Honda CBR250R: Sur piste et sur la route

Par Neil GrahamPublié le

Les petites motocyclettes sont de retour. On voit de plus en plus de modèles de 500 cc ou moins dans nos grandes et nos petites cités. Cet été, on saute la clôture et on roule nous aussi en petite moto.

Dans l’équipe de Moto-Journal, il n’arrive pas souvent que nous ayons tous la même opinion, et c’est très bien comme ça parce que ça provoque des échanges passionnés et créatifs. Mais pour cet essai à long terme, nous sommes unanimement tombés d’accord : ce sera la Honda CBR250R.
Les petits cylindrées sont très tendance ces temps-ci dans les magazines de moto. Elles ont de la gueule, elles sont économiques, faciles à conduire, maniables dans la circulation urbaine, faciles à stationner. Mais comment se comportent-elles à long terme, et pour la conduite sur de plus grandes distances? Pour le savoir, nous avons décidé de rouler tout l’été en CBR250R. Nous vous donnerons le fruit de nos cogitations dans un prochain numéro.

Michael Uhlarik a participé au lancement de la Honda 250 en Californie et il a eu un coup de foudre. Malgré la pluie (et le fait qu’il avait oublié ses imperméables…), il a écrit dans notre numéro de mars qu’il avait été enchanté par cette petite machine. Michael affirme que les petites motos peuvent faire presque tout ce que font les grosses. Il a même dit qu’il était prêt à rouler de Toronto à Halifax sur la 250. Maintenant que c’est écrit ici, il n’a plus le choix! Quant à Neil Graham, il a fait un premier essai en piste (voir l’encadré) et il prévoit récidiver.

Pour lancer le projet, Neil est allé faire une première promenade avec la jolie Molly Lang, qu’on apercevait sur la page couverture de notre numéro de mars. Molly roulait sur sa Ninja 250 et Neil sur la Honda, mais ils se sont souvent arrêtés pour changer de machine. Avec sa candeur d’adolescente, Molly a dit que la Honda avait « un peu l’air d’un jouet ». Elle n’a pas aimé non plus le style triangulaire du silencieux et du pare-chaleur. Elle préfère le chrome de l’échappement de sa Ninja. Les testeurs de magazines ont souvent le réflexe de se coucher sur le réservoir pour découvrir la vitesse maximale des petites motos qu’ils essaient. Neil et Molly ont plutôt décidé de rouler à vitesses normales (rarement à plus de 110 km/h) sur des petites routes qu’ils avaient choisies. Molly préfère la légèreté du levier d’embrayage de la Honda. Par contre, avec ses petites mains, elle atteint de justesse le levier de frein avant, non ajustable. (Ses pieds sont petits aussi – avec le talon des bottes appuyés à l’arrière des repose-pieds, elle ne peut pas atteindre directement le frein arrière et le levier de vitesse. Elle doit à chaque fois soulever le pied et le déplacer vers l’avant.)

À 100 km/h, le moteur de la Ninja tourne à régime plutôt élevé – 8000 tr/min, soit 2000 de plus que celui de la Honda. Molly reconnaît que le moteur de sa Kawasaki est assez excité, mais on s’habitue, dit-elle. Quant au monocylindre de la Honda, on pouvait s’attendre à ce qu’il soit plus convivial pour les pilotes moins expérimentés, comme Molly, surtout à bas régimes. Il est vrai que la Honda a plus de couple à bas régime que la Kawasaki, mais Molly trouve que l’accélérateur de la Honda est sensible et qu’il est plus difficile de faire un dosage précis. Bon point. Avec la combinaison bons vieux carburateurs et puissance modérée à bas régime, la Kawasaki est plus facile à contrôler au démarrage et à basses vitesse que la Honda à injection. Par contre, pour monter des pentes urbaines abruptes, la Honda fait preuve d’une souplesse nettement supérieure – avec la Ninja il est plus crucial de choisir le bon rapport de vitesse et de faire monter le régime.

Lors du lancement de la Honda, Michael Uhlarik avait souligné la qualité de construction et l’attention portée aux détails de la Honda. Molly est moins enthousiaste parce qu’elle trouve qu’elle a l’air trop petite. « Par contre, la Ninja a l’air d’une moto de format normal, explique-t-elle. En plus, il n’y pas de logo qui indique la cylindrée, donc personne ne le sait… ». Il est vrai que vue de l’extérieur, la Ninja a l’air plus grosse, mais à partir du poste de pilotage, les deux machines semblent de taille très semblable. Molly préfère le tableau de bord analogique de la Ninja (sur la Honda, l’indicateur de vitesse est numérique). « Je n’aime pas les bidules numériques », explique Molly, ce qui nous surprend un peu venant d’une jeune fille qui envoie un million de textos par jour…

« Quand je vais à l’école en moto, les garçons me demandent toujours de leur faire faire un tour… », dit Molly. Bien sûr, elle refuse, en expliquant qu’elle n’a pas le droit. Dans le stationnement de l’école, la plupart  des autres motos sont des hors route ou des petites cruisers. En voyant sa moue quand elle prononce le mot cruiser, Neil lui demande ce qu’elle pense de ces motos. Sa réponse est limpide : « Les vieux aux cheveux gris avec des bedaines qui roulent en cruiser n’ont rien d’attirant…! ». Heureusement que Neil n’est pas gros… La moto dont rêve Molly, c’est une KTM RC8. Elle aime ses lignes anguleuses. En bons journalistes toujours prêts à conseiller les jeunes, nous songeons à lui dire que ce n’est pas une moto très pratique et qu’elle ne pourrait pas prendre de passager. Mais nous ne disons rien. Molly a déjà tout compris cela.

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En piste, Neil Graham est beaucoup plus compétitif que talentueux. Mais ça ne l’a jamais dérangé…
Piste de Roebling Road, en Géorgie. Officiellement, il s’agit d’un circuit fermé réservé par Honda pour permettre aux pilotes d’évaluer le freinage, la tenue de route et je ne sais quoi d’autre. Mais pour moi, qui dit piste dit course… Et comme nous roulons tous sur des CBR250R identiques, c’est le talent de pilotage qui va faire la différence. C’est pour ça que je suis nerveux…

Ce n’est pas une vraie course avec drapeau et ligne de départ. Mais quand on voit passer quelqu’un qu’on pense pouvoir clencher, on peut courir après pour le dépasser, et l’humilier si possible… C’est ce que je fais. Mais j’ai choisi le mauvais pilote. C’est un Québécois qui s’appelle Michel Deslauriers et il est mince comme une échalote. En roulant aussi vite que je peux, je réussis à le suivre de près, mais pas à le dépasser. Je décide de rentrer aux puits pour parfaire ma stratégie…

Il y a Costa qui est là, mon ancien patron à Moto-Journal. Je lui demande à quel endroit il freine avant d’entrer dans le virage numéro un. « Je ne freine pas » qu’il me répond… Fort de cette précieuse information, je retourne en piste à la poursuite du léger Québécois. Puis je le dépasse en criant dans le virage numéro un! Trois tours plus tard, il reprend la tête. Pendant 10 tours, j’essaie de le redépasser, sans succès. Je suis inconsolable!

Dans les puits, Deslauriers me dit qu’il pense que je suis un bien meilleur pilote que lui. Je suis sûr qu’il se moque de moi. Il ajoute que s’il est plus rapide, c’est juste parce qu’il est plus léger. C’est ça, il dit que je suis gros en plus…! Mais il a peut-être raison de dire que je suis un bon pilote. Alors je retourne en piste. Et je me fais dépasser par Costa (au moins aussi lourd que moi) et par Bertrand Gahel (dont l’aérodynamisme est comparable à celui d’une porte de garage).

Plus tard dans la journée, je retourne jouer le même petit jeu avec Deslauriers. Je mène, il suit, il me dépasse, et je le suis de près, sans jamais réussir à le redépasser. Il y a trois courbes qu’il prend plus vite que moi et je recule à 4 m derrière lui, puis trois autres où je remonte et réduis l’écart à 2 m. Décidément, je n’ai pas assez de technique, mais je pourrais peut-être compenser en posant un geste désespéré. Comme « oublier » de freiner dans un virage et le pousser à l’extérieur de la piste. Plus tard, aux puits, ou dans l’ambulance, je pourrais dire que c’est un accident de course. Bien sûr je ne le fais pas. Même si j’ai l’impression qu’il se moque de moi, je me dis que c’est peut-être un bon gars, au fond. Mais à la fermeture de la piste, je le revois aux puits qui sourit malicieusement. Il m’énerve. La prochaine fois, ce sera la bonne.

La piqure, vous dites?
Lorsque je suis reparti du Centre Honda Frank et Michel de Boischatel, en accélérant sur le boulevard Sainte-Anne, une méchante guêpe en profita pour venir me darder dans le cou, juste en dessous du casque. Je ne sais pas si cela a un rapport, mais cette petite moto m’a réellement donné la piqure. Non, elle ne n’offre pas d’accélérations foudroyantes et ne performe pas de power wheelies, mais pour la quantité de sourires au cc elle demeure imbattable. Premièrement, en remontant la côte sur l’autoroute de la Capitale, elle réussit à se maintenir au flot de la circulation, ne nécessitant de rétrograder que d’un seul rapport. Je me suis même permis quelques dépassements en me rendant aux « équerres » entre Tewkesbury et Saint-Gabriel-de-Valcartier. Cette section de route, très prisée par les motocyclistes de la Vieille Capitale amants de courbes, me permit de m’amuser à coucher la petite CBR à volonté, tout en enroulant la poignée droite à chaque sortie de virage, sans crainte de voir l’arrière se dérober. Comme monture urbaine ou pour un moyen économique de se rendre au boulot tout en s’amusant ferme, la CBR ne peut mériter que des éloges. En roulant, je me disais qu’une version 400 cc serait encore plus amusante, ce doit être l’effet de la piqure!

Marc Paradis

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