Question de niveau de confiance

Par Guy CaronPublié le

À moto, la confiance fait toute la différence.
Printemps 2009. Sur la grille de départ, je me fixe un objectif peu ambitieux : terminer la course de qualification. Juste terminer. Pourtant, je me suis élancé sur cette même piste d’arénacross plus tôt cet après-midi et j’ai signé une victoire en finale vétéran. Mon pilotage est à un niveau assez bon pour que je sois inscrit en classe pro, mais aujourd’hui, le calibre est très relevé. Deux motos à ma droite, il y a un certain Marco Dubé, deux fois champion canadien. Le Viking est redoutable sur un tracé intérieur, le grand favori pour remporter la victoire ce soir. La plupart des autres pros sont une petite coche en dessous. Après tout, il n’y a que quelques pilotes au pays qui s’approchent du niveau de Marco, surtout en arénacross et il n’y a pas de gros noms américains invités ce soir. Moi, je ne suis définitivement pas de ce niveau et je suis conscient que je ne fais que compléter la grille. Je sais quel est mon rôle ici. Chair à canon est peut-être un terme un peu exagéré, mais disons que je ne me fais pas d’illusion. Le tracé intérieur est technique, comme toujours, mais je m’en tire assez bien. Il y a un triple saut difficile à passer sur l’allée gauche, mais j’ai trouvé une solution aux essais. Je mets la moto en chandelle pour que la roue arrière frappe la deuxième bosse pour atterrir au bon endroit malgré tout. Je dois seulement me faire confiance pour ne pas rater ce wheel tap, plus difficile en apparence qu’en réalité. Ma confiance est cependant atteinte sérieusement pour ce qui est d’obtenir un résultat décent parmi ce groupe de la deuxième qualification pro. Dès le premier virage, je me retrouve coincé à l’extérieur, puis en queue de peloton. Je tente de prendre mon rythme et de m’ajuster à la piste qui change rapidement. C’est l’une des particularités de courir chez les pros, en plus de l’intensité beaucoup plus élevée, les lignes en virages se forment différemment. Il faut juste tourner assez rapidement pour garder la traction aux quelques endroits où le ciment du plancher apparaît déjà dans les ornières. Je fais de mon mieux et c’est tout juste suffisant pour ne pas me faire prendre un tour; Marco arrive derrière moi au dernier virage. Je suis le dernier pilote sur le tour de tête, mais je me retrouve hors du top-5 et je ferai donc la finale B. Dans cette course de soutien, avant la grande finale, j’espère un podium parmi ce groupe plus homogène. Un but réaliste, mais avec un autre départ moyen en milieu de peloton, je dois me contenter du quatrième rang. C’est à partir des estrades que je regarde la course du groupe A et, honnêtement, cela me convient très bien. Marco, au sommet de sa forme, ne laisse aucun doute sur l’issue; il domine et fonce sur la piste à une vitesse impressionnante, un spectacle que j’apprécie. Derrière les guidons, ce qui se passe entre les deux oreilles fait foi de tout et, pour lui, c’est clair : personne ne lui enlèvera cette victoire. De mon côté, je n’avais pas la vitesse d’exécution des pilotes du groupe A ce soir-là. Je pouvais tout au moins négocier le tracé d’une façon correcte et constante. Si la confiance n’y est pas, c’est qu’on prend un risque et, cette journée, dans ces conditions, je me sentais tout juste d’attaque. Sur une piste différente, j’aurais probablement décliné l’invitation de courir avec les pros. En course, le but est de pousser au maximum, trouver sa limite vient tout seul. Qu’est-ce qui m’empêche donc de rouler plus rapidement? Rien d’autre que moi-même. Je n’ai pas les réflexes aiguisés et la technique peaufinée par des heures et des heures sur la moto, jour après jour, ni la forme atteinte au prix d’entraînements spécifiques et exigeants que s’imposent les meilleurs. Rien n’empêche que le souvenir de les avoir côtoyés, ne serait-ce qu’à quelques occasions comme ce samedi à l’arénacross de Montmagny, me rappelle bien que la confiance est tout ce que nous avons aux guidons. Le niveau ne dépend que de nous!

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