La ride des gentlemen distingués

Par Marc ParadisPublié le

Le 29 septembre dernier se déroulait dans plusieurs villes (38 pays) du monde entier une randonnée ayant pour but d’amasser des fonds pour la recherche sur le cancer de la prostate. Comme je le mentionnais dans ma chronique Sans détour du mois de juillet, présentez-moi une bonne cause et une idée originale pour amasser des fonds et vous me trouverez sur votre chemin. C’est ce bon vieux Renaud Lemieux (Mr Roadster lui-même) qui m’apprit qu’un groupe se formait pour la ville de Québec à un peu moins de deux semaines d’avis. Le concept est simple : un point de rendez-vous, des motocyclistes habillés en gentleman (lire complet cravate, souliers vernis et pantalons), prêts à couvrir une distance d’environ 30 km sur des motos entrant principalement dans les catégories suivantes : café racer, bobber, brats, classique, rétro ou encore toute moto customisée. De là vint ma principale préoccupation : qu’allais-je rouler? Même si prendre la route protégé d’un simple casque ouvert et d’une paire de gants ne m’inspire pas confiance, le fait de rouler à basse vitesse entouré de passionnés me rassura un peu… Il est hors de question que je me pointe sur ma Z750, une moto trop hors contexte. Les autres motos dans mon garage étant des pures hors route, je dus donc donner quelques coups de téléphone afin de me dénicher une moto plus appropriée. C’est en clavardant avec Pascal Bergeron d’Enduro KTM que l’idée me vint de lui emprunter son Duke démo qui, en quelque sorte, constitue l’incarnation du café racer du 21e siècle (voir encadré).

Une fois le problème de la moto réglé, il ne me restait qu’à m’inscrire et à prendre contact avec l’organisateur local (le mouvement a pris naissance en 2012 en Australie) Jean-François Brideau, un sympathique Néo-Brunswickois, dont la bonne vieille GS400 1978 a connu de meilleurs jours décida que Québec se devait d’avoir aussi ses représentants. Après quelques modifications au qu’il dut apporter au parcours quelques heures seulement avant la date fatidique, le point de ralliement se situera finalement au Cercle sur la rue Saint-Joseph, dans la basse-ville de Québec à 10 h, départ sur les douze coups de midi. En tournant au coin du boulevard Dorchester, je n’aperçois qu’une seule moto, la GS de J-F, dont le propriétaire commence à se demander si nous serons vraiment aussi nombreux que prévu (nous attendions une vingtaine de motos). La Duke et la GS forment un couple bien disparate durant près d’une demi-heure quand soudain, le son d’un twin parallèle se fait entendre au loin, c’est Steve Huot sur sa Triumph Bonneville. Peu de temps après Patrick Collet se pointe avec son compère de chez Bécique à gaz Speeedbird, leur studio de création mécanique lui aussi sur une Triumph récente (empruntée à un ami pour l’occasion). Arrive ensuite Renaud sur sa Ducati Sport 1000S rouge éclatant. Le sourire apparait finalement sur le visage de Jean-François, la ride aura bien lieu. Plus le temps passe et plus le nombre de motos devient imposant. Avec l’arrivée par groupe des motos des ateliers spécialisés Hard Core Cycles venus de Donnacona et Purebreed Cycles de Granby, le compte y est, nous serons donc plus de 40 motos pour la parade! Bien entendu, l’occasion se prête bien aux comparaisons entre les motos et chacun y va de son commentaire sur l’une ou l’autre des créations présentes. Si certaines machines sont des restaurations fidèles à l’originale, d’autres sont de véritables œuvres d’art et d’ingéniosité. Le mouvement café racer semble bel et bien en vie et sur une lancée… ce qui me donne l’idée d’approfondir le sujet dans les prochaines parutions… 

Sentant midi approcher, mon estomac me commanda de me trouver quelque chose afin de l’apaiser… Heureusement, une pâtisserie située en face de notre regroupement devrait pouvoir me fournir quelque chose de consistant. Une fois rassasié, je m’aperçois que les photos de groupe ont été prises sans moi! Le temps d’avaler ma brioche, d’enfiler mon casque et mes gants et le départ est donné. On a beau avoir les meilleures intentions du monde, une « gang de prostateux » sur des motos ne demandant qu’à prendre des tours, ça ne donne pas une parade trop statique. Au premier carrefour, les systèmes d’échappement se font entendre et la manière dont nous accélérons n’a rien à envier à un groupe de motos sport, disons… Avec l’aide de participants qui bloquent les intersections pour nous permettre de passer sans nous arrêter, nous cheminons rapidement à travers la basse-ville. La traversée du pont-tunnel Joseph Samson fut un choix judicieux de la part de notre Gentil Organisateur. Chacun y allant d’une montée en régime pour faire apprécier la « mélodie » de ses échappements. Bien que je ne sois pas un amateur de motos bruyantes, un petit tour de tunnel envahi par des motos constitue tout de même une expérience unique. Il faut dire que je ne sors pas souvent en groupe, mais cette fois-ci une chose attira mon attention, les gens sur notre passage souriaient, nous envoyaient la main et nous prenaient en photo. Était-ce dû à nos motos sortant de l’ordinaire, de la quantité de motos ou bien encore de nos accoutrements inhabituels? Je dirais un peu des trois, au moins nous ne semblions pas déranger dans le mauvais sens du mot… Nous empruntons donc le boulevard Champlain jusqu’au quai des Cageux. En ce beau dimanche midi de septembre, le stationnement déborde, mais comme une moto peut se stationner là où une automobile ne le pourrait pas, nous réussissons à faire entrer la totalité de notre procession dans le stationnement bien tenu par un agent de sécurité en Segway. Il nous a même félicités pour notre belle organisation, jusqu’à ce que Pat de Hard Core Cycle se décide à tirer un petit burn avec sa XS650 bobber! Retour sur Champlain jusqu’à la côte Gilmour qui nous fait contourner les Plaines d’Abraham (les motos y sont bien sûr interdites). Nous descendons la rue Cartier pour bifurquer sur Saint-Jean jusqu’à l’autoroute Dufferin-Montmorency. Nous contournons la resplendissante fontaine de Tourny pour finalement nous arrêter à notre destination sur Grande Allée : la Taverne (qui accepte les dames!). Plusieurs passants furent donc sensibilisés à la cause, mais ils furent surtout attirés par ces motos sortant de l’ordinaire…

En date où j’écris ces lignes, l’objectif mondial de 250 000 $ australiens fut dépassé (plus de 277 000 $). Ce montant peut sembler minime lorsqu’on considère les couts exorbitants engendrés pour la recherche médicale. Qu’à cela ne tienne, l’an prochain nous y serons encore plus nombreux et avec plus de temps pour amasser nos commandites…

Si la première Ride de filles organisée par Sylvie Brisebois avait monopolisé 49 participantes en 2009, elles étaient 150 cette année et ont amassé  53,710 $. Le défi est lancé pour 2014, les gars!


KTM Duke 690 : la moto politically incorrect?
Au printemps dernier, lorsque Guy partit en mission à New York essayer la première Duke 2014 importée au Canada (MJ juin 2013), j’étais un peu (pas mal) jaloux. Même si rouler à des températures sous zéro ne me fait pas vraiment jubiler, je me promettais bien de parcourir moi aussi quelques kilomètres à son guidon. L’occasion se présenta finalement en septembre sous la forme d’une version, disons, pas mal libérée… Lorsque Pascal d’Enduro KTM me dit de passer un peu plus tard que prévu pour en prendre possession, cela m’a mis la puce à l’oreille. La Duke que j’aurais le plaisir de piloter sera équipée du Tuning kit factory qui comprend bien sûr le kit graphique, mais aussi un arbre à cames, une boite à air et un filtre hautes performances, un silencieux et collecteur en titanium Akrapovic et la programmation cdi. Bien que le son émis par l’échappement pourrait être qualifié d’agressif, ces modifications  transforment la bête en méchante bête! Les wheelies, volontaires ou pas, deviennent la norme… il faut donc se responsabiliser… L’étroitesse de la machine combinée au caractère joueur du mono me transforme presque en danger public! Pas vraiment une moto de parade, mais elle attirait les regards au milieu des café racers… Bien que cette moto n’ait pas été conçue dans un but touristique, j’envisagerais bien une randonnée d’une journée tant la nouvelle selle offre un maintien qui peut être qualifié de confortable. Mais le but premier de cette moto est de vous accrocher un sourire chaque fois que vous la montez et sur ce point, elle réussit sa mission à 100 %. Et pour le politically correct, on repassera!

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