Voulez-vous m’accompagner?

Par Marc ParadisPublié le

Non, non, je ne veux pas vous demander de m’accorder une danse, mais bien le sujet de l’heure en cette fin de saison : pour ou contre l’accompagnement pour les motocyclistes apprentis?

L’idée en soit n’est pas mauvaise, le mentor guidant l’apprenti, comme dans Karaté Kid! Mais dans notre monde motocycliste québécois (la société distincte), la pédagogie 101 ne vient pas nécessairement avec le permis moto, surtout si on l’a obtenu avant les cours obligatoires! Ici, la réalité diffère de la fiction. Lorsqu’on fait le choix de rouler à moto, il s’agit d’une décision personnelle. C’est notre vie que nous mettons dans la balance et nous en sommes conscients. Que le gouvernement nous demande de jouer les anges gardiens pour nos confrères débutants, c’est une chose, mais qu’il n’y ait pas de balises autres qu’un petit guide (très bien fait en passant) que la grande majorité des accompagnateurs n’ont jamais vu la couleur, me décourage un peu beaucoup…

Nous payons déjà des droits de circuler et assurances plus élevées que la majorité des provinces et États nord-américains, et en plus, il faut former nous-mêmes les nouveaux usagers? Sommes-nous bonasses ou bien aimons-nous trop notre passion/moyen de transport? Avec l’avènement des médias sociaux (ou antisociaux selon les jours), se trouver un accompagnateur, compétent ou pas (le petit guide ne dit nulle part comment faire la différence), devrait n’être qu’à un clic de souris… Mais dans les faits, si vous vous prénommez Roger, habitez dans le fond d’un rang et que vous roulez disons une Tempter 650 1983, vos chances de trouver un accompagnateur sont beaucoup moindres que si vous vous prénommez Samantha, habitez au centre-ville, avez une plantureuse silhouette dans vos cuirs sur mesure (votre photo de profil, bien sûr!) et roulez une S1000RR de l’année. Là, les accompagnateurs (souvent appelés « requins ») feront la file devant chez vous!

Maintenant que vous avez choisi votre accompagnateur parmi la pléiade vous ayant soumis leur candidature (Roger lui attend toujours), la question qui tue : l’accompagnateur doit-il prendre les devants ou encore suivre l’apprenti? Là, les accompagnateurs semi-pros se divisent en deux clans presque égaux. Il faut être devant pour que l’apprenti puisse calquer notre conduite, argumentent les premiers. Au contraire, il vaut mieux suivre le débutant afin de mieux voir ses erreurs et les lui mentionner. Heureusement, mon fameux petit guide répond clairement à cette question : « Tout au long de l’apprentissage, alternez votre positionnement sur la chaussée : en avant pour bien montrer les manœuvres à effectuer et en arrière pour évaluer les progrès. Adaptez alors l’apprentissage en fonction de vos observations ». L’expérience de conduite, ou plutôt ancienneté de conduite, permet de déterminer qui peut devenir accompagnateur (il doit être titulaire d’un permis de moto depuis au moins deux ans), aucune mention des compétences. Donc, logiquement, ma belle-mère, qui aurait conservé son droit acquis sur son permis, mais qui n’a jamais piloté de moto, pourrait accompagner Roger (ils habitent le même rang) avec ma FZ1 que je lui aurais gracieusement prêtée pour l’occasion… OK, c’est un peu extrême comme exemple, mais plausible… Par contre, mon plus vieux, qui a obtenu 97% à son examen l’an dernier et qui pourrait en montrer à bien des vieux de la vieille, n’est pas autorisé à accompagner…

Dans un monde parallèle, du côté des roadsters à trois roues, un permis 6E est délivré après seulement sept heures de formation sans examen de la SAAQ, ce n’est pas loin du temps de mon grand-père qui avait demandé à son frère Armand de lui rapporter son permis de conduire… Tant qu’à parler d’absurdité : d’où vient donc le fameux 11 mois d’attente ou plutôt de formation avant de pouvoir passer son vrai permis? Si un expert de la SAAQ pouvait me l’expliquer, je lui en serais bien redevant, car tout le monde le sait, au Québec, nous ne pouvons rouler du 15 décembre au 15 mars, donc nous pouvons soustraire un trois mois et sachant que dans bien des régions nous ne roulons que de la mi-avril à la fin octobre, nous sommes rendus à seulement six mois de conduite réelle avant l’examen… Un mouvement visant l’abolition des accompagnateurs prend forme au moment où je rédige cette chronique. Le débat n’est pas fini et les défenseurs des deux clans ont de bons arguments… J’ai bien hâte de voir la réforme…

En terminant, quelqu’un pourrait contacter Roger? Il attend dans son entrée de garage avec son blouson Taurus, son casque Bieffe fluo acheté aux puces et ses bottes Kodiak… Ma belle-mère a déclaré forfait pour l’accompagner faute de moto…

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