Fluidifier le transport et économiser des millions de dollars : La moto fait partie de la solution au Québec et au Canada / COVID-19

Par François CominardiPublié le

La moto au Québec a longtemps été considérée comme un véhicule de loisir. Un passe-temps du week-end pour se déplacer, de préférence à plusieurs motocyclistes. Dans des régions voisines au plus, et entre deux cafés au moins, d’où la mode des motos cafés-racers dont c’était la vocation, dans les années 60. Ce caractère futile, non essentiel, a forgé des détracteurs à la pratique de la moto. Une antipathie qui se retrouve souvent dans l’ignorance, et la peur de l’inconnu. Il faut reconnaître qu’elle a été nourrie par des niveaux sonores quelquefois excessifs, des vitesses de dépassement parfois effrayantes et une infime partie d’utilisateurs occasionnellement criminalisés, dénommés motards, contrairement au terme motocycliste, plus pacifiste.

La catégorie deux-roues motorisés (2RM) est considérée de façon totalement différente en Europe ou en Asie. Naturellement, le véhicule sportif ou touristique existe comme ici. Mais le côté utilitaire est plus développé et accepté. Les scooters et les motos de moyennes cylindrées s’avèrent un moyen de se déplacer rapidement, de se faufiler et de se garer dans un espace réduit.

Ici, cette facette a totalement été oubliée. Il est vrai que l’hiver ne permet pas de se déplacer à moto, et que la saison hivernale est longue. Mais la remarque peut s’appliquer aux piscines, ce qui n’empêche pas un taux de possession important au Québec.

La moto, une solution :

En effet, les deux-roues motorisés sont une solution à considérer pour désengorger le trafic. Avec des gants et un casque intégral protecteur, il s’agit du véhicule idéal pour la distanciation.

Et ça presse! Les coûts d’infrastructures routières et les pertes liées au temps perdu sont énormes. Il y a dix ans, Pierre Tremblay, le chef du service de la modélisation et des systèmes de transports au MTQ, révélait que le trop grand nombre de voitures sur le réseau routier coûtait 1,423 milliard de dollars par an en temps, en salaires et en essence. Les retards causés par les travaux routiers et les accidents entraînaient une charge du même montant, pour une addition totale d’environ trois milliards. Il n’y a pas d’étude chiffrée plus récente, mais cela ne va pas en s’améliorant.

Les automobilistes de la périphérie de Montréal perdent en moyenne annuelle 117 heures dans les bouchons, selon l’étude INRIX 2019. Ils roulent à 16 km/h de moyenne en arrivant dans la métropole. C’est la deuxième ville engorgée derrière Toronto, qui perd 135 heures par voiture dans la congestion par an. Vancouver est troisième avec 87 heures, Winnipeg suit à 38 heures, puis Calgary à 27 heures et Edmonton à 11 heures.

Un plan d’action à revoir 

Le ministère des Transports québécois a un plan d’action 2018 / 2023 ambitieux avec un objectif de réduction de 37,5 % des émissions de gaz à effet de serre. Force est de constater que l’arrivée d’un virus ne favorise pas les déplacements en transports en commun et en covoiturage.

L’utilisation d’un véhicule personnel va devenir une habitude pour contrer la peur d’être infecté. L’objectif de réduction sera difficile à atteindre sans autres actions. Le télétravail pourrait faire partie de la solution, ainsi que l’utilisation de la moto pour fluidifier le trafic.

Le MTQ a également budgété un investissement de 130,5 milliards pendant la période 2020 / 2030 pour les infrastructures routières et la réfection des routes. Mais avec un trafic de voitures en hausse et une baisse du transport en commun, le budget va s’envoler.

Surtout que les voitures « de promenade » sont en croissance. Elles sont passées de 1,84 million à 1,96 million de 2013 à 2018, soit une augmentation de 6,8 %. Et les VUS ou camions plus lourds et énergivores remplacent les voitures compactes.

Quatre nuisances découlant de la congestion font l’objet d’une évaluation monétaire :

–          Les pertes de temps causées par les retards des usagers de la route;

–          Les coûts supplémentaires d’utilisation des véhicules;

–          Les coûts associés à la consommation additionnelle de carburants;

–          Les coûts des émissions de polluants atmosphériques

La moto a tout à fait son mot à dire pour réduire ces coûts dans le cadre de la politique de mobilité durable. Une moto de 200 kg est sept fois moins pesante qu’une voiture moyenne de 1400 kg. C’est-à-dire que l’impact sur l’usure de l’asphalte est sept fois moins élevé.

La moto a un indice de pollution semblable à l’automobile, mais en se déplaçant en interfiles, elle pourrait rouler trois fois plus vite (soit en moyenne à 48 km/h) et passer trois fois moins de temps sur la route.

Le stationnement prend quatre fois moins de place qu’une voiture. La largeur standard d’une place pour une moto doit être de 1,25 m sur une longueur minimale de 2,30 m. Une voiture occupe une largeur de 2,30 m sur 5 m de long.

Il est temps d’aborder un point sensible, la dangerosité de la moto. Elle n’est pas à écarter. Mais il faut rappeler que le nombre de décès a diminué de 4,1 % entre 2018 et 2019, avec 47 fatalités, à comparer avec les 276 décès des autres usagers de la route, piétons compris. On est loin des chiffres du coronavirus.

La circulation urbaine se déroule à vitesse réduite et les risques de blessures et de mort sont moins importants.

Les points à obtenir pour économiser des millions de dollars 

Pour fluidifier le trafic, il faut donner des droits supplémentaires aux motos, pour le bénéfice de tous :

–          Droit de rouler entre les voitures, selon des règles établies. La conduite interfiles existe en Europe et dans certains États américains.

–          Droit d’utiliser les voies de bus et les voies rapides, covoiturage.

–          Développement des parcs de stationnement moto.

Budget zéro dollar ou presque 

Contrairement à la plupart des actions gouvernementales, intégrer les deux-roues motorisés dans le plan de mobilité ne coûte rien, ou presque rien. Il faut adapter des places de stationnement, ce qui n’est pas compliqué car la Ville de Montréal a enlevé des centaines de places. Il faut également une campagne de publicité soutenue pour informer les automobilistes de la circulation interfiles des motos. Enfin, des panneaux d’information peuvent être ajoutés pour indiquer les voies où peuvent rouler les deux-roues.

S’adapter à l’après-COVID-19 

Le coronavirus a bouleversé en deux mois toutes les habitudes, toute la société, toute l’économie. Les transports en commun ne respectent pas la distanciation désirée, le covoiturage impose des craintes. La moto est un modèle de distanciation, elle se conduit avec un casque intégral qui est un rempart au virus. Son poids n’abîme pas l’asphalte, ses dimensions permettent de fluidifier le trafic et d’alléger le besoin en stationnement.

Les coûts d’entretien des routes et de perte de temps se chiffrent en milliards de dollars. Chaque automobiliste concerné devrait être heureux de savoir que des motocyclistes sont prêts à mettre leur passion au service d’un trafic plus fluide. Chaque contribuable et payeur d’impôts, chaque politicien, devrait remettre en question sa façon de penser, et devrait appuyer cette solution novatrice source d’économie communautaire.

Sources :
Enquête Inrix 2018
https://www.transports.gouv.qc.ca/fr/ministere/role_ministere/DocumentsPMD/PMD-plan-action.pdf
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1156598/canadiens-consacrent-plus-temps-rendre-travail
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1086337/congestion-routiere-heure-de-pointe-montreal-50-heures-par-annee
https://www.tresor.gouv.qc.ca/fileadmin/PDF/budget_depenses/20-21/7-Plan_quebecois_des_infrastructures.pdf
https://inrix.com/scorecard-city/?city=Montreal%20QC&index=28
https://promo.laval.ca/solution-reseau/docs/rapport_ADEC_couts-congestion-routiere.pdf

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4 thoughts on “Fluidifier le transport et économiser des millions de dollars : La moto fait partie de la solution au Québec et au Canada / COVID-19

  1. Bravo et encore bravo. Enfin un article qui dit les vraies choses à propos de la moto. Vous avez raison sur toute la ligne. Malheureusement notre société «politiquery » correct a foutu en l’air tout gros bon sens, ce qui a dégénéré en attitude anti-moto depuis bien des années. Il y a un travail gigantesque à effectuer pour renverser cette tendance. Alors que la mission de départ de notre SAAQ était d’offrir une assurance abordable et accessible pour tous les Québécois, elle s’est transformée en aventure cauchemardesque pour les motocyclistes. Comment convaincre la population maintenant de son bienfait sera très difficile, voire impossible, à moins d’un changement d’attitude drastique de notre gouvernement. La mentalité préconçue que la moto est dangereuse sera tout un projet de société à réaliser.
    Je conduis une moto depuis l’âge de 14 ans et je vais continuer malgré tout jusqu’au moment où je ne pourrai plus marcher!

  2. Avant de promouvoir l’augmentation du nombre de motos, il serait peut-être intéressant de faire une campagne contre le bruit infernal d’une grande partie de vos compatriotes. Et alors je vous appuierais dans la présente démarche. Mais pour le moment, j’essaie de m’imaginer 100 000 voitures silencieuses de moins remplacées par 100 000 motos supplémentaires dont une partie importante serait génératrice de pétarades à 90-150 décibels… C’est déjà l’enfer. Qu’est-ce que la ville et les abords des autoroutes deviendraient ?

  3. Rouler entre les voitures ici au Québec un suicide, les gens sont trop rage au volant et quel malheur que de se faire dépasser par une motocyclette durant un embouteillage, nous avons laissé une mauvaise empreinte par ceux qui étaient sur une roue à 100 mi/h et les tapageurs donc après 40 ans voila leur impatience.

  4. Hummmm, concernant le bruit, avec le louvoiement entre les voitures, c’est certains vont préférer utiliser les silencieux bruyants au lieu du klaxon. Je peux dire pour avoir vu des motos circuler dans les files à Los Angeles, c’est le seul moment que le « loud pipe save Life » peut s’appliquer.

    Concernant la courtoisie. Considérant que ce comportement deviendrait légal, une grande majorité de geste irrespectueux ne seraient pas plus présent. La campagne de prévention aurait aussi sa place sur ce volet!

    Est-ce que augmenterait la fluidité du trafic? Je n’y croit pas vraiment? Ce n’est pas 1000 véhicules remplacé par 1000 motos qui va faire un gros changement?

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