De 1200 à 125!

Par Moto JournalPublié le

Par Isabelle Plante, Québec, propriétaire d’une Honda Grom 2014

Durant quelques années, j’ai roulé sur une moto de 1200 cc. J’ai été obligée de m’en départir il y a deux ans. L’automne dernier, j’ai eu l’occasion d’acquérir une moto de 125 cc, que j’ai nommée « Grominet ». Hé oui, elle se devait d’avoir un nom puisqu’elle a besoin de se sentir appréciée et cajolée. Je dis cela parce que lorsque vient le moment « d’ouvrir les gaz », il lui en faut de l’amour pour qu’elle me donne sa pleine puissance du haut de ses 11 chevaux. J’ai appris, durant la saison, à bien chevaucher cette monture, puis voilà que nous décidons, mon conjoint et moi (lui me suit avec notre adolescent de 14 ans sur sa Buell 1200 cc), de partir pour deux jours vers Roberval. Voici notre petite aventure en quelques mots.

Pour commencer, je dois décrire la cavalière : petit bout de femme entièrement vêtue de cuir et qui a du caractère. Je ne suis pas trompe-la-mort, bien au contraire, mais lorsque je décidais de dépasser une voiture auparavant, je n’avais qu’à tourner la poignée et ça se passait tout naturellement. Là, j’ai un tout autre univers à apprivoiser : la patience!

Jour 1 : Nous devons choisir un parcours sur les « petites routes », puisque nous ne pouvons pas emprunter les autoroutes. Nous partons de Beauport et nous roulons vers Saint-Casimir et Saint-Tite. Premier arrêt pour notre dîner au Resto Bar 500 : Saint-Tite. Ils sont à une semaine du festival western et tous les employés sont fébriles et heureux. Tout est délicieux et le service est exceptionnel. Nous continuons par la route 159 vers Saint-Roch-de-Mékinac. Belles courbes sur une route très peu fréquentée. Nous prenons la route 155 vers La Tuque. Je dois aussi vous dire, qu’à tous nos arrêts, on me pose beaucoup de questions sur la moto, et que sur la route, les automobilistes ralentissent souvent pour me regarder. C’est parfait, ça ralentit la circulation et je me sens mieux.

Arrivés à La Tuque, nous nous arrêtons au Tim Hortons. Nous avons parcouru 263 km et il est 16 h. Il nous reste 165 km à faire avant d’arriver à Roberval. C’est à ce moment que je commence à avoir les fesses endolories et à ressentir une certaine fatigue accumulée. Mais il faut se rendre à destination. Nous voici à Lac-Bouchette, 120 km plus loin. C’est un arrêt obligatoire, car nous sommes trop fatigués. Nous reprenons la route pour parcourir les 45 derniers kilomètres et nous arrivons à Roberval à 18 h, après avoir ajouté 428 km au compteur.

Jour 2 : Dans le stationnement de l’hôtel, plusieurs motocyclistes sont en train de préparer leur moto et attendent de voir à qui appartient la minuscule moto. C’est comique de voir leur expression lorsqu’ils me voient arriver toute déterminée, et lorsque je leur explique mon parcours de la fin de semaine. Tu as fait 428 km en un jour là-dessus? Vraiment? « T’es courageuse! » me disent-ils.

Nous partons vers Alma, et non, nous ne faisons pas le tour du lac. Il y a quand même des limites à ce que mon « fessier » peut endurer. Vent de dos, belle journée ensoleillée… Que ça roule bien! Je prends la tête et nous nous dirigeons vers La Baie, pour aller prendre la route 381 et descendre vers Baie-Saint-Paul. Oups! Le vent n’est plus de dos, mais de biais. Il faut savoir qu’avec un vent de face ou de biais, mon Grominet atteint sa vitesse maximale de 90 km/h. Avec les 4 vitesses à embrayer et à rétrograder, mon mollet gauche est souvent sollicité. De plus, imaginez à quelle vitesse va mon Grominet lorsqu’il faut non seulement gérer un vent de face, mais aussi monter une pente de 18% sur 1 km : pas plus de 72 km/h. Ouf! il faut presque que je l’aide avec les pieds comme les Pierrafeu. Je parviens à ne pas trop faire attendre les automobilistes derrière moi et je les laisse souvent passer. C’est plus courtois! Arrivés à Baie-Saint-Paul, nous prenons la route 138 et là, le vent nous fait face! Rendus à Saint-Tite-des-Caps, je bifurque vers Saint-Ferréol-les-Neiges, car le vent de face me cause des difficultés. D’ailleurs, cette route est bien plus agréable.

Nous arrivons chez nous après avoir ajouté 774 km au compteur, brûlé 12 litres d’essence super et dépensé environ 14,50 $ pour tout le trajet. C’est quand même à prendre en considération si on veut faire de la route : air pur, joie de vivre, rencontres, tout cela à peu de frais. Sur ce, au plaisir de vous croiser sur la route et de vous convaincre que, même avec une petite moto, on peut aller où on veut.

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