L’Amerique en sport bike partie 2

Par Moto JournalPublié le

par Christian Lacroix

Las Vegas! Tel est notre nouvel objectif à présent. Nous sommes partis du vignoble en fin d’après-midi et nous nous engageons dans les terres arides de la Californie. La chaleur y est accablante. Le ciel est sans nuages, aucune chance d’avoir un peu de pluie pour nous rafraîchir. Au plus chaud de la journée, il a fait 114°F; soit 45,5°C. Ma moto est à sa température maximale. Le ventilateur peine à éviter la surchauffe. Le paysage alentour est complètement désertique. En début de soirée, nous faisons une halte dans un petit restaurant nommé le Penny bar. C’est à la fois un casse-croûte et un bar. Dans la partie bar, les murs, le plafond et le bar lui-même sont recouverts de pièces d’un cent; d’où le nom Penny bar. Il y a en plus de cent milles! Ensuite, nous reprenons la route et traversons le désert de Mojave. Une partie du trajet se fait en soirée afin de préserver nos pneus. Le lendemain matin, nous enfourchons nos motos afin de terminer la traversée du désert le plus tôt possible. La chaleur y est déjà suffocante. Nous empruntons de tristes autoroutes qui usent nos pneus avant d’arriver à destination.

Ça y est! Nous y sommes. Las Vegas! Une étape de plus à rayer sur la liste des choses à voir. Il est tout de même surprenant de voir cette ville en plein désert avec ses bâtiments colorés. À notre arrivée, nous parcourons la strip à travers les hôtels thématiques aperçus dans les films d’Hollywood. On s’accorde le plaisir de jouer dans les casinos et de visiter la ville. Francis décide même d’effectuer un saut à l’élastique de la tour du Stratosphere, hôtel d’une hauteur de 350m. Il n’y a pas de limite à l’imagination. C’est vraiment cool. Le lendemain, nous enjambons nos montures en direction du Grand Canyon avec un arrêt au Hoover Dam. La route est pénible pour nos véhicules: la chaleur est accablante et il faut absolument rouler pour les rafraichir. Il n’est pas rare de couper le moteur en laissant le ventilateur tourner chaque fois que nous sommes obligés de nous arrêter. Bon an mal an, nous nous rendons jusqu’au Grand Canyon National Park en traversant l’Arizona.

Dans ce parc, il n’y a pas seulement le canyon, mais aussi la faune et la flore qui sont impressionnantes. On y retrouve l’une des plus grandes forêts de pins au monde. Il faut tout de même faire attention en moto, les animaux croisent beaucoup la route. Ils ont l’habitude des touristes. Nous avons notamment rencontré des wapitis. Il faut dire que nous étions bien préparés compte tenu du chemin parcouru jusqu’à présent. Le site est à couper le souffle, surtout avec deux motos en premier plan. Malheureusement pour nous, il n’y avait aucun endroit pour camper autrement qu’illégalement sur le site. Nous choisissons cette option, mais à la suite d’un contrôle policier en soirée, nous abandonnons l’idée de camper là. Ainsi, nous reprenons notre route afin de trouver une nouvelle place pour passer la nuit. Il ne semble y avoir aucun signe de vie. De rares lumières sont visibles de loin lorsque nous sommes sur les collines. Sentiment d’inconfort. Il fait très noir et les quelques constructions autour de nous sont délabrées. Notre imagination nous envahit de plus en plus jusqu’à ce qu’on retrouve un peu de civilisation. Nous établissons notre campement de fortune sur le bord de la route dans une localité perdue pour dormir quelques heures.

Au matin, le réveil est un peu difficile. Il y a tout un contraste entre l’hôtel luxueux de Las Vegas la veille et notre tente plantée sur un maigre gazon dans le stationnement d’une station-service! L’objectif est de nous rendre au Colorado afin de parcourir de nouvelles routes sinueuses telles que nous les avions connues sur la côte ouest. Durant la journée, nous traversons Monument Valley; ce qui n’était pas prévu dans l’itinéraire de départ. C’est le pays de Lucky Luke et du coyote. De magnifiques structures érigées d’abord par une ancienne mer intérieure, puis par les vents et les pluies, se dressent dans le désert. Les arches de pierre se révèlent sur la route ainsi qu’un pic surmonté d’une dalle en équilibre. C’est épatant! Les paysages sont tous à couper le souffle. Nous rencontrons un homme retraité voyageant seul avec sa Harley. Nous l’accompagnons une partie de la journée. Après un moment, nous nous sommes séparés : il devait aller vers le nord pour visiter l’Arches National Park alors que nous allions vers Denver. Nous nous engageons de nouveau dans les montagnes. Les routes deviennent de plus en plus tortueuses. Absorbés par l’environnement qui nous entoure, nous en oublions notre vitesse jusqu’à ce que nous soyons interceptés par un policier! Nous roulions 15mi/h au-dessus de la limite permise. Dans cet état, le Code de la route est très strict. Le policier nous a expliqué que deux choix s’offraient à nous : aller en prison ou signer une promesse de comparution à la cour dans l’État du Colorado. Nous avons signé la promesse de comparution en nous disant qu’une fois chez nous, nous pourrions régler ça. Ainsi, nous pouvions obtenir notre liberté provisoire. Nous regrettions de ne pas avoir suivi notre compagnon quelques heures plus tôt.

Après cet épisode, le voyage fut ébranlé. Notre but était donc de retourner au Québec le plus rapidement possible pour rejoindre nos proches. Nous étions un mardi lors de l’arrestation et nous avions décidé que le vendredi nous serions au Québec. Nous n’étions pas près d’arriver. Le lendemain, nous partons de Grand Junction en direction des plaines américaines. Nous traversons les Rocheuses américaines jusqu’à Denver. Cette ville est semblable à Calgary. Elle marque la frontière entre les plaines et les Rocheuses. C’est magnifique. Il y a des champs à perte de vue. La température y est beaucoup plus humide. Nous apercevons, au loin, des bandes de nuages déversant des trombes d’eau. Nous nous rendons jusqu’à Kansas City pour y passer la nuit. Nous sommes maintenant à l’entrée de la Vallée des tornades. J’ai toujours souhaité être témoin de ces tempêtes, elles me fascinent. Malheureusement pour moi, et heureusement à la fois, il n’y en eut pas.

Le jour suivant, nous roulons sans cesse. Désormais, nous parcourons plus de mille kilomètres par jour. Ainsi, nous traversons durant la journée la ville de St. Louis − avec son emblématique arche −et le Missouri puis Indianapolis connu pour son circuit légendaire pour nous rendre ensuite jusqu’à Columbus pendant la nuit. Le désert et les journées précédentes ont eu raison de mon pneu arrière. Par chance, il y avait un détaillant de moto sport tout près du motel. Au matin, je m’y présente donc pour changer de pneu. Il n’y a qu’une seule manière pour finir ça en beauté. Le brûler! Francis, pour sa part, prend le pari de faire le reste de la route avec le sien. Nous reprenons la route en direction nord. Il est prévu d’arriver au Québec durant la nuit. Ainsi, lors de la journée, nous longeons les Grands Lacs se trouvant sur notre gauche.

Nous traversons également les villes de Cleveland et Buffalo. Cleveland semble être remplie d’histoire, mais ce sera pour une prochaine fois. La température devient de plus en plus fraîche, et même froide en soirée, sans doute à cause de l’humidité des Grands Lacs et du fleuve.

Vers 23h nous franchissons la frontière ontarienne à Johnstown. Le douanier est sympathique et paraît étonné de voir deux motards revenant d’Alaska; particulièrement en sport bike. Nous faisons une pause et jouissons de notre retour au pays. Après l’aventure vécue quelques jours plus tôt, nous ressentons une joie d’être revenus chez nous. Une dernière étape reste à accomplir et c’est la route qui nous mène à Montréal. Il fait assez froid à présent et nous devons réchauffer nos mains à l’aide du moteur. Il est samedi 1h du matin à notre arrivée à Montréal. Nous sommes exténués. Nous avons roulé plus de 1 100km et malheureusement pour Francis, sa peine n’est pas terminée : il doit continuer seul jusqu’à Québec. Celui-ci a effectué presque le légendaire Iron Butt!

En conclusion, notre périple se définit par les points marquants suivant : quatre arrestations pour moi plus un accident, et cinq arrestations pour Francis. Eh oui, il s’est fait arrêter entre Montréal et Québec, mais sans conséquence. Nous avons parcouru plus de 14 000 km en 19 jours : la traversée de 15 États américains et de 4 provinces canadiennes en sport bike. Ce voyage nous a permis d’atteindre nos objectifs malgré les embûches. Il sera difficile de le surpasser. Je souhaite à tous de vivre une telle aventure! Pour notre mésaventure du Colorado, nous avons eu un coup de chance finalement. J’ai communiqué avec un avocat du comté et une entente à l’amiable a été convenue étant donné qu’il connaissait personnellement le greffier de la cour. Une simple amende en a résulté. Le prochain objectif sera plus ambitieux encore. Celui-ci commence à prendre forme, mais aucune date n’est statuée pour le moment. À suivre…

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