Avec ou sans technologie ?

Par Guy CaronPublié le

J’ai rencontré Éric Lobo à Québec en juillet dernier. Le globetrotteur français s’est perché sur ma Multistrada Enduro à mon invitation pour constater la différence entre ma Ducati et sa Harley Dyna Street Bob, celle qui l’a amené autour du monde. Sa première réaction après l’avoir relevée de la béquille : « Mais alors, c’est tout un perchoir cette moto ! » Quelques bons coups de gaz bien sentis pour confirmer qu’un L-Twin italien et un V-Twin de Milwaukee, ça sonne un peu différent, puis il pointe vers tout l’attirail électronique devant lui. « Ça, je n’en ai pas et je n’en veux pas ! Je roule toujours sans GPS », me dit-il l’index appuyé sur le petit écran sur le guidon gauche.

« Je comprends ton point. J’ai souvent à me rendre à des endroits précis rapidement, je m’en sers donc comme un outil. À vrai dire, j’aime rouler sans GPS, surtout pour ­voyager et faire des découvertes. Les cartes me conviennent mieux et utiliser mon cerveau me laisse de meilleurs souvenirs du territoire couvert. Avec le GPS, je ne retrouve pas toujours où je suis passé. » Sa réplique a l’effet d’une bombe : « Je n’utilise pas de carte. Je trouve mon chemin, même lorsqu’il n’y en a pas. J’arrive toujours quelque part, c’est tout. »

De ne pas vouloir utiliser la technologie électronique est tout à fait compréhensible à mes yeux. Moi le premier, je me rends compte combien je perds ma capacité de navigation si je ne fais que suivre les indications bêtement. Tout comme je ne retiens plus les numéros de téléphone à force d’utiliser un appareil dit intelligent. Ce qui est plus surprenant pour moi, c’est de ne même pas s’en remettre à une technologie aussi simple qu’une carte. Sans m’attarder sur la question, pour moi, c’est clair qu’une carte, qu’elle soit imprimée ou encore gribouillée sur un morceau de papier, était un minimum pour voyager…

Depuis, j’ai eu le temps de réfléchir à ce que le sympathique et coloré personnage m’a dit et surtout à la philosophie derrière cette approche; pourquoi ne pas s’en remettre à la chance et se laisser guider par son instinct ? Comme tous, mes premières explorations se sont faites sans carte, après tout. Si ça fonctionne d’office, pourquoi maintenant ai-je toujours besoin de savoir où je vais avant de partir ? Ok, à quatre ans mon rayon était plus limité, mais je finissais d’habitude par retrouver le bercail et, de mémoire, je partais alors sans carte.

Pourquoi aujourd’hui j’ai tant besoin de toujours savoir où je me trouve et vers où je m’en vais ? Je n’ai peut-être pas la chance de partir sans attaches comme Éric; me dire qu’aujourd’hui je suis ici et que demain je serai ailleurs simplement, mais je vais me remettre à faire des virées en partant sans but précis, au hasard des routes et des sentiers.
J’ai déjà l’habitude de rouler sans itinéraire défini, pour moi c’est mon humeur, la météo et parfois une discussion avec les gens rencontrés en route qui me guident d’un matin à l’autre quand je voyage, que ce soit pour quelques heures ou quelques jours. De partir complètement au hasard, sans avoir regardé un plan de ce qui m’entoure est seulement un aspect de plus, quoique ce pas de plus n’était même pas une option que j’envisageais avant cette courte rencontre.

Ce biker Français, qui semble bien aimer le Québec, m’a ouvert les yeux sur une façon d’aborder l’aventure et ça m’inspire. Après avoir acheté son livre, Arctic Dream Road Angels Harley-Davidson, qu’il m’a dédicacé, et pris le chemin du retour, j’étais un peu sceptique. Comment peut-on traverser des terres inconnues sans avoir au moins une idée d’où trouver de l’essence où de la nourriture ?

Puis les jours ont passé et je me suis dit que ce n’est pas tant la démarche exacte qui compte ou la façon de faire, mais plutôt d’avoir l’esprit bien ouvert et de se plonger complètement dans l’aventure du voyage. Je savais qu’il y a un bouton off sur mon GPS. Éric m’a aidé à trouver la manière de mettre à off aussi mon besoin de savoir où je me trouve et de juste apprécier d’y être.

Merci mec !

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