Le Bet and Win 250 de Kymco a conquis l’Alberta, et son pilote

Par Le Monde du VTTPublié le

Sans aucun doute, le marché des scooters se développe. Si vous marchez au centre-ville, vous risquez de voir plus de scooters que de motos. En Europe, et au Québec, ils sont déjà très populaires, et les concessionnaires canadiens annoncent des augmentations de ventes de l’ordre des 30 %. Pourquoi les scooters deviennent-ils si populaires ? Sont-ils faits juste pour la ville ? Devrais-je faire une place dans mon garage pour un scooter à côté de mes motos ?

Pour répondre à ces questions et à bien d’autres, j’ai décidé d’essayer un scooter pour quelques mois. Mes expériences passées avec le Suzuki Burgman 650 et le Honda Ruckus 50 cm3 m’ont prouvé que les scooters peuvent être agréables et pratiques, mais selon moi, ces machines requièrent des compromis. Même s’il offre de bonnes performances, le « Burger » est gros et coûteux, et le Ruckus est agréable mais trop lent pour une utilisation sur autoroute. J’ai choisi un poids moyen chez Kymco, le Bet and Win 250. Le quoi 250 ? Qui choisit ces noms, au juste ?

Kymco, Kwang Yang Motor Company, s’est associé avec Honda dans les années 1960 en fabriquant à Taiwan des pièces pour différents modèles de motos Honda. Ils ont ensuite substantiellement élargi leur ligne de produits pour vendre des motos complètes, des scooters et différents autres véhicules, et ils exportent maintenant dans le monde entier, faisant même concurrence en Italie aux ténors locaux qui ont inventé les scooters. L’expérience de Kymco avec Honda est évidente au point de vue de la finition de ses produits, avec une attention portée aux détails qui se remarque partout sur la machine. Le Bet and Win 250 est très bien fini et offre une qualité comparable à celle des marques japonaises.

Cette machine combine le confort, le côté pratique et la facilité d’utilisation d’un scooter avec la performance d’une petite moto. Un monocylindre 250 cm3 quatre temps moderne, refroidi au liquide, offre des accélérations suffisantes pour humilier plus d’une voiture dans la circulation urbaine. L’accélération est franche jusqu’à environ 80 km/h, et il est capable de se fondre dans la circulation sans aucune difficulté. Un 250 cm3 offre suffisamment de puissance pour les trajets quotidiens au travail et les promenades dans les alentours, mais pour les vraies escapades ? Est-il possible de faire du tourisme au guidon d’un scooter de 250 cm3 ? Peut-il transporter suffisamment de bagages ? Peut-il faire face aux intempéries ? Après quelques semaines au guidon du Kymco dans mon quartier et aux alentours, le moment était venu de vérifier tout cela.

L’un des avantages des scooters est qu’ils sont faciles à transporter. N’importe quelle minifourgonnette peut transporter un petit scooter. Une petite voiture peut facilement en transporter deux dans une remorque, ce qui rend possibles les excursions en scooter dans des régions distantes et intéressantes. J’ai donc chargé le scooter dans ma Astro et, accompagné d’un vieil ami et de sa Suzuki bicylindre refroidi par air de 500 cm3 du début des années 90 (une vraie moto), nous sommes partis à l’est des Kootenays, dans les régions sauvages de l’Alberta. Notre destination était l’étroite bande de terre bordée à l’ouest par les montagnes Rocheuses et à l’est par la prairie, désignée par les agences de voyages albertaines comme le « Cowboy Country ». De belles prairies et des routes très peu fréquentées sont l’essence même du plaisir en moto dans l’ouest.

Après une première nuit passée sur le terrain de camping d’une ferme éolienne à l’est de Crowsnest Pass, nous sommes partis en direction nord vers Longview, qui servira de base de départ pour la prochaine excursion. À part le fait qu’elle héberge le policier le plus zélé du monde pour les excès de vitesse, cette petite ville offre de l’essence, des restaurants et, surtout, l’accès à l’autoroute 40 de l’Alberta, la Kananaskis Highway. Une des plus scéniques du pays, cette belle pièce d’asphalte, se faufile entre la partie est des Rocheuses, se dirigeant vers l’ouest puis vers le nord à partir de Longview, pour finalement rejoindre la route transcanadienne, à l’est de Canmore presque deux cents kilomètres plus loin.

Après avoir réservé un terrain de camping bien vert sur un chemin d’accès à un pipeline près de Longview, nous sommes partis pour une excursion d’une journée de presque 400 km, entourés des montagnes Rocheuses. C’est une route à haute vitesse, et la Kananaskis Highway est un lieu de prédilection pour les sorties de fin de semaine des motocyclistes de Calgary. Durant ce dimanche d’été ensoleillé, un vrai tourbillon de Harley nous a dépassés tout au long de la journée, aucun d’entre eux n’ayant répondu à notre signe de bienvenue. Les Harley ne saluent pas les scooters. Il faut s’y faire.

Des vents forts et turbulents nous ont accompagnés pendant notre journée dans les Rocheuses. Quelle que soit votre monture, le vent est une nuisance, mais sur un scooter à haute vitesse, il y a de quoi se faire peur. Pilotant en arrière de moi, Gord me dit qu’il n’avait jamais vu une moto aussi « déportée ». Les problèmes de stabilité se sont envolés en ralentissant aux vitesses autorisées, mais il reste vrai qu’un scooter léger, caréné, avec de petites roues, est sensible aux grands vents.

En atteignant la route transcanadienne juste après un pique-nique sur le bord d’un lac cristallin, nous nous sommes dirigés vers l’ouest à la recherche d’essence. Le trafic épars et touristique fut soudainement remplacé par la dure réalité de l’ouest industriel. En plus de la circulation automobile qui avait triplé, nous devions maintenant faire face à un vent de 30 km/h. Avec les gaz à fond, le Kymco pouvait à peine se maintenir à 80 km/h, pendant que les semi-remorques me dépassaient à quelques centimètres du rétroviseur gauche. Une fois le plein fait à Deadman Flats, de retour avec le vent dans le dos, le compteur du scooter affichait 135 km/h. Dans une ligne droite sans vent transversal, le Kymco est totalement stable, aussi sécurisant qu’une petite moto, et plus d’un automobiliste fut surpris de me voir le dépasser. J’espère qu’ils disaient juste : « Mais c’est quoi, cette chose ? »

Vers la fin de l’après-midi, toute circulation avait pratiquement disparu et nous roulions régulièrement autour des 110 km/h, ce qui est presque à fond pour le Kymco. Comme moto de tourisme, ce scooter n’est pas un choix parfait, mais pour les promenades d’une journée sur les routes secondaires, il est tout à fait dans son élément. Il n’a aucun pare-brise et n’offre donc aucune protection contre le vent, mais à part cela, le Kymco se comporte comme n’importe quelle autre petite moto sur la route. Il n’y a que la position de conduite bien droite et le guidon bas et étroit qui vous rappellent que vous êtes sur un scooter. Le siège, étroit et ferme, est tout à fait adéquat pour une promenade d’une journée, et Gord semblait avoir autant mal aux fesses que moi à la fin de la journée. Je pense qu’il faudrait simplement ajouter plus de possibilités de transport de bagages pour partir en excursion sur un scooter de 250 cm3. En fait, cela est possible avec un peu d’ingéniosité. J’ai récemment lu l’histoire d’un père et de sa fille qui se sont rendus du sud de la Californie jusqu’en Alaska en passant par Albuquerque, aller-retour, sur des scooters identiques à mon Kymco. Pas mal.

Un reproche souvent fait aux scooters concerne la faible capacité de leur réservoir à essence. Dix litres, ce n’est tout simplement pas suffisant pour faire du tourisme, comme je l’ai découvert sur le parcours de 180 km en retournant vers Longview, avec un voyant à essence qui clignotait avec insistance. Comme nous avions fait le plein ensemble deux heures plus tôt à Deadman Flats, nous avons pu comparer nos consommations d’essence pour les deux véhicules. Je fus déçu. La Suzuki de Gord avait consommé à peine six litres et demi pour parcourir 180 km pendant que le Kymco en avait avalé plus de huit.

Après une paire de Kokanees bien fraîches et une paire des plus gros burgers en Alberta, nous avons conclu que la plus grande soif du scooter pouvait être attribuée à plusieurs facteurs. Tout d’abord, la barre est très haute par rapport à la Suzuki, qui offre une remarquable consommation de 3,6 litres par 100 km (78 milles/gallon). Ensuite, le Kymco avait été conduit avec les gaz presque à fond (à une vitesse affichée de 110 km/h), presque au bout de ses forces, tandis que la Suzuki se promenait tranquillement. De plus, le rodage du Kymco n’était pas complètement terminé, avec à peine 500 km au compteur. Sa consommation devrait diminuer avec le kilométrage.

La plupart des scooters de 50 cm3 sont conçus pour respecter les limites des législations et ils ne filent pas du tout. La performance des petits scooters peut être qualifiée d’adéquate au mieux, léthargique au pire, mais la classe des motos de 125 cm3 a beaucoup à offrir. Ma moto de tous les jours est une Honda CB125S de 1977. Elle est agréable à piloter, économique et fiable comme une enclume. Mais elle a tout de même 30 ans. Les scooters modernes de 125 cm3 offrent plus en matière de performances, d’économie et de sécurité; montez la barre à 250 cm3 et vous êtes proche d’une véritable moto. Ainsi, avec les vitesses d’autoroute à votre portée, le tourisme devient une véritable possibilité. Avec quelques améliorations, la classe des scooters 250 cm3 peut être très tentante en fait, et les nouveaux designs devraient remédier à leurs défauts actuels.

Premièrement, le sous-virage. L’empattement du Kymco est de 57 po (1448 mm), le diamètre des roues en fait 12. Il en résulte un long empattement et une petite roue qui me font penser à ces choppers qui ont une très longue fourche. Son comportement m’a tout de suite frappé dès les premières minutes sur le Kymco, pendant que je m’entraînais sur un stationnement avant de me lancer dans la circulation. « Cette moto ne veut pas tourner », me suis-je dit. Au début, je ne comprenais pas pourquoi. Mais j’ai ensuite compris, lorsque j’ai voulu tester les limites du scooter dans des courbes qui me sont familières près de la maison et que la roue avant a dérapé. J’ai failli terminer dans le fossé du côté opposé de la route.

Au-delà de la géométrie de direction, il y a aussi la distribution des masses. Sur un scooter typique, le moteur, la transmission, l’échappement et l’admission sont intégrés dans le bras oscillant, derrière le pilote. De plus, le poids du pilote est plus vers l’arrière que sur une moto classique. Au total, cela signifie qu’il y a peu de poids sur l’avant des scooters. Leçon apprise : long empattement, petites roues, hautes vitesses en courbe et un avant léger forment une combinaison dangereuse.

Deuxièmement, la performance. Le Bet and Win 250 à carburateur développe une puissance annoncée de 14,5 ch. Amusant ? Oui. Excitant ? Non. La performance du moteur est plutôt juste suffisante. Les vitesses réelles sur autoroute sont difficiles à atteindre et la consommation d’essence n’est pas extraordinairement basse, pas tellement meilleure qu’une Corolla. Et la Toyota a un chauffage.

Troisièmement, le tableau de bord. Ne pas savoir exactement la quantité d’essence restante est un véritable problème sur la route. Kymco n’a pas prévu de compteur journalier, donc il faut vous fier sur la jauge à essence pour savoir s’il vous reste assez d’essence pour rentrer à la maison, et comme nous le savons tous, les jauges à essence des motos sont très imprécises, restant à la position « plein » pour une éternité, pour ensuite soudainement plonger brutalement vers la position « vide ». Le compteur de vitesse est très optimiste, plus de 12 % d’erreur, indiquant 100 km/h pour un 88 km/h réel. Ce qui veut dire que mon 135 km/h avec le vent dans le dos était en fait un réel 120 km/h. De qui se moquent-ils ? Le petit compte-tours à affichage numérique en barres est totalement illisible en route, tout comme l’indicateur de température du moteur, qui est toujours resté à deux barres. Il n’y a pas moins de trois boutons sur le tableau de bord pour ajuster la montre numérique, ce qui n’est pas nécessaire. Par contre, l’indicateur de température extérieure est très utile.

Quatrièmement, la capacité de transport. Le compartiment sous le siège possède un bon volume. Il peut recevoir un casque, une veste légère ou un équipement de pluie et quelques outils. Toutefois, sa forme complexe le rend parfois difficile à utiliser. Il y avait un coffre sur le porte-bagages arrière du scooter, mais ce modèle Givi limité à 5 kg ne valait rien. Il était impossible à fermer sans la clé, ce que j’ai découvert après qu’il se soit ouvert en roulant, le couvercle me frappant le dos sur l’autoroute, ce qui a aussi arraché une fixation.

Les scooters de conception plus récente affichent de bonnes améliorations, notamment de plus grandes roues et l’injection d’essence. L’utilisation de roues de 16 po rapproche le scooter de la géométrie d’une moto et cela devrait réduire les problèmes de tenue de route à haute vitesse que j’ai pu expérimenter avec des roues de 12 po. L’injection d’essence offre plus de puissance et une meilleure économie, et le Kymco People S250 annonce 20 ch, une augmentation de 25 % sur le Bet and Win de 250 cm3. J’ai inspecté un nouveau modèle People 50 cm3 au salon de Vancouver et j’ai été très impressionné. Il n’y a que la taille du moteur qui différencie le petit et le grand modèle People et l’ergonomie du nouveau People semble excellente. Un plancher plat offre beaucoup de place pour les jambes et les bagages. J’ai trouvé le design très beau, pas comme le style course de certains autres scooters. Le tableau de bord est aussi amélioré et comprend un compteur journalier.

Alors, pour répondre à la question de départ, devrais-je faire de la place pour un scooter de moyenne cylindrée dans mon garage ? Il est indéniable que les scooters de taille moyenne constituent un moyen de transport agréable et pratique, mais avec moins de coûts et de soucis qu’une moto. Les pilotes de grosses cylindrées ne vont pas tous se jeter sur les scooters, mais pour ce qui est de la crédibilité sur la route, vous n’avez qu’à regarder le NYPD. Ils ont récemment acquis 300 Piaggio 250 pour les patrouilleurs urbains.

Peut-être à cause de mon âge qui avance, peut-être à cause de l’attrait des nouvelles technologies, peut-être à cause des prix de l’essence qui ne cessent d’augmenter, je trouve cette nouvelle catégorie de scooters poids moyens tout à fait irrésistibles. Même si je ne me rends pas à mon travail chaque jour, j’ai utilisé le Kymco tous les jours pendant quatre mois pour mille autres raisons que pour le simple plaisir. Pour moi, la combinaison de bas prix, côté pratique, portabilité, économie de fonctionnement, agilité, qualité de fabrication et plaisir du deux roues est une combinaison gagnante. Tandis que les utilisateurs citadins et occasionnels seront certainement satisfaits avec le Bet and Win, les nouveaux scooters People de taille moyenne offrent beaucoup plus ce à quoi s’attendent les motocyclistes expérimentés. Alors vais-je faire de la place dans mon garage ? Absolument. Quand le Kymco People S250 va arriver au Canada, je vais m’en prendre un.

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