Le Racer: Début de l’hiver

Par Guy CaronPublié le

Combien de fois ai-je pu me rendre à un lac ou à un autre pour sonder la glace? Ce fut longtemps pour moi une pratique courante à la fin de l’automne et au début de l’hiver. Lorsque j’ai acheté ma première paire de pneus de glace, les lacs étaient déjà gelés. Je n’ai eu qu’à les monter sur ma YZ125 et me rendre chez les gars de Rivière-du-Loup pour rouler sur le lac Saint-François. Piste prête, pas d’attente, pas de stress. Dès l’automne suivant, un rituel saisonnier, développé par un manque d’adrénaline marqué, est apparu chez moi. Quinze centimètres de belle glace, c’est le minimum… en théorie! Je ne sais pas si j’ai développé un sixième sens, mais malgré quelques mésaventures, je ne me suis jamais retrouvé à l’eau! Du moins, pas très longtemps! J’ai appris que sonder un trou sur la piste avec ses pieds peut s’avérer hasardeux en tout début de saison. Par la même occasion, j’ai aussi constaté qu’un ensemble de cuir est relativement étanche pour une petite saucette de quelques secondes jusqu’à la taille. Une hache ou une scie à chaîne sont beaucoup plus appropriées pour prendre la mesure de la couche d’eau à l’état solide… et cela permet aussi de ne pas voir cette même couche disparaître sous nos pieds. Par un beau samedi de début décembre, nous étions trois impatients convaincus que les 10 à 12 centimètres de la veille avaient épaissi durant la nuit, jusqu’aux 15 centimètres recommandés. Le vendredi soir, François est arrivé de Québec avec son VTT muni d’une gratte pour dégager la mince couche de neige sur l’ovale que j’avais délimité au lac des Plaines. Nous avions descendu le VTT sur le lac à la chapelle et après seulement quelques minutes, nous en étions venus à la conclusion que ce serait mieux de ne pas créer de bordure de neige, car même s’il n’y en avait pas beaucoup, le poids de celle-ci excédait rapidement la capacité de flottaison de la glace. « Au pire, on va rouler tel que c’est. Il y a à peine 4 ou 5 centimètres et c’est de la neige folle. » « D’accord, je sens la glace plier sous le VTT quand je pousse la neige. Ce n’est pas très rassurant! » Le lendemain matin, Marcel est venu nous rejoindre. Nous avons fait quelques tours pour marquer un tracé dans la neige et nous avons convenu que la petite couverture blanche ne nuisait aucunement, donc qu’il n’était pas nécessaire de déblayer. Nous roulons nos premiers tours de la saison. Tout va bien. Nous nous amusons et le plaisir de retrouver ces sensations vaut de l’or pour nous. Après deux petites sessions, nous nous rendons compte que l’eau apparaît dans les virages. « C’est sûr qu’on gruge l’épaisseur de glace avec nos pneus, on n’a qu’à déplacer nos courbes un peu à chaque session. » « Bonne idée Marcel! De toute façon, je crois que l’on peut aller pas mal où l’on veut. La neige ne nuit pas du tout. » Nous avons donc repris nos activités sur un tracé qui variait au fur et à mesure que l’eau apparaissait dans nos traces. Le plan a très bien fonctionné jusqu’au moment où j’ai dû partir en début d’après-midi à cause de mon travail. « On se revoit ce soir! » En début de soirée, j’ai retrouvé Marcel qui travaillait sur sa YZ250 dans mon garage. « Prends ça! » me lance-t-il en tenant la selle de sa moto à bout de bras vers moi. « Wow, elle pèse une tonne! Et… elle est pleine d’eau! » Marcel était prêt à mettre la Yamaha en marche et lorsqu’elle prit vie, une quantité d’eau appréciable sortit de l’échappement. Après mon départ du lac, mes copains avaient continué de déplacer le tracé. Plus ils s’approchaient du côté ouest du lac, plus le nombre de passages avant de voir apparaître l’eau diminuait. À un point tel qu’ils ne prenaient les virages qu‘à deux ou trois reprises avant que la neige ne soit imbibée. J’aurais peut-être pu leur dire que la décharge était de ce côté du lac et que je n’avais pas sondé cette partie à cause de cela! Ils avaient quand même eu un bon avertissement : la glace s’est brisée dans un virage derrière eux après un passage et ils ont évité l’ouverture le tour suivant. Ils sont revenus tout près pour observer le trou béant. « Il n’y a pas plus que 8 centimètres ici… » La suite est plus ou moins claire, mais je sais qu’un des deux a décidé de s’amuser à simuler un départ pour s’éloigner au plus vite! Il s’est retrouvé debout avec une moto à demi submergée, soit seulement la roue avant hors de l’eau. Il l’a tirée sur la glace et s’est éloigné en la poussant. Mon autre ami était à plat ventre sur le bord du nouveau trou et refusait de lâcher le guidon de sa CR sous la surface jusqu’à ce que quelqu’un lui apporte une corde pour l’attacher. Marcel a sorti la Honda du lac grâce à cette corde, debout sur un madrier placé au bord du trou. Un peu plus tard en soirée, nous avons rejoint François qui travaillait à ressusciter sa moto dans le sous-sol chez Éric. Marcel lui a alors demandé : « As-tu réussi à la remettre en marche? » « Oui, il ne reste plus qu’à changer l’huile de la transmission. » Et j’ajoute : « Parfait, on se trouve une place pour rouler demain, ça prend 15 centimètres de belle glace… au moins! »

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