Soixante ans pour les trois diapasons

Par Guy CaronPublié le

Des orgues et pianos, aux hélices d’avion jusqu’aux motos. C’est un parcours évident, vous ne trouvez pas? Torakusu Yamaha est formé dans le domaine de l’horlogerie, mais il utilise aussi ses talents manuels à réparer toute sorte de machines, dont un harmonium. C’est donc un expert en machines à garder le temps qui fonde la Yamaha Organ Manufacturing en 1887. Une dizaine d’années plus tard, l’entreprise change de nom pour la Nippon Gakki Co., Ltd. avec une vue sur la diversification. Les pianos, xylophones et autres harmonicas s’ajoutent au catalogue. Sans jamais avoir eu la chance d’entendre la musique d’une R6 à 16 000 tours ou même le petit mono deux-temps d’une PW50, M. Yamaha s’est éteint en 1916. Lors de la Seconde Guerre mondiale, Nippon Gakki doit contribuer à fournir l’armée japonaise. Une hélice, c’est un peu comme un piano, en tout cas les deux étaient en bois à cette époque… Les hélices de bois se sont bientôt transformées en métal, ça prenait donc de la machinerie pour les fabriquer. Après la guerre, le nouveau président de la compagnie, Genichi Kawakami, veut diversifier les activités et aussi trouver une utilisation à tout cet équipement qui accumule la poussière et à ces ingénieurs qui connaissent plus le travail du métal que les cordes de guitares. Après un tour du monde à la recherche d’idées, le 7 novembre 1953, il est entré au bureau et a lancé : « Sore wa baiku o seizo shite imasu! » D’accord, je donne les sous-titres en français : « On fabrique une moto! » Les ingénieurs vont chercher de l’inspiration en Europe. La RT125 du fabricant est-allemand DKW est choisie comme modèle et la première Yamaha est en fait une version améliorée du petit monocylindre deux-temps. Soit que cette DKW était très intéressante, soit qu’elle semblait facile à dupliquer, car BSA et Harley-Davidson en ont aussi fait des répliques… La YA-1 est apparue en février 1955 et fut tellement populaire, en grande partie grâce à ses victoires aux courses du mont Fuji et de Asama, qu’en juillet de la même année, la division Yamaha Motor Corporation Limited fut créée, revenant au nom du fondateur et avec le fameux logo aux trois diapasons en l’honneur des racines de la compagnie. Dès le départ, la compétition a toujours été vue par Genichi comme l’endroit ultime pour démontrer la validité des concepts et solutions mis de l’avant dans ses motos. Genichi Kawakami est décédé en 2002, mais sa philosophie est restée bien ancrée chez le deuxième constructeur mondial. En 2015, pour les soixante ans du Yamaha que la majorité d’entre nous connaissent, les planètes se sont alignées en compétition pour les pilotes de la firme. L’équipe, formée de Pol Espargaró, Bradley Smith et Katsuyuki Nakasuga, a remporté la victoire aux 8 heures de Suzuka, ce qui a mis fin à une disette de presque 20 ans pour Yamaha à cette course d’une grande importance, surtout au pays du Soleil levant. Romain Febvre s’est imposé au championnat du monde de motocross, remportant la classe reine du MXGP après cinq ans de domination KTM. Chez nous, c’est Matt Goerke qui s’est offert le numéro un en MX1. Dans la nouvelle série MotoAmerica chez nos voisins du sud, les quatre classes ont étés remportée par des pilotes Yamaha : Cameron Beaubier en Superbike, Jake Gagne en Superstock 1000, JD Beach en Supersport et Joe Roberts en Superstock 600, tandis que de l’autre côté de l’Atlantique, Josh Brookes a remporté le titre Superbike en Angleterre sur sa R1. Et il ne faut surtout pas oublier le MotoGP où Valentino Rossi et Jorge Lorenzo ont offert la triple couronne avec le titre des manufacturiers, d’équipe et de champion à Yamaha. Au moment d’écrire ces lignes, il reste la course de Valencia qui décidera de l’issue de cette saison forte en rebondissements. Je m’imagine une conversation dans une autre dimension qui va comme suit :

Torakusu : « Moi, je te le dis, ça va être Jorge! » Genichi : « Sauf votre respect, moi je crois que ça va être Valentino. » « Mais voyons, Genichi-San, il part de la dernière position sur la grille! » « Excusez-moi, Yamaha-San, je dois me rendre à mon rendez-vous avec Neptunus. Nous devons discuter de la météo qu’il fera à Valencia ce dimanche à 14 h justement. »

(Neptunus : Dieu de la mythologie romaine qui contrôle les eaux vives et donc aussi la pluie, surtout la pluie abondante.)

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