Faire le « touriste »

PAR Moto JournalPosted on

Plusieurs lecteurs de Moto Journal ont beaucoup voyagé que ce soit au Québec, ailleurs en Amérique du Nord ou à travers le monde. Ce n’est malheureusement pas mon cas. Mes voyages à moto se résument à quelques sorties de deux jours au Québec et souvent à des endroits que je connaissais déjà. Lorsque l’invitation de Benoît Pelletier de Québec Moto Loisirs me fut acheminée, je sautai sur l’occasion. Découvrir la Nouvelle-France à moto, ce n’est pas tous les jours qu’une telle occasion se présente!
 
D’abord prévu pour la dernière semaine d’août, mon séjour dut être déplacé à la fin septembre pour des raisons incontrôlables de part et d’autre. Bof, cela m’aura laissé le temps de me pratiquer, la semaine précédente, au GS Challenge (voir MJ nov.-déc.) et aussi de me remettre en mode hors route. Je me suis retrouvé avec des courbatures et devant une constatation que mon ami Carl avait déjà faite il y a quelques années : nous n’avons plus vingt ans (je dirais même que la trentaine a déjà déguerpi dans mon cas)! On ne fait pas de la trail pour se remettre en forme, en tout cas, pour moi, ce n’est pas la bonne recette. Ce qui me facilita la vie fut le fait d’avoir le privilège d’une sortie en privé avec Benoît, le propriétaire et principal guide des tours. Je quittai donc Québec le vendredi soir pour me rendre à St-Michel-des-Saints.
 
Après plus de 300 km en auto (en cette saison, parcourir cette distance en moto, le soir, en plus de transporter mon équipement hors route, non merci!), j’arrivai à destination. L’endroit ressemblait à bien des villages du Québec, mais on sentait que plus au nord, la civilisation était presque inexistante. Mon hôte me donna un aperçu de notre journée du lendemain. La lecture du récit des confrères du magazine français Moto Verte me mit l’eau à la bouche (en fait, la vision de certaines photos me fit me demander en combien de morceaux je retournerai à la maison!). Étant en automne et ne disposant pas de poignées chauffantes, nous prîmes le temps de déjeuner (à voir mon assiette, mon hôte anticipe un bon avant-midi!). Ensuite, nous avons enfilé nos équipements et avons inspecté et préparé les motos. Pour ma part, j’en profitais pour prendre quelques photos des alentours. Le réservoir du Lac Taureau étant à proximité, j’imaginais les touristes fervents de grands espaces s’émerveiller devant de tels paysages.

Arriva ma première surprise de la journée : je me vis confier une KTM 450EXC-R au lieu de la 250 que je croyais recevoir. Machines physiquement semblables, le surplus de puissance ne peut être que bénéfique, me disais-je… Étant donné mon expérience limitée et aussi en raison du fait que je ne disposais que d’une seule journée (normalement, les séjours s’échelonnent sur cinq jours), nous avons décidé de nous en tenir aux alentours de St-Michel, principalement dans les sentiers de VTT. Fait à noter, les motos sont admises dans ces sentiers, ce qui n’est pas le cas partout au Québec.
 
Nos motos étant des double usage, nous avons emprunté le chemin pavé pour nous rendre au village et ensuite bifurquer dans un chemin de terre battue carrossable. Après quelques kilomètres, je n’ai pu éviter de comparer la KTM à la BMW F650GS que je tentais (avec succès) de garder debout la semaine précédente. La machine autrichienne est une vraie moto de cross légale pour la route. La F650 m’avait épaté en tant que moto de route capable de se tirer d’affaire là où un randonneur y penserait à deux fois avant de s’y aventurer. Mais là s’arrête la comparaison. En hors route, moins signifie plus et le poids plume de la 450, une garde au sol digne d’un orignal et une direction précise en font l’arme de choix pour faire découvrir notre arrière-pays aux amants de la moto. J’appris d’ailleurs à mes dépens ce que veut dire « machine de classe ouverte ». N’ayant jamais piloté de vraies machines de motocross (ma dernière moto hors route étant une bonne vielle Yamaha XT250, rien pour grimper aux arbres), je ressentis une petite chaleur lorsque nous rencontrons notre première flaque d’eau.

Ne voulant pas mouiller mes bottes (maudit téteux!), j’ai un peu tourné la poignée pour soulager l’avant de ma machine. Étant en troisième, je me suis dit qu’un quart de tour de plus ne pouvait pas nuire… Eh bien, je me suis retrouvé à éclairer la cime des arbres! Pour le reste de la randonnée, j’ai manié la poignée avec plus de respect! L’avant-midi se déroula sans incident majeur. J’ai perdu ma montre dans une section rocheuse (j’aime tellement ça, les roches…), les animaux du coin ont dû être réveillés à 6 h pendant quelques semaines, du moins, avant que la batterie ne gèle!
 
Les sentiers, conçus pour les VTT, nous permettaient de rouler à une cadence qui aurait pu être plus élevée, mais Benoît m’attendait et me dit de rouler à mon rythme. Ce que je fis. Je profitais du paysage automnal. En vérité, je continuais d’appliquer ma règle de conduite : on roule pour le fun, ce n’est pas une course. À l’occasion, nous rencontrions quelques VTT et la cohabitation était respectueuse, nous nous efforcions de ne pas les mitrailler de pierraille lorsque nous les dépassions. Chacun son trip, mais je ne vois pas le plaisir de rouler à 20 km/h à la queue leu leu en aspirant la poussière soulevée par une procession de pneus ballon… Vers 11 h, nous nous sommes arrêtés sur le bord d’un lac dont j’ignore le nom, mais la vue était superbe. Mon guide m’annonça alors que nous devions rebrousser chemin pour aller casser la croûte au village… Cela signifiait-il qu’il faudrait remonter la côte de roches sur laquelle j’ai rebondi pendant toute la descente? Ma technique développée et brevetée la semaine précédente fut de nouveau mise en pratique : tu te choisis un point en haut de la côte et tu donnes du gaz jusqu’à ce que tu sois rendu… et ça marche!
 
Ce midi-là, la clientèle du resto-bar 111 représentait bien ce que nous disons depuis des années, la moto fait rouler l’économie du Québec, quoi qu’en pense notre bon « gouvernemaman ». Outre Benoît et moi, un groupe de VTT et un autre de mototouristes composaient la clientèle. C’est aussi là que les touristes d’outre-Atlantique goûtèrent leurs premières poutines…

Après avoir fait le plein des réservoirs, nous sommes repartis pour une autre boucle qui nous amena cette fois sur les bords du réservoir du Lac Taureau. Les sentiers, semblables à ceux du matin, me paraissaient pourtant un peu plus étroits… Non, je n’ai pas bu au dîner… Ma digestion fut quelque peu accélérée lors de la traversée d’une section de whoops façonnés par le passage des nombreux VTT. Je ris en m’imaginant les passagères se faisant brasser comme les boules des bouliers de Loto Québec. Après quelques détours nous sommes arrivés en vue du lac. Benoît m’expliqua qu’en été, les berges sont remplies de motorisés; nous sommes chanceux, aujourd’hui, elles sont presque désertes. Dans mon cas, ça aurait été moins gênant qu’elles soient vraiment désertes… Juste après les côtes de roches, le sable représentait mon autre défi. Je me tortillais d’une manière assez peu orthodoxe mais je ne chutais pas, ce qui sembla amuser les quelques personnes profitant de ce bel après-midi de fin septembre.
 
Nous avons terminé notre journée par l’escalade d’une ancienne station de ski. Nous avons emprunté un sentier où, là encore, la vue était formidable. Le retour à notre point de départ se fit non pas par la route mais bien par les sentiers contournant le village : pour Benoît, passer du point A au point B consiste à prendre le sentier qui nous fait passer par le point C… Ma journée n’était qu’un avant-goût de ce que peut être un véritable séjour comprenant les nuits dans les chalets ou tipis, l’observation des ours, la visite chez les Amérindiens de Manawan et l’alternance entre les sentiers de VTT et les parcours d’enduro.
 
Je crois maintenant que certains d’entre vous seront tentés de jouer les touristes eux aussi!

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