L’Aventure Orange Crush

Par Guy CaronPublié le

Un simple courriel :
Nous voulons savoir si vous seriez disponible pour frapper en relève concernant le Orange Crush KTM rally? La moto est fournie ainsi que l’hérgement à Montréal le jeudi, à Parent le vendredi et à La Tuque le samedi.

On est mardi soir, c’est sûr que question préparation, je ne serai pas au top! Mais comment dire non à ça? Ça me laisse mercredi pour réfléchir à ce que je vais oublier d’apporter et le jeudi matin pour faire mes bagages et me rendre à Montréal…
Septembre en Haute-Mauricie peut être frais et humide et je dois donc me trouver une veste d’enduro et des gants appropriés que j’aurai vraiment la chance d’apprécier au cours du périple! Danny de KTM Canada m’apprend que la moto est un Adventure 990 chaussée de Metzeler Karoo II (90 % hors route, 10 % route) avec les suspensions ajustées. J’ai soudain eu un doute, j’espèrais une moto légère et, sans avoir jamais vraiment essayé, je n’étais pas vraiment convaincu du concept « super enduro ». Jeudi, je trouve les bureaux de Red Bull où je rencontre le très sympathique Cyril Despres, quatre fois vainqueur du Dakar. Je retrouve aussi Stéphane qui m’a intégré à son équipe à la dernière minute lorsqu’il a appris que je serais de la partie. Une courte nuit de sommeil plus tard et 145 pilotes se réunissent pour le briefing à cinq heures trente au Stade olympique d’où se donne le départ. La 990 est là, 45 kilomètres au compteur et prête pour que je la traine dans la boue! Je récupère mon carnet de route et le prépare au montage dans le boitier en imitant ceux qui ont l’air de savoir ce qu’ils font. J’ai fait du hors route mais jamais d’enduro ou de rallye moto avec navigation, je me sens donc un peu perdu!
Mes équipiers arrivent tout juste pour le briefing, Stéphane a passé la nuit à préparer sa BMW HP2 et la KTM 530 qu’il prête à Francis et n’a dormi que quelques minutes! Petit rush pour les formalités et nous préparer : nous sommes l’équipe numéro 12, donc notre tour va venir vite! Cyril Despres et Jean-Sébastien Roy forment l’équipe numéro 1 et sont déjà sous l’arche du départ! L’organisation nous déplace de quelques minutes et nous prenons le départ derrière l’équipe 15. Aucune importance car les sections entre les spécial tests ne sont pas chronométrées. Malgré les intervalles au départ, le trafic matinal de ce vendredi prend une allure particulière avec toutes les motos. Le soleil, maintenant bien présent, la KTM qui me fait oublier son gabarit assez imposant et l’aventure droit devant, que demander de plus?
Le premier spécial test consiste en un tour de piste chronométré au circuit SRA Motocross. Sable, gros sable même… Ce n’est pas mon point fort et pas le meilleur endroit pour découvrir que les freins ABS ne font que légèrement ralentir la moto dans ces conditions! Un pilote de GS1200 est tombé dans un virage et en tentant de le contourner, je mets la 990 sur le flanc aussi! Francis est tout juste derrière et à 3, on relève la BMW, après ma KTM et je termine le tour. Il va falloir que je me parle pour ne pas avoir l’air d’un plouc! Je trouve comment désactiver l’ABS et hop! direction Saint-Michel-des-Saints. Deuxième spéciale juste en dehors de Saint-Michel, une boucle style enduro. Francis part devant pour ne pas que je le retarde, je le suis 30 secondes plus tard et ensuite c’est le tour de Stéphane. Je dois reculer la 990 à un point car j’arrive trop vite à un changement de direction, tout juste 1 longueur de moto mais 525 livres dans le sable, c’est au moins 60 secondes! Je termine la boucle à un rythme raisonnable pour retrouver Francis… et Stéphane! Oups, Stéphane a manqué un virage et est revenu par le départ! Ouais, l’équipe 12 ne devrait pas battre de record au cumulatif! Une petite pause pour reprendre notre souffle et c’est reparti vers Manawan à travers les bois et sentiers maintenant. Je suis le seul à avoir un boitier pour le carnet de route, donc j’hérite de la navigation de facto. Cela demande plus d’attention, mais je n’ai pas à rouler dans la poussière soulevée par les autres ! Avec sa roue avant de 21 pouces, la 990 est dans son élément dans les sentiers et la suspension me permet de garder une cadence beaucoup plus élevée que je ne l’aurais cru possible avec une machine de ce poids. Le poids, je l’ai cependant bien senti quand je me suis enlisé dans une montée en sable! Oui, j’ai eu la chance de travailler ma technique dans le sable en cours de route mais je me suis fait prendre à y aller trop mollo, des sillons tout en zigzag sur le petit ponceau juste avant la pente ont trop retenu mon attention et ensuite, c’est la KLR coincée plus haut qui m’a fait hésiter! Bonne excuse non? Je tente de me sortir de cette situation mais la KTM bouge à peine. Francis, qui lui est monté facilement avec la BMW (il venait d’échanger sa moto avec Stéphane), redescend m’aider. À deux, on pointe la 990 vers le bas de la côte. Francis me demande : « Veux-tu que je te la monte?’ » Je regarde la côte tout en me disant : « Quoi? Je vais laisser quelqu’un faire une section difficile avec ma moto? » Mais je suis à bout de souffle d’avoir retourné la moto et mon cœur bat la chamade! Je réponds donc oui. Il y a une première à tout! Francis redescend, tombe doucement en se retournant en bas mais il monte d’un trait sans problèmes. « Dans le sable, regarde plus loin et garde ta vitesse ». Merci pour le coup de main et le conseil!
On arrive au dernier ravitaillement de la journée à l’heure limite pour continuer par les sentiers. On va devoir limiter les pauses mais Stéphane souffre du manque de sommeil et a besoin de récupérer plus souvent. En outre, il roule presque toujours troisième du groupe dans toute notre poussière. Après une longue section accidentée sous les lignes haute tension, on fait une autre pause. Francis offre à Stéphane de reprendre la 530 car l’amortisseur de la BMW semble surchauffer. Francis disparait et la 530 ne démarre pas! En fait, c’est seulement un terminal de la batterie qui s’est défait. On s’affaire à remettre le tout en ordre quand la patrouille qui ferme le sentier nous rattrape. On se remet en selle avec le soleil qui baisse rapidement, je peux difficilement lire mon carnet de route à présent, c’est 4,1 km ou 4,7 km pour le virage à droite? On attend Thierry qui pilote le côte-à-côte de service. « Suivez cette piste jusqu’au traversier, vous ne pouvez pas vous perdre. » Traversier? C’est une blague? « Non, allez-y, vous allez voir! » D’accord! Je suis un peu incrédule, mais les kilomètres suivants me feront oublier mes doutes. Un superbe sentier, dans la pénombre au début puis dans l’obscurité, longe la rivière éclairée par la lune que j’aperçois à ma droite. Lorsque j’écrirai : Contes de fées pour amateurs de garnotte, vous saurez d’où vient l’inspiration! Et le traversier est bien là, comme promis! Il y a 3 équipes encore affairées à rejoindre l’autre rive quand on y arrive. Un ponton qui peut accepter 3 ou 4 motos et qui est mû par les bras des passagers et autres riverains grâçe à un système de câbles et poulies. La rivière Bazin fait plus de 50 mètres à cet endroit, selon mes estimations sous les étoiles, et après que tout le groupe l’eut traversée, on est enfin rentrés à Parent une trentaine de kilomètres plus loin… les derniers! Du parc fermé nous nous sommes dirigés vers le chic Hôtel Central, haut lieu de la vie culturelle de la Haute-Mauricie, tout juste avant que la cuisine ne ferme sur le coup de 22 heures. Enlever mes bottes (après les avoir portées 19h!) pour prendre une douche chaude fut le point culminant de ma soirée!

Au réveil, la pluie tombe. Stéphane décide de suivre l’itinéraire par les chemins forestiers, Francis
et moi, on continue donc à deux pour le tracé X. Le plan est simple : on roule et on roule encore! J’ai la chance de pratiquer ma technique dans le sable en longeant un lac sur plusieurs kilomètres et aussi au quatrième special test. Le troisième on l’a loupé : erreur de navigation! La pluie tombe en trombe et j’apprécie de plus en plus la 990. La protection du carénage est non négligeable! Deuxième ravitaillement de la journée et on y arrive les premiers! Entre deux sentiers, 25 kilomètres avant La Tuque, une moto apparait derrière nous sur le chemin et suit notre trace. À un arrêt avant l’arrivée, la moto s’avance à nos côtés, c’est Stéphane! C’est ensemble que les trois membres de l’équipe 12 franchissent l’arche Red Bull à l’arrivée!
Une 990 dans les bois et les sentiers? Oui, c’était le meilleur choix! Cette moto, gardez-la-moi pour l’édition 2013, Cyril Despres a promis de revenir et moi aussi! Je serai prêt cette fois!

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