La détermination à sa plus simple expression

Par Marc ParadisPublié le

L’inspiration pour cette chronique me vient souvent d’une nouvelle, d’un événement dans le monde motocycliste et parfois même d’une simple photo.

Dans la chronique Les infos du mois dernier, je vous parlais du tournage prochain sur la vie de Barry Sheene, le bad boy du Continental Circus. Si Gilles Villeneuve pouvait être comparé à Kevin Schwantz dans sa façon d’approcher chaque course (la victoire avant tout), on pourrait comparer Barry Sheene (né le 11 septembre 1950) à son compatriote James Hunt, deux bons vivants menant le train de vie de rock stars, pour qui tout se devait d’être vécu à fond sur la piste et en dehors bien sûr…

Je me suis donc penché sur le cas de celui qui transforma à sa manière les paddocks. Comme c’est le cas dans d’autres sports, les coureurs sont souvent issus d’une famille… de coureurs. Sheene n’en faisait pas exception; son oncle Arthur étant un professionnel du speedway, de même que son paternel qui, lui, disputait des compétitions sur circuit routier. Suite à sa retraite en 1956, Frank Sheene se consacra à appuyer les carrières de ses compatriotes, dont celle de Phil Read qui se souvient que le jeune Barry ne pouvait s’empêcher de monter sur les motos même si elles étaient d’un gabarit quelque peu imposant pour un jeune garçon de 7 ans!

Ce qui devait arriver arriva : une moto tomba et avec elle le jeune imprudent qui en récolta son premier plâtre (et non, ce ne sera pas le dernier!). Le jeune pilote en devenir se baigna plus d’une fois avec son plâtre, ce qui eut pour effet de le ramollir et il l’enleva bien avant l’échéance, ça aussi, ce ne sera pas la dernière fois…

En 1968, il effectua ses premiers tours de roue en piste, sur des Bultaco 125 et 250 cc préparées par son père. Le but de l’exercice n’était que de familiariser le jeune homme avec la piste de Brands Hatch. À la surprise générale, ses temps s’avérèrent très respectables et quelques semaines plus tard, il y gagnait les deux classes! En 1971, il disputait sa première saison en Grand Prix qui le vit terminer quatre fois sur la plus haute marche du podium. Dans le championnat britannique, Barry domina outrageusement en 1974.

L’année suivante fut marquée par sa célèbre chute lors du Daytona 200. Évaluée à 175 milles à l’heure (plus de 280 km/h), elle était, à l’époque, la chute à laquelle toutes les autres étaient comparées. Qu’il en soit ressorti vivant tient du miracle. Il dira par la suite : « Si j’avais été un cheval, on m’aurait achevé! ». Au lendemain de l’accident, avant d’aller en salle d’opération, il répondit à son chef d’écurie, qui lui demanda comment il allait : « À part mon fémur gauche, mon bras droit, plusieurs côtes cassées en plus des cassures par tassements vertébraux et si j’ajoute mon dos sérieusement râpé… tout va bien! ». Sa rapidité de réhabilitation était phénoménale : il marchait avec des béquilles une semaine seulement après l’opération, sa cuisse tenant en place avec l’aide d’un boulon de 18 pouces et fut de retour en Grand Prix sept semaines après l’accident.

Le fait qu’une équipe de tournage ait été sur place pour tourner un documentaire et captura l’accident sur pellicule (cherchez Barry Sheene crash sur YouTube) fit en sorte que Barry passa de pilote connu dans un cercle restreint à statut de star mondialement reconnue. Cette même année 1975, la célèbre Suzuki RG Gamma débutait en GP500 non sans rencontrer quelques défauts de développement. Quoi qu’il en soit, un Sheene « recollé » parvint à décrocher les deux premières victoires pour son compte et pour celui de la machine.

En 1976 et 1977, il continua sur cette lancée et remporta deux championnats du monde, ce qui lui valut aussi le MBE (Most Excellent Order of the British Empire) de la part de Sa Majesté qui lui dit en lui remettant : « Soyez prudent jeune homme! ». Sheene se battit férocement contre un nouveau rival venu de ce côté-ci de l’Atlantique, Kenny Roberts, et perdit trois années d’affilée.

En 1982, à Silverstone, une terrible collision avec un pilote plus lent le laissa encore plus amoché qu’en 1975, la réhabilitation demandant plusieurs mois de souffrance. La forme ne revint jamais et il accrocha ses cuirs en 1984. Par la suite, il agit comme commentateur et analyste des courses de GP500.

À la fin de la décennie 80, lui et sa famille déménagèrent en Australie, espérant que le climat plus sec ferait du bien à son arthrite, mais un mal bien plus sournois eut raison du double champion. En 2003, huit mois après avoir été diagnostiqué d’un cancer de l’œsophage et de l’estomac, Sheene s’éteignit à l’âge de 52 ans. S’il avait su, peut-être n’aurait-il pas percé ce fameux trou dans la jugulaire de son casque lui permettant de fumer sur la grille de départ…

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