Moto Guzzi V7 Café Classic vs Honda Shadow RS

Par Moto JournalPublié le

Cruiser contre café racer

Une Italienne qui se prend pour une Anglaise. Une Japonaise qui se prend pour une Américaine. Trouble de personnalité en vue?

La Honda Shadow RS et la Moto Guzzi V7 Café Classic sont deux motos très différentes. La Honda est une imitation de Harley-Davidson Sportster, la Guzzi est une réinterprétation des café racer. Pourquoi les comparer alors? Parce qu’elles ont en commun le fait de faire revivre à la sauce moderne, ou plutôt relativement moderne, deux grands classiques du motocyclisme.

Là où les choses deviennent plus compliquées (et plus amusantes…), c’est quand on réalise que c’est un fabricant italien qui reprend un concept on ne peut plus british, le café racer. Et que c’est un fabricant japonais qui imite une icône américaine, la Sportster. La vie est parfois surprenante…

Visuellement, la Shadow prend son rôle d’imitation de Sportster très au sérieux. Quand on la voit de côté, appuyée sur sa béquille latérale, elle a de la gueule. Les lignes sont bien équilibrées et les pièces s’harmonisent les unes aux autres avec naturel. On serait à peine surpris de voir James Dean sortir d’un café et l’enfourcher en nous jetant un regard ténébreux.

Côté performances, on est aussi plongé dans une autre époque… Quand Harley a lancé ce modèle, en 1957, la Sportster était l’une des motos les plus rapides sur le marché. Or, la Shadow d’aujourd’hui a sans doute une puissance comparable à celle des premières Sportster. En ce sens, Honda est fidèle à l’époque… Mais selon les normes actuelles, on peut dire que les performances sont plutôt timides. Par contre, le bicylindre en V de 750 cc est doux, efficace et silencieux.

Avec la Café Classic, Moto Guzzi reprend le look d’un de ses propres modèles des années 1970, la V7 Sport, elle-même inspirée des café racer britanniques. Visuellement, la nouvelle Guzzi se distingue de la V7 Sport originale principalement par sa selle solo et ses silencieux relevés. Avec son guidon bracelet, ses repose-pieds haut perchés, ses cylindres proéminents et son fini vert lime, elle a un caractère latin très affirmé. La Shadow a presque l’air d’une jeune écolière discrète à ses côtés.

Comme la Sportster, la V7 Sport des années 1970 était dominante à son époque. Elle a même enregistré des records de vitesse (et on dit qu’elle a été la première moto de grande production à franchir le cap des 200 km/h). Le moteur de la Guzzi d’aujourd’hui ne servira jamais à établir de nouveaux records, mais il ne manque pas de caractère.

En fait, pour les deux machines, on peut dire que les moteurs – de 750 cc chacun – sont de puissance raisonnable, sans plus. Les deux accélèrent avec aplomb dans les premiers rapports, mais ils s’essoufflent à vitesses plus élevées, surtout la Shadow. Honda ne donne pas la puissance pour ce modèle, mais elle est probablement tout juste supérieure à 40 ch. Son moteur refroidi par liquide compte trois soupapes et deux bougies par cylindre. La Guzzi produit 49 ch selon la firme. Son moteur est refroidi à air et il est alimenté via deux soupapes par cylindres, actionnées par poussoirs.

Même si elles font tout pour avoir l’air anciennes, ces motos sont quand même passablement modernes. Elles ont un démarreur électrique, un système d’injection électronique (qui fonctionne très bien) et des freins efficaces. La Guzzi compte sur des Brembo, avec étrier à quatre pistons pour le disque avant. La Honda est munie d’un frein arrière à tambour et d’un disque avec étrier à deux pistons à l’avant. Sur les deux machines, les freins sont faciles à doser et suffisamment puissants pour assurer des arrêts rapides.

Côté suspension, les motos ont des fourches conventionnelles à l’avant et deux amortisseurs à ajustements limités à l’arrière. On peut ajuster la précharge des ressorts sur les deux, et l’amortissement en détente sur la Guzzi. L’entraînement final est par chaîne sur la Honda, et par arbre sur la Moto Guzzi.

Comme on pouvait s’y attendre, sur la route, nos deux modèles affichent des comportements très différents l’un de l’autre. Dès qu’on monte en selle, la Honda donne l’impression d’être petite et sa discrétion se ressent aussi en conduite. Dans la circulation urbaine, elle met à profit sa petite taille et sa bonne accélération à basse vitesse pour se faufiler avec agilité. Sur les routes secondaires, elle permet de faire des randonnées agréables et tout en douceur.

La Guzzi a une âme de sportive et elle le fait sentir dès qu’on prend place et qu’on se penche pour agripper le guidon bas. Sur une route en lacets, on peut avoir beaucoup de plaisir à exploiter sa tenue de route solide et prévisible et ses freins efficaces. En plus, le bicylindre émet une sonorité rauque enivrante, et la selle est confortable.

Comme nous l’avons dit, ces deux motos offrent une puissance limitée par rapport aux critères actuels. Mais elles sont tout de même en mesure de donner de solides accélérations jusqu’à une certaine vitesse, et elles offrent une bonne tenue de route. Pour la conduite urbaine, elles sont particulièrement rapides et maniables. Pour les longues randonnées sur l’autoroute, elles sont moins appropriées. On sent beaucoup le vent sur la poitrine avec la Shadow. La Guzzi s’en tire mieux à ce chapitre parce que sa position de conduite permet de s’appuyer sur l’air.

Le style sera bien sûr un critère important pour choisir un de ces deux modèles parce c’est là la première raison d’être de ces machines. À moins de ne pas aimer le vert Legnano de la Moto Guzzi V7 Café Classic, la plupart des gens la trouveront sans doute très réussie. Elle a juste ce qu’il faut de touches de chrome et elle dégage une impression de machine athlétique. Cela se reflète d’ailleurs dans son poids très raisonnable de 198 kg (437 lb), tous pleins faits. Somme toute, la Guzzi est un très bel hommage au style classique des café racer.

La Honda Shadow RS a aussi l’air compacte et relativement légère. Toutefois, avec ses 230 kg  (507 lb), elle est passablement plus lourde que la Guzzi. Nous avons déjà déclaré dans un précédent numéro que les Sportster de Harley-Davidson atteignaient un idéal en matière de pureté des lignes, et que peu importe ce qu’on peut penser de leurs performances, elles touchent à l’essence même du motocyclisme : pur, simple, masculin. Avec son fini gris métallique et ses lignes harmonieuses, la Shadow rend un hommage réussi à ce grand classique américain.

Cela dit, force est d’admettre que la Honda Shadow RS n’est pas une moto qui génère beaucoup d’émotions. Elle est facile à conduire, elle vous transportera de manière très efficace dans la circulation urbaine et sur les petites routes, et elle a de la gueule. En plus, à seulement 8899 $, il vous restera assez d’argent pour acheter les cuirs dont vous avez toujours rêvé. Mais est-ce qu’elle a assez de sex-appeal pour vous donner le goût de décoller à 6 h du matin le samedi pour aller rouler vers l’inconnu? Sans doute pas.

La Moto Guzzi a aussi le look de l’emploi, mais elle coûte 2000 $ de plus (10 895 $ pour le modèle 2010). Par contre, il y a pas mal plus de chances qu’elle vous donne envie de quitter la douceur du lit conjugal pour aller clencher sur des petites routes le samedi matin. Et cette raison à elle seule justifie que nous la déclarions la gagnante de ce test comparatif.

Bien sûr, on pourrait prendre le 2000 $ économisé pour acheter la Shadow et l’investir pour donner un peu plus de punch à son moulin paresseux. Avec 20 ch de plus, la cruiser de Honda deviendrait sans doute nettement plus excitante à conduire. Mais, comme on dit, avec des si, on mettrait Paris en bouteille…

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