Husqvarna Svartpilen 701: La flèche, l’arche et l’archer

Par Charles-Édouard CarrierPublié le

Restart your fire. Ravivez la flamme. Un slogan signé Husqvarna qui veut tout dire. Annoncée en 2018, la version all black de la Svartpilen 701 tient sa promesse de nous faire revivre cette sensation enivrante de piloter sa première moto. À travers les plus beaux paysages du sud du Portugal, entre deux bouchées de pasteis de nata et une gorgée de café attrapée à la volée au comptoir d’un sympathique petit bistro, on apprivoise cette monocylindre unique au design épuré et moderne parfaite pour s’attaquer à la ville.

Le Portugal nous accueille à bras ouverts pour l’essai de la Svartpilen, un mot suédois qui signifie « flèche noire ». Et c’est sur la terrasse arrière du luxueux hôtel Fontecruz Lisboa, sur l’avenue de la Liberté au cœur de la magnifique ville de Lisbonne, que nous attendent les dirigeants d’Husqvarna pour une courte conférence de presse. Nous sommes le troisième groupe de journalistes à passer par là, mais ça ne parait nullement dans l’enthousiasme de l’équipe qui, avec le sourire d’une première fois, dévoile la Svartpilen 701 et revient sur l’histoire de la marque en nous laissant le loisir de multiplier les délicieux tapas et les cocktails à volonté.

Les bons ingrédients

Juste après, au souper, Catherine et moi discutons avec Costa, journaliste canadien d’origine grecque dont la feuille de route en essais routiers est plus qu’impressionnante. Avant de parler moto, c’est la bouffe qui anime notre conversation. Parce qu’ici, tout goûte meilleur : le café, les fruits, les légumes, les desserts, les salades. Chaque bouchée se dévoile tout en saveur. « C’est une question d’ingrédients, explique Costa. Ici, les gens préfèrent la qualité et le bon gout. On veut le poivron tout petit, peu attrayant et gouteux. Alors que nous en Amérique, on cherche ce qu’il y a de plus gros, de parfait, de coloré, même si ça ne goûte presque rien ». Alors si dans l’assiette les Européens ont compris que l’essentiel est dans la somme de toutes les parties, les Suédois l’ont aussi compris en nous offrant la Svartpilen 701 : l’attention portée à chaque détail fait de la toute dernière Husqvarna une réussite tant sur le plan de ses lignes sobres et que sa mécanique complexe. Simple et progressive, comme le résume le fabricant.

Secouer les 75 chevaux-vapeur

Le circuit d’essai est conçu dans le but de tester la machine dans différents environnements : l’autoroute, les chemins sinueux en montagne, le gravier, les routes abimées des quais du port de Lisbonne et la jungle urbaine. Un périple d’environ 150 kilomètres qui nous fait passer du centre de la capitale portugaise jusqu’à Sintra avec ses plages et ses châteaux, puis les montagnes et la campagne. La boucle se termine dans le quartier artistique et à la mode de Lisboa appelé LX Factory, la quintessence du hipster.

Ainsi, nous quittons la ville tôt en matinée pour aller rejoindre la côte. Husqvarna nous emmène à Cabo da Roca, le point le plus à l’ouest du continent européen. Pour s’y rendre, notre groupe s’élance sur l’autoroute. L’entrée sur la bretelle et l’accélération se font sans difficulté, jusqu’en sixième vitesse. Le moteur de 692,7 cm3 à allumage à deux bougies et injection électronique répond instantanément. On le sent confortable et à son aise, même lorsque la vitesse affichée au cadran dépasse largement la limite permise au Canada. Le ronronnement est agréable et, dans mon cas, le son est amplifié par un échappement Akrapovic livré en option.

La technologie au service du pilote

Après une courte pause sur une falaise qui surplombe la mer, on se creuse un chemin à travers les montagnes en suivant un long cordon sinueux qui divise en deux le Parque Natural de Sintra-Cascais. Sans prévenir, la roue arrière de la moto de ma collègue Catherine dérape. À quelques mètres devant moi, dans un virage étroit et très serré, la 701 glisse sur une plaque de sable. Immédiatement, les systèmes d’antipatinage et d’antiblocage prennent le relais pour donner un coup de main à la pilote. Réactif et sans être trop intrusif, ce que me confirmera plus tard Catherine, le système a bien fait son travail et la Svartpilen sort de courbe sans gêne.

Sur cette route du parc national, jusqu’à la station balnéaire Sintra, plusieurs virages se prennent en ascension. Malheureusement, la faible puissance du moteur à très bas régime oblige le pilote à rétrograder souvent pour aller chercher l’énergie nécessaire lorsque la moto est en montée ou lorsque le circuit devient plus technique. J’en profite pour tester la technologie Easy Shift qui permet de passer d’une vitesse à l’autre sans toucher au levier d’embrayage, mais l’expérience ne s’avère pas concluante. Peut-être est-ce que parce que je suis trop habitué à faire les changements de rapport avec le pied et la main, ou tout simplement parce que le clinquement que génère chaque passage me fait grincer des dents chaque fois.

Une bête en ville

Après la campagne, le surf et la mer, on poursuit la journée en milieu urbain. La Svartpilen était à son aise dans les campagnes de Lisbonne, mais c’est dans l’effervescence de la ville que la bête se révèle être la plus excitante à conduire. Les accélérations sont franches et les disques de 320 mm à l’avant et de 240 mm à l’arrière combinés à des étriers Brembo procurent un freinage puissant et contrôlé, grâce à l’ABS offert de série. Un combo parfait pour dynamiser le stop’n go au cœur de la ville.

La position de conduite élevée optimise le champ de vision et le guidon inspiré par les modèles hors route contribue lui aussi à une posture droite et naturelle. Le réservoir à plat, d’une capacité de 12 litres, donne l’impression que l’on est assis sur une moto beaucoup plus large qu’elle ne l’est en réalité. Pour certains, dont moi, ça complique un peu la circulation interfile où je multiplie les « Pas certain que ça passe… ». Ce ne sera toutefois pas un problème pour les pilotes à la confiance inébranlable, d’autant plus que cette pratique n’est pas permise au Canada.

Quant aux commandes au guidon, elles sont toutes facilement accessibles, quoique le klaxon et le commutateur des clignotants sont situés très près l’un de l’autre. Avec des gants le moindrement doublés, on se surprendra à indiquer chaque virage d’un coup de criard. Les feux de jour à DEL, quant à eux, assurent une excellente visibilité de la moto auprès des automobilistes avec qui elle partage la route.

Entre la flèche et l’archer

Si la communication entre le moteur et le pilote se fait sans heurts, c’est une autre paire de manches lorsque ce dernier souhaite interagir avec l’ordinateur de bord. Je n’arrive pas à déterminer si c’est l’angle de celui-ci, la disposition de l’information ou le choix des caractères, mais les informations que donne l’interface numérique s’avère malheureusement bien difficile à lire en plein jour. Grâce au rétroéclairage, le problème se résout lorsque la nuit tombe. Tout de même, essayer de faire entrer tant d’informations dans un si petit espace est une erreur qu’aurait peut-être pu éviter Husqvarna. Puis, les boutons à la gauche du cadran, à partir desquels il est possible de modifier le mode de conduite, désactiver les freins ABS ou naviguer dans l’ordinateur de bord, sont extrêmement difficiles à utiliser même à l’arrêt. Tout était si simple avec l’analogique…

Au fil de la journée, que ce soit lors de manœuvres à très basse vitesse, au moment de la stationner ou encore pour la déplacer et la prendre en photo, la néo-rétro Svartpilen 701 se laisse guider sans la moindre opposition. Avec un poids à sec sous la barre des 160 kg (350 lb), elle est plus légère que les Triumph Street Twin (198 kg) et Street Scrambler (203 kg) ainsi que la Ducati Monster 787 (175 kg). Pourtant, elle est plus lourde que la KTM Duke 690 (148,5 kg), avec qui elle partage plusieurs caractéristiques.

Moto racée cherche pilote passionné

La Husqvarna Svartpilen 701 est une moto résolument urbaine. Parfaite pour les balades en ville et des escapades en solo les weekends. Même si le deuxième ensemble de repose-pieds laisse croire qu’il est possible de faire monter un passager, soyons réalistes, la Svartpilen n’est pas faite pour deux. Pas plus qu’elle n’est conçue pour les grands voyages. Fixer son bagage à l’arrière risque d’être un casse-tête. Heureusement, Husqvarna propose un sac de réservoir sobre, pratique et imperméable suffisamment logeable pour y laisser quelques articles.

De ce voyage éclair, je retiens que la Svartpilen 701 est partout dans son élément, que ce soit sur les pavés abimés en ville, à pleins gaz sur l’autoroute ou sur les chemins étroits et sinueux qui bordent la mer. Ah oui, je retiens aussi qu’au Portugal, on mange la tête des sardines frites et… c’est délicieux. Une agréable surprise, dans les deux cas.

Parce qu’elle reflète en tout point l’excellence du savoir-faire scandinave, la Svartpilen 701 est aussi excitante à regarder qu’à piloter. Le talentueux photographe barcelonnais Sebas Romero, véritable rockstar de l’image avec qui j’ai eu la chance de discuter longuement, a d’ailleurs immortalisé la conclusion de cette journée d’essai routier. Bien entendu, on ne choisit pas une moto parce qu’on est en quête d’un look d’enfer, mais quand Romero nous demande de poser à côté d’un tel engin, il y a des étoiles dans l’objectif, peu importe le sourire qu’on lui envoie.

Avec un prix de détail suggéré de 13 399 $, la Svartpilen 701 est plus chère que des concurrentes chez Triumph, Ducati et KTM. Elle sera en vente au Canada à partir de mai 2019. L’édition Style, quant à elle, ne sera offerte en Amérique du Nord qu’en 2020. Oui, le fabricant, qui a écoulé près de 50 000 unités l’an dernier, tous modèles confondus, a visé dans le mille en décochant sa flèche noire. 

 

Svartpilen 701 – 2019

Fiche technique (selon le constructeur)

Type de moteur : Monocylindre, 4 temps

Cylindrée : 692,7 cm3

Alésage/course : 105 mm / 80 mm

Démarreur/batterie : Démarreur électrique / 12 V 8,6 Ah

Boîte de vitesses : 6 rapports

Alimentation : Injection électronique Keihin, corps de papillon de 50 mm

Réduction finale : 16:40

Refroidissement : Liquide

Embrayage : Embrayage antidribble APTC à commande hydraulique

Cadre : Cadre à treillis tubulaire en acier au chrome-molybdène

Faux cadre : Aluminium

Suspension avant : Fourche inversée WP 43 mm

Suspension arrière : Monoamortisseur WP avec tringlerie

Freins avant/arrière : Frein à disque 320 / 240 mm

Pneus avant/arrière : Pirelli MT60RS, 110/80R18; 160/60R17

Angle de chasse : 25°

Déport du t de fourche : 28 mm

Empattement : 1 436 ± 15 mm / 56,5 po ± 0,6 po

Garde au sol : 164 mm / 6,5 po

Hauteur de selle : 835 mm / 32,9 po

Capacité réservoir : 12,0 l / 3,2 gal

Poids sans carburant : 158,5 kg / 349,4 lb

 

POINTS POSITIFS

Confort du siège sur de courtes distances

Freinage ABS réactif

Accélération surprenante

Feux à éclairage DEL

Son accrocheur

Suspension ajustable en compression et détente

Look épuré

Gamme d’accessoires de personnalisation

 

POINTS NÉGATIFS

Manque de puissance à très bas régime

Ordinateur de bord complexe et difficile à lire

Boutons difficiles à utiliser

Espace passager symbolique

Rétroviseurs peu efficaces

Easy-shift bruyant

Prix supérieur à la compétition

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