Dans les listes des routes à faire absolument, il y a presque toujours ce nom, le col du Stelvio. Pour nous Nord-Américains de l’Est, la route US 129, le fameux Tail of the Dragon ou Deal’s Gap, le Blue Ridge Parkway et quelques autres sont inévitablement sur ces listes. Du côté de la côte Ouest, il y a la route qui longe le Pacifique, la California Pacific Coast Highway 1 qui s’étend de Los Angeles jusqu’au nord de la Californie. Pour les moins aventureux, il y a bien sûr Mulholland Drive, qui par sa longueur s’approche plus du Deal’s Gap ou du Stelvio.
La chose qui les rejoint, c’est que ce sont toutes des routes populaires, tant par des émissions télé que par la multitude de vidéos sur les réseaux sociaux. L’immense bassin de vidéos fait que ces routes ont aussi en commun d’être encombrées, de touristes en véhicules récréatifs, de coureurs du dimanche, de familles en caravanes et tout le reste. Le col du Stelvio, Passo dello Stelvio en italien ou Stilfser Joch en allemand, ne fait pas exception. Les fins de semaine d’été, les cyclistes, les autocaravanes et les autobus de touristes se mélangent aux voitures sport et autres familiales.
Alors la question est toujours, pourquoi vouloir y aller? Parce que, évidemment, c’est une des routes les plus populaires parmi les itinéraires proposés par les agences de voyages moto. Ou comme l’avait dit Sir Edmond Hillary à propos de l’Everest, parce qu’il est là. Oui, tout le monde veut la faire!
Mais c’est quoi au juste cette route de montagne? C’est avant tout trois routes d’accès au col qui traverse le massif des Ortles, dont le pic le plus haut fait plus de 3900 mètres, de la plus difficile, la route nationale SS38 qui se trouve du côté du Trentin-Haut-Adige, avec des pentes de plus de 7,4 %, 24,3 kilomètres et surtout 48 virages en épingle. En fait, plus vous montez et plus ça devient difficile, plus serré et technique. La route débute à Prato allo Stelvio et serpente jusqu’à son premier virage en épingle, à l’hôtel Bella-Vista et le dernier tout près du sommet. Il faut bien sûr respecter l’éthique des routes de lacets en montagne. Vous qui montez avez priorité sauf pour les bus. Commencez à compter les virages et souriez, vous êtes photographiés pour sûr!
Au sommet, on retrouve de tout : des kiosques de souvenirs, des cantines ambulantes, des cafés, des restos et des hôtels pour tous les goûts. Et bien sûr, il y a foule : des motos, des cyclistes tous plus en forme les uns les autres, des voitures et quelques autocaravanes. Certains jours, c’est un peu le bordel, tout le monde se déplaçant tranquillement, fouinant dans les boutiques ou allant pour la pose officielle devant la vue de la vallée au nord. Vous pouvez vous assoir sur le muret surplombant la route du col et admirer la technique des pilotes moto ou l’endurance des cyclistes qui grimpent à l’effort.
De l’autre côté du col, il y a la ville de Bormio, dans la province de Sondrio. Sur la route SS38 ou la route de l’Umbrailpass qui mène à Val Müstair, dans les Grisons, en Suisse. Très populaire, l’approche du côté de la Lombardie compte 40 virages en épingle, beaucoup moins serrés et entrecoupés de six tunnels dont un très étroit, contrôlé par un feu. La vue du sommet du col à 2758 mètres, vers la Lombardie, est moins spectaculaire. Du sommet, vous redescendez vers la vallée. C’est plutôt à mi-chemin, là où il y a le Bar Kiosk Nationalpark, bel endroit pour arrêter et prendre un café, qu’on peut admirer la vue magnifique vers la vallée.
Moins connue, la route de l’Umbrailpass rejoint la route SS38 tout près du sommet, aux bâtiments des cantiniers. Jusqu’à tout récemment (2015), la route était en partie en gravier, mais elle est entièrement goudronnée depuis, et de ce fait jouit maintenant d’une surface pavée impeccable. À mi-chemin entre la technicité du versant du Trentin et celui de la Lombardie, l’Umbrail est un col magnifique à faire à moto. Il y a quand même 36 virages en épingle qui demandent une bonne adresse technique. Moins achalandé, il se prête aussi aux balades tranquilles, au-delà de la ligne des arbres. À mi-chemin, la route entre dans la forêt, jusqu’à Santa-Maria en Suisse.
Un beau circuit à faire à moto : départ de Bormio, direction du col du Stelvio, arrêt au sommet et descente vers Prato Allo Stelvio. Ensuite vous empruntez la route vers Sluderno pour vous diriger vers la frontière Suisse à Müstair. De là vous roulez sur l’Umbrailpass pour revenir au sommet, puis à Bormio, votre point de départ. Une petite balade de 103 kilomètres qui devrait durer entre trois et quatre heures, et même plus si comme moi vous arrêtez pour admirer la vue et prendre un ou deux cafés.
Un autre circuit à faire, un grand cette fois-ci : départ de Merano, dans le Sud Tyrol, direction de Prato Allo Stelvio. Après avoir roulé environ 50 kilomètres, vous entamez la montée vers le col du Stelvio, par la route nationale SS38 qui longe la rivière Adige. De là vous amorcez la montée du col du Stelvio, vous arrêtez pour un café et la vue au sommet, puis redescendez vers Bormio en Lombardie. Après un bon repas à Bormio, vous prenez direction Ponte di Legno en passant par le col du Gavia. Moins connu, ce col à 2618 mètres est moins achalandé par la circulation, la chaussée étant plutôt étroite et non protégée. Il y a moins de virages en épingle, 26 au total, mais la difficulté est dans la pente abrupte, en moyenne 7,2 % jusqu’à 16 % et dans l’étroitesse de la chaussée. Il y a des sections très étroites avec des places d’arrêt pour permettre aux véhicules de se croiser. À éviter pour ceux qui souffrent de vertige. Au sommet on retrouve un refuge de montagne, le refuge Arnaldo Berni. De Ponte di Legno vous reprenez direction Merano en passant par Passo Tonale.
Quand je dis un grand circuit, la distance totale semble raisonnable, 285 kilomètres, soit cinq heures de route en respectant les limitations de vitesse. La réalité, prévoyez environ dix heures et ne vous attardez pas trop. Ce n’est pas une balade tranquille, mais une sortie pour les bons rouleurs.
Est-ce que ça vous met l’eau à la bouche?
