Commando, la dernière Norton

Par Moto JournalPublié le

Sortie en 1967, la Commando avait pour mission de sauver la marque, mais la santé financière chancelante de la compagnie imposa de telles contraintes au niveau du développement et de la fabrication qu’elle hypothéqua la fiabilité des motos et son propre avenir. Norton ne cessa cependant jamais d’améliorer la Commando qui gagna en qualité au fil des ans. Les derniers modèles furent donc les plus aboutis. Mais pour Norton, il était trop tard…

Engagée pour développer à la hâte un nouveau modèle dont Norton avait bien besoin, l’équipe technique présente au salon de 1967 la Commando 20M3. Elle sera commercialisée l’année suivante.

Elle fut favorablement accueillie par la presse britannique qui voyait là une machine performante capable de prendre sa place en matière de grosse cylindrée au niveau mondial. D’ailleurs, pendant 5 années consécutives, elle sera nommée meilleure moto de l’année par Cycle News. Ailleurs dans le monde, elle est reçue comme une bonne machine. Elle séduit d’emblée par ses lignes et sa puissance, et bénéficie d’une longueur d’avance au niveau de sa partie cycle face à une concurrence japonaise chez qui la tenue de route reste aléatoire. Mais avec l’accroissement de la puissance les choses vont se gâter pour Norton.

Norton ne pouvant s’offrir une propulsion entièrement renouvelée, la Commando reprend un moteur dont l’architecture remonte à près de 30 ans. Le bicylindre développé en 1948 avait une puissance initiale de 497 cm3 et sera utilisé sur différents modèles Norton, dont la Dominator et la SS. Il subira également des augmentations de cylindrée allant jusqu’à quasiment doubler sur l’Atlas qui sort à 750 cm3 en 1962, mais à cause de vibrations dévastatrices aussi pénalisantes pour l’agrément que pour la fiabilité, sa carrière sera abrégée. La boîte de vitesse conçue dans les années 30 est séparée du bloc-moteur et a bien du mal à supporter la trentaine de chevaux, ce qui causera bien des soucis. Jusqu’en 1975, la sélection croissante des vitesses se fait en descendant. 1973 est une année charnière puisque la cylindrée est portée à 850 cm3 et la moto est équipée du nouveau moteur Combat, une puissance accrue mais au prix d’une dramatique fragilité. La moto est aussi dotée d’un frein à disque, de carburateurs Amal de 32 mm, et d’un démarreur électrique qui fut un fiasco mais qui par chance était doublé du traditionnel kickstarter. L’image de fiabilité de la Commando se trouva alors irréversiblement entachée face à une concurrence qui approchait les normes de l’industrie automobile.
 
Si la partie mécanique fait preuve de conservatisme, la véritable innovation provient de la partie cycle nantie du système Isolastic. En effet, pour contrer le travail dévastateur des vibrations l’équipe conçoit un système dont l’originalité réside dans le fait que le moteur, la transmission, le bras oscillant et la roue arrière forment un ensemble intégré isolé et relié au cadre tubulaire par trois jointures souples composées de blocs de caoutchouc. Ce montage permet au moteur de vibrer dans un sens vertical, mais limite les mouvements latéraux afin de préserver une bonne tenue de route. Il demande toutefois un réglage ardu pour être efficace entraînant ainsi d’énormes divergences quant à l’appréciation des vertus du système. Il faudra attendre 1975 avec la 850 MK3 pour qu’apparaisse le réglage « externe » de l’Isolastic.

André Lemay se souvient de l’époque où l’importateur et distributeur Norton pour le Canada était établi sur la rue Sally à LaSalle. Il y travaillait comme représentant commercial. En 1975, la compagnie britannique ne put éviter la faillite et la Commando cessa d’être vendue au Canada, elle continua cependant d’être assemblée en Angleterre jusqu’en 1977. Au final, elle aura été produite sous plus d’une douzaine de modèles différents, dont certains spécifiquement pour les marchés américains et australiens.

Les points faibles des différents modèles de Commando sont maintenant bien connus et susceptibles d’être corrigés pour la plupart d’entre eux. Mais surtout, et depuis l’arrêt de sa fabrication, les spécialistes de tous horizons et amoureux de la marque n’ont cessé de les améliorer pour les rendre plus fiables et agréables. Robert Bariteau de Moto LeMoyne à LeMoyne fait partie de ceux-là! Il est possible de trouver des pièces de refabrication de qualité très diverses et pour lesquelles il faut s’attarder au choix du fournisseur. Elle constitue une magnifique pièce pour le collectionneur.

Trois modèles sortis pour le marché américain

Le modèle S sorti de 1969 à 1971 avec un moteur de 750cc  avait une allure de scrambler. Il était doté d’un réservoir plus petit, d’une selle classique et de 2 échappements relevés sortant sur le côté gauche.

Le modèle R sorti en 1969 est très rare. Similaire à la Fastback pour l’essentiel, il s’en distingue par son guidon relevé, son petit réservoir de 10 l, et son garde-boue haut.

Le Hi Rider sorti de 1971 à 1973 avec le moteur de 750cc, puis de 1973 à 1975 avec celui de 850cc est la version « chopperisée » de la Commando avec guidon haut et selle banane surmontée d’un arceau de maintien.

Par Claire MARTIN, www.epopeedelamoto.com

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40 000 milles en Commando

Originaire de Saint-Jean-Port-Joli, Michel Caron a entrepris à l’été 1978 un périple de 3 mois et 5 000 milles à travers 11 pays européens sur une Insterstate. Il avait acheté, neuve à Londres chez Pride & Clarke, l’une des toutes dernières Commando jamais produites et qui fut aussi sa première moto de route. Entre l’identification de la plaque anglaise aux couleurs du Québec, l’apprentissage de la conduite à gauche en Angleterre, le passage des Pyrénées, les frayeurs lors des croisements sur les petites routes de montagne de la Corse, les nombreuses rencontres fortuites et amicales, le récit de son voyage fourmille de détails succulents et ensoleillés qui sentent bon l’asphalte chaud et l’huile à moteur. La Commando fut donc ramenée au Québec et fut l’objet d’une autre équipée de 10 000 milles vers l’île de Vancouver avec un retour par Seattle et le Montana. Ajouter à cela les multiples randonnées vers le bas du fleuve et la Gaspésie, autant de souvenirs qui jalonnent ses albums photo. Trente-trois ans plus tard, la bonne vieille Commando fait désormais partie du patrimoine familial et pour l’instant, c’est la jeune génération qui s’initie avec à la mécanique, mais Michel parle de remonter la machine et de la remettre sur la route l’été prochain, car comme il dit : « Le feeling de rouler en Norton est imbattable! ». La passion se poursuit!
 
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FICHE TECHNIQUE (modèle Fastback 1969)

ANNÉE 1967-1977
PAYS Grande-Bretagne
MOTEUR bicylindre à soupapes en tête
CYLINDRÉE 745 cm3
ALÉSAGE/COURSE 73 x 89 mm
PUISSANCE 56 ch/6 500 tr/min
COUPLE 6,6 m/kg à 5 000 tr/min
CARBURATION deux carburateurs Amal Concentric
ALLUMAGE par batterie et bobine
TRANSMISSION PRIMAIRE par chaîne, boîte à quatre rapports
EMBRAYAGE six disques en bain d’huile
CADRE berceau tubulaire, montage « Isolastic » du moteur et du bras oscillant
SUSPENSIONS télescopique à l’av., bras oscillant à l’arr.
FREINS à tambour, double came à l’av., simple came à l’arr.
RÉSERVOIR 15 L
POIDS À SEC 180 kg
VITESSE MAX. 185 km/h

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