Build a Legend d’Indian

Par Moto JournalPublié le

Par Marc Cantin

Motos Illimitées, concessionnaire bien connu de la région de Montréal, a remporté la palme de ce concours contre 40 concessionnaires américains et européens qui ont tous créé une moto unique basée sur le modèle Scout.
Les amateurs, juges de première instance, ont d’abord choisi leurs machines préférées sur le site Facebook d’Indian, et trois machines finalistes se sont retrouvées à Daytona au cours du Bike Week 2016. Des journalistes spécialisés ont alors ajouté leur vote et la BoardTracker de Motos Illimitées (MI) a remporté le premier prix.

La machine gagnante se joindra à la réputée World’s Fastest Indian, une Indian Scout 1920 hautement modifiée pour la vitesse par le Néo-Zélandais Burt Munro. Il a ensuite établi divers records de vitesse sur le Grand Lac Salé de Bonneville (Utah) à la fin des années 50 et au fil des années 60. Les deux motos feront partie d’une campagne d’Indian lors du 2016 Hot Bike Tour, du 7 au 11 septembre prochains dans les montagnes de la Caroline du Nord et du Tennessee.

Le règlement stipulait l’utilisation d’une Scout 2016 comme base ainsi que d’au moins trois accessoires provenant du catalogue maison d’accessoires Indian. Rien de plus facile, car les concepteurs de MI ont dû utiliser plus de 100 items provenant de catalogues Indian ou d’ailleurs, et surtout de leur imagination, fabriqués spécialement à cet effet.

Selon Lynn Landry, copropriétaire de MI et chef d’orchestre du projet, « on ne pouvait pas passer outre cette occasion rêvée de démontrer les talents de notre équipe sur la scène mondiale à travers les réseaux sociaux de la grande maison américaine. Il fallait faire le saut, du moins selon mes collaborateurs clés et moi-même lors d’une discussion tard un vendredi soir autour d’un verre de vin… ».

Ajoutons que MI proposait déjà un service de modifications à ses clients, en plus d’exposer diverses motos légèrement modifiées sur le plancher de vente, et de connaître à fond la modification des modèles Scout. Comme l’ajoutait Mme Landry : « La participation au concours découlait logiquement de notre activité de modifications déjà en place ».

Le concours demeure aussi un bon coup pour la maison Indian. Plusieurs grands fabricants, comme BMW, MV Agusta, Ducati ou Yamaha, utilisent des modèles dits « concepts », conçus par la maison ou, de plus en plus, par des spécialistes indépendants comme Roland Sands, la famille Ness ou d’autres spécialistes américains, européens et asiatiques dans le cas d’Indian et de Victory.

Lancées sur les réseaux sociaux et dans les grands événements (Salons de Milan, Los Angeles ou Tokyo, Bike Week à Daytona, Sturgis…), les fabricants font usage de ces machines exclusives pour jauger les réactions du public aux nouveautés.

BoardTracker reprend fidèlement le look des machines qui couraient sur des ovales en bois variant du quart de mille jusqu’à un mille au Motordrome de Los Angeles, où les pilotes atteignaient des vitesses de 160 km/h. Les mécanismes d’ouverture du papillon du carburateur étant fragiles et inexacts à l’époque, les pilotes roulaient toujours plein gaz, utilisant le coupe-feu pour ralentir les machines. Ouille! Sur du bois et des pneus fragiles, en paquets, sans équipements de sécurité adéquats! Imaginez les échardes lors d’une chute…

Ce type de course délirant blessait souvent pilotes et spectateurs. La crise financière de 1929 causa la disparition de fabricants, d’équipes, de spectateurs et de pistes, laissant le sport en ruine quelques années plus tard. Les souvenirs et le look des machines laissèrent cependant des traces indélébiles chez les passionnés, même 80 ans après sa disparition. Et heureusement pour MI, BoardTracker était la seule moto de ce type inscrite au concours, assurant un look unique et nettement différent des autres participants.

Lynn Landry compte sur les contributions de ses deux filles : Kym qui met de l’ordre dans la marée de paperasse financière, logistique et légale, et Kara, à l’imagination créatrice débridée.

Pascal Royer, un autre instigateur du projet (et directeur des ventes chez MI dans ses temps libres…), carbure à la moto depuis toujours. « J’imaginais différentes formes de moto 24 heures par jour. Je portais peu d’attention aux aspects pratiques, un facteur d’une importance capitale lors de la conception d’une machine. Créer une moto est beaucoup plus complexe que dans mes rêves de jeunesse. »

Vincent Ouimet, l’artisan qui crée les machines, participe de près à la conception des machines, puis transforme ces idées en de vraies motos. Il dit vivre son rêve, maintenant à l’aide d’Yves Dugay, qui vient tout juste de s’ajouter à l’équipe pour absorber la charge de travail de plus en plus lourde.

La plus grande partie du travail de réalisation des machines se fait in situ, avec le support de sous-traitants spécialisés pour la peinture, l’usinage complexe, la sellerie et le couchage (Powder Coating). Un poste de travail double (et appelé à grandir), avec outils et équipements spécialisés, maximise la productivité de l’équipe, en plus de permettre de créer des pièces spéciales et de servir de point de démonstration et de fierté pour toute la maison.

Le carnet de commandes combiné aux nouvelles machines imaginées par l’équipe promet un été occupé et des revenus intéressants pour la maison. En plus de créer deux autres BoardTracker vendues récemment, l’équipe doit remplacer les modèles moins criants en montre aux succursales et sur les réseaux sociaux, et qui « bougent » vite. Ils devront aussi réaliser une ou deux toutes nouvelles conceptions délirantes imaginées par l’équipe.

Le succès des activités de modifications en assure un bel avenir, surtout à l’aide des méthodes de gestion proactives de MI. Lynn et son équipe méditent déjà des plans d’expansion et une approche combinée, vers la touche féminine autant que vers les acheteurs plus traditionnels. Ça va bouger, promis!

Des fois, la chance vous sourit!
La finale à Daytona a frôlé le fiasco, alors qu’une pièce lourde s’était détachée dans la caisse qui amenait la BoardTracker à Daytona, causant des dommages importants découverts le jour précédant la grande finale.

Lynn et Pascal ont alors sauté sur le téléphone. Deux amis de MI se sont vite présentés, tous deux à bord de Scout 1938 restaurées à la perfection. Boum : crédibilité béton établie.

Après une courte inspection des dommages, les deux larrons ont déniché le fil de titane de la bonne texture et couleur, et le code de peinture pour réparer les endroits endommagés. Une virée d’une heure pour quérir les pièces, et nos deux larrons avaient remis la machine nickel avant la fin de l’après-midi.

Mission accomplie, et les deux héros du jour disparaissent sur leurs belles Indian. Les gens d’Indian n’en croyaient pas leurs yeux!

Motos Illimitées et Lynn Landry
Fondée en 1993, l’entreprise Motos Illimitées vend aujourd’hui plusieurs marques de motos et autres jouets motorisés. MI dispose de deux adresses, le premier magasin à Terrebonne, sur la couronne nord de Montréal, puis un second magasin à Québec.

Lynn Landry, copropriétaire de MI, a sauté dans le bain des sports motorisés en mariant Jacques Guénette Jr, l’autre copropriétaire de MI. Elle arriva dans notre passion après une belle carrière dans le commerce de vêtements au détail, puis de gestion de vente et de marketing au niveau national chez un grand distributeur de produits cosmétiques.

Son acuité commerciale lui permet de bien sentir sa clientèle et les belles opportunités d’affaires, comme ici avec la modification noble de motos. En plus de gérer le projet, elle le vit et le sent tous les jours.

Le succès commercial sourit aux fonceurs, et Lynn s’approche tous les jours de ses objectifs d’affaires chez MI.

Choisir la machine de base
Afin de garder les prix dans une fourchette raisonnable, il est préférable de choisir une moto de série intéressante et performante, et surtout bien placée au niveau prix-performance. La Scout dans le cas présent accepte bien les modifications simples, comme une peinture exclusive et quelques accessoires, le tout pour entre 2000 et 4000 $.

D’autres fabricants proposent des machines modernes et intéressantes variant de 10 000 à 13 000 $ à l’achat, comme certaines Victory, les Yamaha Bolt, Moto Guzzi V7 et V9, et certaines H-D (Street, Sportster, Dyna et Softail). Les BMW R nineT et R1200R visent le même marché, avec un prix de l’ordre de 16 000 $.

Et en passant, MI travaille aussi sur les autres marques.

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