Un pas en arrière

Par Guy CaronPublié le

Sur certaines choses, faire un pas en arrière m’apporte plus que de toujours avoir la fine pointe de la technologie. Ici, c’est une question de choix de pneus qui m’apporte cette réflexion. Les nouveaux pneus de motos sur glace sont tout simplement si performants que j’ai choisi de revenir à une génération précédente pour me remettre à la discipline un peu plus sérieusement. Je ne crois pas être en mesure d’extraire le maximum des dernières créations que Marcel Fournier a développées depuis 2010, du moins pas sans avoir fait une mise à jour de mes réflexes de pilotage. Malgré mes dix ans à courir au niveau pro, je dois revenir à la base du pilotage après quelques années à rouler très peu sur glace.

« Soudées à terre! » est le commentaire récurrent au sujet de ces merveilles hérissées de vis que notre multiple champion a développées lui-même avec grand soin. Je suis d’accord sur ce point : la traction est tout simplement époustouflante avec ces pneus, au point où je ne sais pas comment les exploiter au maximum. La marche est si haute que je me retrouve à faire comme la majorité des pilotes que j’ai observés dernièrement : tout le monde roule à une vitesse assez semblable. Pour se démarquer, il faut pousser plus fort et c’est là que ça se joue.

Avant d’être à l’aise et d’y aller à fond la caisse, je n’ai d’autre choix que de me remettre dans le bain progressivement. Mon cerveau n’est pas différent du vôtre. Lorsqu’il y a un élément inconnu, le mode protection s’enclenche tout simplement et avec la vitesse que l’on peut atteindre avec autant d’adhérence, la réaction est forte. Quand il est question de sensation, je ne connais pas de meilleur moyen que d’y aller une étape à la fois. Un peu comme en motocross, il est peu conseillé de s’attaquer aux gros triples sauts à ses débuts, apprendre avec trop de traction n’est pas productif pour développer son pilotage. J’avais l’habitude de guider les débutants en moto sur glace vers des pneus usagés pour bien assimiler les nuances du dérapage, du choix de lignes et des transferts de poids. Ce n’était pas seulement une question de débarrasser les pneus qui ne m’étaient plus utiles pour les courses, une limite plus accessible est tout simplement plus facile à apprivoiser et apprendre à réagir de la bonne façon lorsque l’on franchit cette limite est la clef pour avoir un pilotage assuré et contrôlé.

J’ai roulé avec des pneus usagés l’hiver dernier sur ma 450. Le pneu arrière que j’ai monté ne convenait pas à mon style de pilotage et le pneu avant datait de 20 ans. Je parvenais malgré tout à pousser assez pour un peu reprendre la main et surtout mieux sentir ma moto. L’arrière se dérobe en entrée de virage? Moins de freinage et même garder les gaz entrouverts devront faire. Avec l’avant qui se dérobe facilement, je dois transférer le poids rapidement vers l’arrière en accélérant dès le début de courbe. Peut-être pas ce qu’il y a de plus rapide, mais ça ravive mes vieux réflexes. Et surtout, je suis en mesure d’assimiler ce qui se passe, si je vais plus vite, tout semble brusque et trop rapide. À partir de ces vieux pneus, j’espère avoir une étape intermédiaire avant de m’attaquer au nec plus ultra de la traction sur surface gelée. Quoi qu’à bien y songer, malgré que glisser et déraper, c’est plus lent que de faire les virages sur des rails, je connais quelqu’un qui s’amuse comme un fou lorsqu’il balance sa moto de côté à 100 km/h, bien inclinée, pour sentir les deux roues décrocher et ensuite, remettre la poignée à fond pour terminer la courbe en contrôlant le dérapage, la roue avant à peine décollée de la glace…

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