L’expérience analogue dans un monde digital

Par Éric MénardPublié le

Le désir d’explorer est ancré dans la nature humaine. La mobilité individuelle est un gage de liberté et répond aux besoins des gens dans leur vie de tous les jours. Dans un monde en constante évolution, la mobilité doit elle aussi évoluer pour répondre aux besoins sans cesse changeants d’une société moderne. De nouvelles solutions doivent être inventées. BMW veut faire partie de ce changement et devenir un acteur important dans la mobilité du futur. C’est pourquoi le géant de Munich conviait récemment des journalistes du monde entier à un événement grandiose où les principaux acteurs de changement chez BMW sont venus exposer leur vision du futur de la marque et du futur de la mobilité.
Quand un conglomérat tel que BMW décide de prendre les moyens de partager sa vision du futur pour la moto et l’automobile, les moyens à sa disposition n’ont aucune commune mesure avec ceux que l’on utilise habituellement pour le lancement d’un nouveau modèle de moto.

C’est ce que j’ai pu constater lors de l’événement The Next 100 Years auquel BMW Motorrad, la division moto de BMW, conviait la presse internationale. Je ne sais pas si c’était pour mettre les problèmes de mobilité en perspective, mais l’événement se tenait à Los Angeles. Le trafic y est tellement dense que nous avons dû utiliser l’application de trafic Waze pour éviter de se retrouver coincés sur la route pendant des heures.

Ce n’est pas tous les jours qu’une marque franchit les 100 ans et BMW voulait profiter de l’occasion pour nous parler de son histoire, mais surtout de sa vision du futur du transport de personnes et du lien de plus en plus intime entre les véhicules et les technologies et, de ce fait, de ceux qui les pilotent. Pour l’occasion, nombre de cadres supérieurs avaient fait le vol Munich-Los Angeles pour venir retrouver la presse. Nous nous sommes d’abord rendus au Petersen Automotive Museum situé au centre-ville de la cité des anges. Nous y avions rendez-vous avec la nouvelle BMW K1600B, la toute nouvelle et première bagger construite par BMW.

Un peu plus tard, on nous a demandé de mettre nos cellulaires et appareils photo dans un cabaret avant d’entrer dans une pièce où nous attendait une toute nouvelle BMW GS310 Adventure ainsi qu’une Scrambler de type Urban Enduro qui devraient en attirer plus d’un. Les dirigeants nous ont demandé de faire ainsi parce que ces modèles allaient être dévoilés lors du salon EICMA de Milan.

Mais c’est surtout le lendemain que nous avions rendez-vous avec la vision du futur. Cette deuxième partie de l’événement se tenait dans un immense hangar d’avions dans lequel une grande scène circulaire avait été aménagée. Les nombreux cadres de BMW ont commencé par nous partager la vision du futur du groupe BMW et de ses différentes marques. Signe que c’était un événement mondial, les présentations étaient traduites simultanément en italien, mandarin, français et espagnol. Nous avons ainsi pu avoir un aperçu de la Mini futuriste et du concept I Mini. Ensuite, ce fut au tour de la grande marque Rolls-Royce, une autre propriété du groupe BMW, de nous faire rêver à un futur où les voitures se conduiront évidemment toutes seules, mais où la grande dame Rolls-Royce se transformera en un véritable sanctuaire mobile et assurera à son propriétaire une étincelante arrivée à destination grâce à un concept d’ouverture de l’habitacle inédit. Les voitures BMW ont aussi eu droit à une série de concepts futuristes, dont certains équipent déjà quelques modèles haut de gamme, alors que d’autres sont planifiés pour un futur plus ou moins proche.

Mais le clou du spectacle et l’objet de cette grande rencontre, c’était la moto du futur. BMW produit près de 137 000 motos par année et compte bien en produire encore plus au cours du prochain millénaire. Le designer en chef de cette moto Edgar Heinrich est donc venu nous présenter le concept après une entrée magistrale du prototype de la moto du futur que chevauchait une grande femme blonde et racée. Effet wow à 100%!

M. Heinrich nous a expliqué sa vision. Qu’est-ce qu’une moto? Un moyen de se déplacer oui, mais aussi et surtout un moyen de s’échapper, de reconnecter avec soi-même et avec la nature. À moto, on sent les changements de température et on peut humer les odeurs dans l’air. On fait partie de l’environnement plutôt que de le regarder à travers une vitre. BMW veut aller encore plus loin en intégrant les technologies dans toutes les facettes de la moto et de l’équipement de son pilote. On veut carrément donner une expérience analogue dans un monde digital.

Tout sur cette moto exsude le futur. Elle a même des airs de la moto du film Tron, avec un peu moins de lumières. C’est une vision du futur au design ancré dans le passé de la marque allemande avec une claire référence visuelle à la R32 qui donna son élan à la production moto chez BMW en 1923.

Ce qui frappe en premier, c’est le cadre tout noir constitué de fibre de carbone. Selon les concepteurs, ce cadre permettrait de se débarrasser des suspensions typiques, car le cadre à flexibilité variable pourrait agir comme une suspension. Plus besoin d’ajuster la fourche, le rebond et la précontrainte, la moto pourra ajuster elle-même ces variables selon votre style de pilotage et votre expérience. Le tout sera analysé en temps réel par une série de capteurs sur la moto et dans l’équipement que portera le pilote.

À voir les nombreux conducteurs qui textent en conduisant sur les autoroutes de L.A., je me demandais si plus de technologie embarquée amènera une plus grande liberté d’esprit pour les pilotes des motos du futur. Je crois que la réponse à cette question est oui, car lorsque le pilote et sa moto reçoivent plus d’informations sur les conditions de route, de la météo, du trafic et même des données sur son état de santé général, on arrive à un niveau de sécurité inédit à ce jour.

Parmi les gadgets les plus impressionnants sur cette moto du futur, BMW a réussi à installer un gyroscope qui offre au pilote de pouvoir mettre ses pieds sur les repose-pieds à l’arrêt. Ceci n’est que la pointe de l’iceberg, car ce gyroscope permettra aussi d’avertir et même de corriger le pilote s’il fait une erreur de pilotage ou s’il dépasse les limites physiques de la moto. Un autre moyen selon BMW de rendre l’expérience plus sécuritaire.

Et sécuritaire, cette moto se devra de l’être si on la conduit, comme BMW suggère, sans autre forme de protection pour la tête qu’une lentille transparente. Cette lentille n’est pas qu’un banal morceau de Plexiglas, mais bien un centre d’information virtuel offrant au pilote l’ensemble des informations dont il a besoin ou dont il décidera d’utiliser ou non lors de sa randonnée. Il aura alors dans son champ de vision des données sur l’état de la route devant lui, les conditions routières et même des points de référence pour piloter. Par exemple, un pilote débutant pourra utiliser ce système pour se faire indiquer la ligne à prendre dans une courbe.

Mais là où on a du chemin à faire, c’est dans la fabrication d’un ensemble pour le pilote qui contiendrait tout ce dont on nous a parlé lors de cette présentation. La pilote plantureuse portait en effet un ensemble moulant à la coupe moderne et avec des zones définies. Ce qu’on nous a expliqué, c’est que la combinaison du futur devra être d’abord légère et confortable, tout en assurant encore plus notre sécurité que le meilleur ensemble disponible actuellement.

Cette combinaison contiendra évidemment des protections aux endroits vulnérables aux impacts, mais ces protections seront de type réactif, un peu à la manière d’un sac gonflable. On voit déjà certains fabricants tels que Dainese, Helite et Alpinestars qui offrent différentes variations d’un sac gonflable intégré ou des matières qui durcissent lors d’un impact et BMW compte bien innover encore dans ce domaine.

La combinaison pourrait aussi être réactive et analytique. Elle pourrait par exemple avertir le pilote avec une vibration sur le coude si la moto est trop penchée pour l’angle d’une courbe ou si le pilote arrive trop vite. Elle pourrait aussi analyser les données physiologiques du pilote et calculer sa température corporelle et actionner des zones de climatisation ou de chauffage si le confort du pilote est en jeu. Elle pourra aussi alerter les services médicaux dans le cas d’un malaise ou d’un accident en téléchargeant les données physiologiques du pilote aux services d’urgence.

La tâche d’explorer comment nous vivrons et nous nous déplacerons dans les cent prochaines années est aussi exigeante qu’intéressante. Comment la société, l’économie, les conditions de vie et conséquemment notre mobilité évolueront-elles? Quelles opportunités les technologies nous offriront-elles? Comment est-ce que la connectivité et la numérisation influenceront-elles notre façon de nous déplacer et nos besoins en moyens de transport? Qu’exigerons-nous de nos véhicules et que pourront-ils nous procurer? Plus de sécurité, de confort, de contrôle, de prévisibilité?

Ce sont toutes des questions valables et que nous pouvons nous poser lorsque nous nous arrêtons pour réfléchir, analyser le chemin parcouru et voir les possibilités pratiquement infinies offertes par des technologies en constante évolution. Ce sont des questions que BMW a décidé d’explorer avec ses quatre véhicules VISION provenant des quatre divisions du groupe BMW : Rolls-Royce, Mini, BMW et BMW Motorrad.

On peut se faire l’avocat du diable et dire que ces technologies ne sont pas nécessaires et qu’une moto avec trop de technologies enlèvera à l’essence même de la moto sa simplicité et son agrément : l’expérience analogue plutôt que digitale. Par contre, comme dans toute évolution, il y en aura qui y seront réfractaires et alors que d’autres l’adopteront d’emblée. Rappelons-nous l’apparition des freins ABS, des sacs gonflables et d’autres technologies qui ont tranquillement fait leur chemin dans le monde automobile et qui se sont rapidement retrouvés sur des véhicules à deux roues. Il n’est alors pas difficile de faire le lien avec les avertisseurs de présence de véhicule dans l’angle mort de notre voiture ou même du fameux écran d’affichage tête haute que Tom Cruise utilisait dans le film Minority Report.

Est-ce que cela est nécessaire? Absolument pas. Est-ce pratique? Bien sûr, mais pas indispensable. On ne peut pas reprocher à BMW de développer la moto du futur et de chercher à augmenter la sécurité à un point tel qu’on n’aura plus besoin de porter de casque. Dans un monde en constante évolution, la seule chose à faire si on veut rester un leader, c’est de continuer d’innover. Si on en croit BMW qui compte produire 220 000 motos annuellement en 2020, le futur est plus près qu’on ne le pense. On n’a évidemment pas de date de sortie pour la moto qu’on nous a présentée, mais selon ce que l’on a pu colliger comme information informelle lors de la présentation, on verra apparaître certaines de ces idées sur différents modèles au cours des prochaines années.

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