Escapade dans l’Ouest – partie II

Par James NixonPublié le

Avec Robert, le Texan sympathique, et un autre Canadien, nous faisons un arrêt dans un stationnement à Lake Louise, Alberta – ou du moins, je pense bien que c’est là qu’on est… Ma visière est constamment mouillée et, même quand je la soulève, j’ai de la difficulté à lire les indications sur les panneaux à cause de la brume. Une fois ma Harley-Davidson Road King à l’arrêt, je l’échappe presque par terre. Ce n’est pas tant parce qu’elle est lourde, c’est juste que tout mon corps est pris dans un pain après avoir roulé pendant une heure complètement crispé, dans le vain espoir de conserver un peu de chaleur corporelle. Après trois essais, je réussis à déployer la béquille latérale, je me lève et je fais quelques pas pour me dégourdir tout en faisant bouger mes doigts et mes orteils pour les réchauffer. Vous l’aurez compris, il fait froid… En plus, il commence à faire noir et nous n’avons pas encore trouvé notre hôtel. Pourquoi sommes-nous partis si tard aujourd’hui? 

Ah oui, je me souviens, c’était dans l’espoir qu’il fasse un peu plus beau cet après-midi… De toute évidence, ça n’a pas marché. Dans les montagnes, la météo est changeante, et les prévisions sont souvent peu fiables. Nous sommes donc partis de Revelstoke vers 14 h. Et la pluie a repris de plus belle sur la route 1. Je me trouve vraiment nono de ne pas avoir apporté mes gants imperméables, surtout que le mercure descend et ma Road King n’est pas dotée de poignées chauffantes. (Note à moi-même : toujours apporter des gants imperméables.) Petit arrêt panoramique au col Rogers, mais il n’y a rien à voir à cause des nuages. Il fait 5 °C.

Nous reprenons la route, toujours vers l’est. En bon puriste (ou masochiste) que je suis, j’ai fait enlever le pare-brise de la Road King dès le départ de cette randonnée d’une semaine. Pas de poche d’air moins froid et plus sec pour moi, donc. Mais tout cela n’empêche pas quelques moments sublimes, comme cette descente vers la ville de Donald sur la route qui serpente en longeant la rivière Columbia, et une superbe éclaircie en approchant de Golden. Nous arrêtons au Fire Pit BBQ Smokehouse pour nous réchauffer (et pour aviser que nous allons être en retard, car nous venons de réaliser qu’on vient de changer de fuseau horaire). Avant de reprendre la route, Robert me dit : « Tu dois regretter d’avoir enlevé le pare-brise ». Par pur orgueil, je lui réponds « Non, non, ce n’est pas si mal… ».

La distance qui sépare Golden de Lake Louise – 80 km – ne peut pas être qualifiée de longue. Mais ce trajet m’a paru interminable, et je me suis rarement senti aussi misérable au guidon d’une moto. Il tombe une pluie glaciale et abondante, j’ai les mains détrempées, mes bottes commencent à prendre l’eau et chaque coup de vent me refroidit un peu plus. De chaque côté, les montagnes ont l’air imperturbables et totalement indifférentes à mon sort. (Note à moi-même : toujours apporter des bottes fraîchement imperméabilisées.) 

La pluie se calme après le col Kicking Horse et nous arrivons enfin à Lake Louise. Mes compagnons se chargent de téléphoner pour savoir où se trouve notre hôtel au juste, pendant que moi, je vais me réfugier dans un magasin de souvenirs tout en testant la patience du propriétaire face aux flaques d’eau que je laisse sur son plancher. Quand je retourne aux motos, Robert me dit qu’il faut revenir sur nos pas, tourner à droite et rouler un p’tit bout encore… Pas sérieux? Oui, dit-il, ce n’est pas une farce…

La perspective de rouler quelques kilomètres de plus me démoralise passablement, mais à peine 15 minutes plus tard, nous arrivons enfin à destination, au Baker Creek Mountain Resort. Il y a déjà deux Harley dans le stationnement. Donc, les Allemands (Daniel et Martin) sont déjà arrivés. Eux, ils n’ont pas fait la visite du barrage à Revelstoke, et ils ont pris la route avant nous ce matin. Même si nous sommes en retard, rien ne m’empêchera de prendre une douche (très) chaude pour me réchauffer les os. « Pourquoi vous êtes en retard? » demande Daniel sans préambule quand je viens les rejoindre à la table du restaurant. Je lui explique nos déboires côté météo, mes gants détrempés, l’absence de pare-brise… Il répond froidement « Ah, comme c’est intéressant, hier il faisait beau et nous sommes arrivés en retard. Et vous, vous êtes en retard quand il fait mauvais… ». Je lui demande depuis quand ils sont arrivés : deux heures. « Nous, on avait compris qu’il ferait vraiment mauvais, philosophe Daniel, alors on a filé directement jusqu’ici. »

À suivre…

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