Réflexions de salon

Par Marc ParadisPublié le

Le titre de ma chronique de ce mois-ci peut sembler être à double sens et c’est voulu. Parfois, assis confortablement dans notre fauteuil préféré (ou plutôt celui qui reste libre, dans mon cas), nous rêvons moto. Quoi d’autre en vaut la peine? Souvent un bon livre ou magazine aidant à nous forger des scénarios réalisables ou pas. Le deuxième sens que peut prendre ce titre se retrouve plutôt dans les salons de la moto. Ici, je ne vous apprendrai rien, si ces expositions étaient présentées en saison estivale, personne ne se déplacerait… Mais en plein hiver, quoi de mieux que d’aller se rincer l’œil et du même coup peut-être se laisser tenter par celle qu’on observe de loin via les revues de la table à café? Cette année, je n’étais pas à la recherche de la perle rare, ma bonne vieille Z750s et ma WR acquise au printemps dernier feront encore l’affaire. Par contre, ma conjointe et mon fils ainé étaient plus actifs. La première zieutant les super sportives de 600 cc et le second louchant sur les routières d’initiation – à penchant sportif bien sûr. Ma blonde me surprit, moi qui la croyais satisfaite de sa monture actuelle (Bandit 650)… En fait, elle envisage d’au moins en louer une pour voir si elle succombera réellement à la tentation… De son côté, notre ado, qui suivra son cours dès la neige disparue (ce qui sera le cas je l’espère lorsque vous lirez ces lignes), prenait autant plaisir à poser – comme à chaque année depuis 2009 – sur une Hayabusa, cette fois-ci la relevant de sa béquille pour la première fois!

J’aime toujours faire le tour du Salon de la moto en famille, mais j’aime encore mieux m’amuser à trouver des motos pouvant convenir à de futurs motocyclistes. Deux jeunes hommes sont venus me voir pour que je les conseille. L’un d’eux me questionna au sujet de la Ninja 300. S’étant converti au motocross, cet ancien propriétaire d’une puissante ZX-10 croyait pouvoir se contenter de moins du tiers de sa cylindrée… Finalement, il tentera de se dénicher une moto dénudée, de moyenne cylindrée.

Une autre tournée avec mon vieux chum Denis Ouellet, avec qui j’aime bien argumenter depuis le secondaire, fait toujours plaisir.

Un père, qui est aussi un grand-père, m’a demandé conseil pour sa fille. Cette jeune femme, mère de trois charmants enfants, désirait une monture qu’elle pourrait rouler tous les jours, à l’opposé de celle de son conjoint qu’elle utilise présentement et qui l’intimide un peu trop. Faire le tour de toutes les options possibles en prenant le temps de s’assoir sur les motos pour s’assurer qu’elle soit capable de les déplacer sans aide nous permit de cerner quelques modèles potentiels. J’ai bien ri lorsqu’elle me dit qu’une Ninja 300 sonnait trop racer à son gout… Se fier à un nom pour juger une moto, c’est comme évaluer un burger en se fiant à l’affiche…

Ce qui me marqua le plus se passa quelques jours plus tard. Une amie annonça sur les médias sociaux son intention de vouloir suivre son cours et éventuellement s’acheter une moto. Mal lui en prit, sa famille lui fit miroiter tous les dangers inhérents à la pratique de la moto, comme si elle avait manifesté le désir de devenir démineuse! C’est là que nous pouvons constater les méfaits de la presse et des médias à sensations. C’est vrai que rouler à moto n’est pas aussi sécuritaire qu’en auto, mais que de chemin parcouru depuis les années 70! Mon bon vieux livre de référence, Les règles du jeu à moto – publié par Valmont Villeneuve en 1983 (que j’ai eu le plaisir de rencontrer pour la première fois cette année au Salon de Québec), me sert encore avec ses tableaux sur les statistiques d’accidents qui remontent à plus de quarante ans… Si les quelque 30 décès que nous répertorions en moyenne durant les dernières années sont toujours des décès de trop, nous sommes bien loin des 184 de 1975! À cette époque, le phare de jour n’était pas obligatoire. Les motocyclistes enfourchaient leur première moto de route avec peu ou carrément aucune expérience de conduite. Les pneus, suspensions, cadres, freins (surtout pas d’ABS que l’on retrouve désormais même sur des machines de 250 cc) et systèmes de gestion électronique de la livrée de puissance brillaient par leur absence! Et je ne parle pas de l’habillement qui bien souvent n’était qu’un casque ouvert, malgré qu’aujourd’hui encore… Oui, faire de la moto comporte certains risques, mais avec les tragédies qu’a connues le Québec dans la dernière année (Lac-Mégantic et L’Isle-Verte), même durant notre sommeil nous courons des risques…

Quoi qu’en pensent ses détracteurs, la moto est là pour rester et la relève fait plaisir à voir!

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