cette tranche de vie je vous la raconte pour le partage et aussi peut-être, inciter des gars comme moi qui « ti-culs » rêvaient de moto, de liberté et qui se demandent s’ils ne sont pas trop vieux.
Alors je vous parlerais de la route vers Duhamel, OUF! Ou celle de Val-des-Bois vers Gatineau, de mes virées dans le parc La Vérendrye, des matins devant la carte du Québec à rêver des destinations, de rencontres lors d’arrêts de motocyclistes que l’on ne reverra plus, de leurs récits tellement inspirants, de conversations moto avec des amis ou simplement d’entretien de sa moto.
Pour ma part, je ne voulais pas une fin de vie avec un « j’aurais dont dû » J’ai déjà hâte au printemps pour faire de la moto.
Au plaisir de se rencontrer sur les routes du Québec
Richard Dufour
Val-d’Or, Abitibi.