Pour faire suite à mon dernier reportage sur les Pyrénées, je vous invite à poursuivre l’aventure avec moi vers les Alpes françaises. L’itinéraire étant constitué principalement de routes montagneuses, il a tout pour plaire aux motocyclistes aguerris désirant s’amuser un peu. En effet, une courbe n’attend pas l’autre et les sublimes paysages enchantent au plus haut point. On se permettra même un petit tour en Suisse et en Italie!
Tout d’abord, il faut savoir que ce séjour à moto consiste principalement à faire le tour du mont Blanc, à découvrir la route des Grandes Alpes (RGA) ainsi qu’une partie de la route de Napoléon. Pour ne parler que de la RGA, ses statistiques impressionnent : 720 kilomètres de routes sinueuses exceptionnelles, 12 000 virages parfois redoutables, 17 cols de montagnes aux panoramas plus grands que nature. Longeant la frontière italienne du côté français, nous la parcourons presqu’en totalité.
Avant de quitter Visan où on a dormi après notre petite soirée festive de la veille (voir numéro précédent), Marco et Nick « le Californien » se sont joints à nous pour la suite de cette belle aventure à moto au pays des montagnes. Dès les premiers tours de roues, ces dernières commencent déjà à nous « titiller » en nous proposant un relief de plus en plus intéressant. On traverse Bourdeaux, et le Vercors (massif montagneux des Préalpes) se déploie peu à peu devant nous. Il fait chaud, le mercure oscille autour de 35 degrés. Nous nous arrêtons à Vassieux-en-Vercors pour le lunch. À ce paradis des motocyclistes, on est admirablement bien accueillis. Le Cirque de Combe Laval (véritable amphithéâtre naturel) m’impressionne au plus haut point : un gros coup de cœur! Nous nous arrêtons ensuite à Grenoble pour la nuit.
Roulant toujours vers l’est, on se dirige maintenant vers la Suisse. On le sait, les Alpes sont réputées pour leurs sommets géants dont le plus connu : le mont Blanc. Tel un phare solidement posé sur la frontière italo-française, il représente un véritable point de repère grâce à son imposante blancheur. Au moment de la pause matinale, alors que le décor s’y prête, on en profite pour yodler des notes suisses improvisées et chacun y va avec sa voix de rossignol… Yadilaitiii! Yadilaitiii!… On a bien ri!
Tout en haut, avant d’arriver au lac du Bourget, un petit restaurant avec une vue spectaculaire sur notre gauche, je m’arrête. À voir la quantité de motos ici, cela semble être un véritable relais pour motards! Après vérification (et à notre plus grande déception), c’est complet. On en profite tout de même pour prendre quelques photos : le mont Blanc est là devant nous et fait maintenant partie du décor! On commence à avoir faim, alors on poursuit notre route. C’est fou de constater le nombre de lacets en descendant vers Bourget-du-Lac, la ville riveraine… On est fin juillet, c’est le temps des vacances, alors vaut mieux planifier et réserver pour l’heure du lunch…
C’est donc à Tresserve que l’on s’arrête et je me commande une traditionnelle tartiflette (pommes de terre, oignons, lardons et reblochon). Rien de mieux que de vivre la région à travers un de ses plats typiques : Miam! La Haute-Savoie impressionne. Routes parfaites, ciel bleu vide de nuages, panorama extraordinaire, fleurs alpines, villages typiques, virages serrés…
Nous sommes toujours du côté français, c’est maintenant le magnifique lac d’Annecy qui apparaît devant nous. Annecy est une ville franchement jolie, mais il y avait tellement de monde (et pas d’endroit pour stationner) que tout ce qu’on souhaitait, c’était de sortir de là au plus tôt. Beaucoup d’activités de toutes sortes sont en cours; je vous rappelle qu’il fait une chaleur d’enfer alors les plans d’eau sont fortement sollicités…
Pause à Thônes pour la nuit et les guêpes sont toujours de la partie. Depuis la semaine précédente, je me suis fait piquer quatre fois en roulant et elles continuent de nous narguer pendant les repas à l’extérieur. En patientant pour le souper, un jeune homme de la place me parle de son amour pour le Québec. Je lui offre alors un porte-clé « Fleur de lys » et lui m’offre un joli bracelet de pierre bleues…
Le lendemain matin nous roulons dans un décor digne des Alpes. Les couleurs de la nature sont uniques à cette région. Les verts, bleus, rouges ont quelque chose de différent, de quasi irréel. On entend les cloches accrochées au cou des vaches, on vit un rêve éveillé et c’est merveilleux! Le col des Aravis : comme c’est beau! On en reste bouche bée… Il est tôt le matin et pendant qu’on fait le plein d’essence, des dizaines de montgolfières flottent dans le ciel… ça ajoute évidemment à la magie! Nous nous arrêtons pour un petit café à Chamonix, où le mont Blanc trône majestueusement; difficile d’estimer notre distance de ce mastodonte… Sur notre route, une avarie et la sortie vers le tunnel du Mont-Blanc vers l’Italie est complètement bloquée. Même si nous ne devons pas emprunter cette route, les dommages collatéraux sont immenses! Quand il y a un bouchon là-bas, c’est DU bouchon mes amis! Un peu d’interfile et nous avons évité le pire.
Prenant ensuite une pause photo dans un virage surplombant Martigny, nous constatons que les motos constituent la majorité des véhicules y circulant, c’est complètement fou. Nous chevauchons nos motos et poursuivons, un peu étourdis par cette beauté incommensurable.
Puis le col du Grand-Saint-Bernard, magnifique passage entre la Suisse et l’Italie, nous ravit. On s’arrête dans le but d’y manger pour le dîner. En allant au-devant pour trouver un restaurant, je me fais apostropher par un gentil monsieur suisse qui me dit « bonjour » en cinq ou six langues différentes, façon polie d’engager la conversation sans qu’il connaisse ma langue. Il me souhaite la bienvenue et m’offre une assiette de charcuteries et de fromages ainsi qu’un petit verre de vin. C’est qu’on est le 1er août et c’est la Fête nationale suisse, la fête de l’amitié qu’il me dit. Je vais alors chercher le groupe et on profite de cette belle rencontre pour fraterniser avec des gens locaux fort sympathiques! En poursuivant notre route, on découvre le col du Petit-Saint-Bernard en Italie, puis on s’arrête au restaurant italien pour dîner. On a chaud, le restaurant est fermé mais le propriétaire a pitié de nous et ouvre sa cuisine. L’estomac fort satisfait, nous repartons vers Bourg-Saint-Maurice pour y passer la nuit. Quelle journée! On a pris le café en France, roulé en Suisse, dîné en Italie, et soupé en France!
Véritable sport national, le cyclisme occupe une place de choix dans le paysage et le revêtement de la chaussée est parfait! C’est maintenant sur la RGA que nous valserons toute la journée. Pour piloter une moto dans les cols de montagne, la conduite est très technique : virages serrés et quelques vertiges peuvent agrémenter le tout. L’avantage dans les hauteurs en cette période de l’année, c’est que ça nous permet de rouler à des températures plus agréables. Val d’Isère, col de l’Iseran, col du Galibier, col du Télégraphe ne sont que quelques-uns des endroits faisant partie intégrante de ce merveilleux terrain de jeux. Ça fait rêver et en écrivant ce reportage, je n’ai qu’une envie : y retourner!
Anecdote. Alors que nous nous arrêtons à un petit resto-auberge en montagne, un cycliste nous approche avec un profond désarroi dans les yeux : sa copine vient de manquer de freins dans une courbe et elle a fait un vol plané dans le précipice… Elle a besoin d’aide… Instinctivement et sans se poser de questions, deux gars du groupe (Éric et Martin) sont allés à sa rencontre. À travers roches, escarpement quasi infranchissable, serpents et autres obstacles, ils ont rescapé la jeune mariée anglaise à son plus grand bonheur et à celui de son homme. Heureusement pas trop de dommages. Casque éclaté (mais qui a fait son boulot), dos arraché et plaies ouvertes mais pas de cassure, bagages éjectés et vélo à mauvaise mine. Plus de peur que de mal… Wow, deux véritables héros font partie de mon groupe! Je suis tellement fière d’eux!
S’en sont suivis les gorges du Cians, celles de Daluis puis pour terminer cette semaine incroyable, le col du Noyer… Une petite pause au Pas de la Graille et on discute avec une bergère (GAEC De LURE) gardant ses blancs moutons. Nous sommes dans une réserve de l’UNESCO, alors vous vous doutez bien que le paysage et la flore sont incroyables.
Nous retournons ensuite doucement vers Road2Luxe à Marseille, sans oublier un court passage dans les gorges du Verdon, une section de cette route que je ne connaissais pas mais toute aussi impressionnante.
Voyager à moto est fort enrichissant. Les routes, les paysages, la nourriture, les odeurs, le vent, et surtout les gens! Du bonheur pur et des rires à profusion.
Bonne saison à tous et au plaisir de rouler ensemble!