La bataille de Barcelone

Par Marc ParadisPublié le

On a beau dire que tout était mieux dans le bon vieux temps, jamais nous ne retournerons dans le passé. Retour vers le futur, n’est qu’un film et voyager dans le temps ne demeurera qu’un beau rêve. Mais parfois des évènements surviennent et nous font ressentir un étrange sentiment de déjà vu. Durant le temps des Fêtes, j’ai combattu les basses températures extérieures en me replongeant dans les belles années de la domination des pilotes américains en GP500. Le livre de Norm DeWitt, Grand Prix motorcycle racers : The American heroes couvre l’âge d’or de la catégorie reine en traçant une brève mais complète biographie des pilotes tels Roberts, Spencer, Lawson, Rainey, Schwantz et plusieurs autres. J’étais au courant que certains d’entre eux avaient pratiqué le dirt track avec différents degrés de réussite, mais ma lecture m’a appris qu’ils avaient tous un jour ou l’autre (mis à part Schwantz) dominé ce sport de glisse. Transposant cette technique de pilotage, la roue arrière en presque constant dérapage lorsqu’ils négociaient des courbes, dans une discipline jusque là dominée par des styles de pilotage plus classiques voire même plus coulés en a choqué plusieurs sur le Vieux Continent. Mais mal leur en prit, la technique était efficace et les Yankees amassèrent les championnats à un rythme effarant (13 titres en 16 saisons de 1978 à 1993). « King Kenny » Roberts entrainait même ses pilotes (Rainey, Lawson, Kocinski entre autres) sur son ranch en les faisant tourner à gauche, chaussés de la traditionnelle steel shoe, pilotant de puissantes XR100! De retour en 2014, mes deux fils de 12 et presque 16 ans, pratiquent leur technique sur le jeu vidéo MotoGP. Au lieu de rêver en regardant des photos dans des magazines, ils se frottent virtuellement à leurs idoles, le réalisme de ces jeux fait tellement effet que Marc Marquez, le plus jeune champion de la catégorie reine couronné en novembre, a remplacé Sydney Crosby dans le cœur de mon plus jeune! Le charisme, l’audace et bien sûr le talent de ce jeune Espagnol de 20 ans, dont Guy nous rapporte les exploits chaque mois dans la rubrique Paddock, m’a conquis moi aussi. Lorsque mon fils, qui est toujours à l’affut des dernières vidéos disponibles de son idole sur You Tube, m’a appris que le jeune pilote Repsol Honda allait participer à une épreuve de short track, je me suis dit que je ne devais pas manquer ce spectacle. Marquez, qui ne savait quoi faire durant les deux mois d’intermission entre les saisons de MotoGP, décida d’y apporter un peu de piquant étant donné que toute séance d’essai en piste est proscrite. L’épreuve devait opposer plusieurs pilotes de circuit de vitesse en plus de quelques représentants de la discipline du dirt track en Europe. Mais lorsque le confrère journaliste moto Mark Gardiner demanda si les pilotes de MotoGP étaient trop froussards pour se mesurer à des Américains, les inventeurs de ce genre de compétition, Marquez répondit qu’il trouvait l’idée géniale! Trois Américains prendront donc part au Superprestigio Dirt Track, tournant sur les 220 verges du circuit aménagé dans l’aréna Paula Sant Jordi de Barcelone en Espagne. Marquez se frottera à son cadet d’une journée, Brad « The bullet » Baker, le nouveau champion de la discipline dans l’AMA. Même si les Américains peuvent se targuer d’avoir inventé ce type de compétition, les Espagnols, qui constituent la nouvelle force en présence en compétition moto sur circuit routier, ne sont pas manchots non plus…

Comme dans tout bon scénario hollywoodien, nos deux prodiges se retrouvèrent en finale après avoir dominé chacune de leurs manches éliminatoires. Le petit Espagnol de 5’6’’ et 130 livres contre le longitudinal américain de 6’ et 155 livres. La course se déroula comme nous nous y attendions, les deux protagonistes y allant de leur style respectif aussi efficace l’un que l’autre jusqu’à ce que… Ici, il faut insérer une parenthèse : pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce genre de compétition, les Américains ne se font pas de cadeau en jouant du coude, de l’épaule et parfois des deux pour éviter qu’un adversaire ne leur prenne une position. Fin de la parenthèse. Baker ayant traversé l’océan pour une chose : gagner. Quand Marquez s’est présenté à l’extérieur, le grand Brad lui a fait gouter de son coude droit, ce qui envoya le pilote de MotoGP au tapis. Même si plusieurs partisans firent savoir par leurs sifflements leur désapprobation à Baker, ce dernier donna une réelle impression de se soucier de l’état de son adversaire d’une course. Il était venu pour gagner, mais pas pour blesser. Une fois Marquez remis sur pieds et arborant son sourire (pas aussi grand que lorsqu’il gagne tout de même!) l’Américain pu festoyer en paix!

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