Le nord de l’Ontario

Par Éric MénardPublié le

Le nord de l’Ontario ne s’avère pas la première destination à laquelle pense un amateur de moto double-usage. Évidemment, on a plein de beaux sentiers au Québec et on est souvent bien dans nos petites trails, nos petits chemins de garnotte familiers et qu’on a roulés cent fois. Mais parfois, l’envie me prend de découvrir de nouveaux trajets. Après tout, ça reflète bien la base de la moto aventure. C’est comme ça qu’on nous vend ces motos. C’est pour découvrir qu’on les achètent ou du moins, voilà ce qu’on aime se faire croire. En pratique, plus de 50 % de ces motos ne verront pas beaucoup de garnotte et encore moins de sentiers. Et pourtant, c’est si plaisant de rouler dans un chemin de bois sans croiser âme qui vive pendant des kilomètres. En plus, parce qu’on doit partir avec des amis, ça permet de passer du temps à rouler ensemble et ça tisse des liens.

Comme je suis curieux et que j’avais eu une invitation d’aller découvrir le nord ontarien par ses sentiers quad et motos double-usage, j’ai fait quelques recherches sur des forums ainsi qu’avec les associations touristiques locales et je fus mis en contact avec des amateurs de motos hors-route du coin de Hearst. Mario Blouin est un de ceux-là. Coup de fil à Mario pour planifier une ride, ou plutôt me faire guider vers les plus beaux endroits entre Dubreuilville, Wawa, Hearst, etc. En jasant avec Mario, j’apprends qu’il explore les sentiers autant en motoneige en hiver qu’en moto l’été et qu’il a un GPS plein de beaux tracés qu’il a faits en tous les sens. Tout à fait le gars qu’il me fallait.

Fast forward deux semaines plus tard. Après une longue randonnée sur route passant par les sentiers et routes de gravier de l’Outaouais pour monter tranquillement vers le nord. On arrête dîner dans le coin de Petawawa. Les avions incendie survolent la route, combattant un feu de forêt causé par la chaleur intense de juillet et probablement un campeur imprudent. On évite donc de s’aventurer dans le bois dans la région et on prend la 417 vers Mattawa pour un petit lunch chez Myrt’s Family Restaurant. La serveuse nous sert avec un grand sourire nos gros burgers bien juteux. On rembarque sur les motos et on file vers North Bay pour voir le lac Nippissing. Petite nuit dans un motel de bord de route pas cher, puis on file au petit matin vers Wawa pour retrouver Mario au Wawa Motor Inn en soirée. En chemin on explore quelques routes de gravier, mais on revient toujours au bitume question de se rendre à temps pour notre rendez-vous.

On arrive au Wawa Moto Inn vers 19 h et l’immense oie blanche surplombant le motel nous confirme qu’on est bien à la bonne place. Disons qu’une oie de 15 pieds de haut, c’est difficile à manquer! On stationne nos bikes devant nos chambres, on prend une douche bien méritée et ensuite on marche dans le long corridor intérieur menant au resto-bar où Mario nous attend. Le grand monsieur affable est là et il jase déjà de moto avec des amis du coin. On se présente, on s’attable et en dedans de 30 secondes on parle de… moto! Le gars connait son affaire. Il parle de ses trails avec passion et nous raconte qu’en hiver tous les amateurs de motoneige ontariens « montent » dans le coin pour explorer cette vaste et belle région peu peuplée où la neige est abondante longtemps.

Le français est omniprésent ici. Parfois teinté d’anglais, de franglais et d’expressions locales, on se comprend bien. J’adore écouter les gens du coin nous parler des choses à voir avec leur accent si coloré. L’ambiance et l’accueil des gens de la région sont vraiment extraordinaires.

Avec Mario, on avait parlé de faire le corridor entre Hearst et Dubreuilville, mais celui-ci est difficile par les temps qui courent parce que les compagnies forestières font beaucoup de travaux et les routes sont parfois impraticables dans leur totalité. Comme on n’a pas envie d’avoir à rebrousser chemin, on décide de monter à Dubreuilville en prenant le sentier à Hawk Junction à quelque 20 kilomètres de Wawa.

La soirée se passe rapidement et les nombreux kilomètres qu’on a faits aujourd’hui nous tombent dans le corps après la deuxième bière. On a beau avoir un petite rando demain, en hors-route on est mieux de toujours être à 100 % parce que la gravelle, ça peut être traître.

Au petit matin, j’ouvre ma porte de chambre pour contempler mon bike et faire aérer mes bottes d’enduro. Le soleil se pointe déjà le bout du nez. Il va faire chaud. On se retrouve au resto avec les mêmes serveuses qu’hier soir, mais avec un menu différent.

Une demi-heure plus tard on traverse la rue pour aller acheter une grosse summer sausage. Un gros saucisson fumé et épicé qu’on prévoit bouffer sur le bord d’un lac quelque part en chemin. Le petit magasin antique regorge de produits locaux et vaut vraiment le détour. On fait un retour dans le temps en en faisant le tour.

Je rembarque sur ma KTM 1090R et Ken sur sa 500exc puis on suit Mario sur sa GS1200. On roule sur une superbe route asphaltée qui longe lacs et rivières jusqu’à Hawk Junction. Le bled perdu se traverse en cinq minutes et on prend la trail quelque part au bout du chemin. Les surfaces se composent de roches et de terre et de quelques petites sections de sable faciles à traverser. Le niveau d’habileté ne s’avère pas très élevé et je m’amuse à mettre la grosse Katoum de travers en maintenant un filet de gaz. L’air est chaud, mon camel back est plein. Le vie est belle. Je perds un peu les gars de vue avant de me calmer le pompon. Mario et Ken me rejoignent rapidement et on file comme ça pendant un bout avant de décider de s’arrêter luncher sur le bord d’un petit lac superbe. Mario nous raconte que parfois il vient ici avec ses amis et la testostérone prend le dessus et transforme les randos en minicourses d’enduro par moments. Comme quoi on est tous un peu pareils quand on se retrouve en sentier.

Notre objectif est de faire un reportage, alors on écourte un peu la randonnée pour arriver pas trop tard au relais Magpie de Dubreuilville, où l’accueil des proprios se révèle encore une fois authentique et fort plaisant. En plus, il s’agit du seul hôtel où j’ai vu un vrai « Mancave » avec table de pool, Mississippi, jeu de dards et gros fauteuil où s’asseoir pour siroter une bière. Après notre souper au resto-bar LOL, le seul resto dans cette ville de 600 quelques habitants. On nous accueille comme si plein de restos devaient offrir le meilleur service pour se démarquer. Ce village est comme un petit morceau du Québec en plein coeur du nord ontarien.

Si vous faites un petit tour sur le site de Google Maps et regardez le nord de l’Ontario, vous verrez que le territoire est vaste et propice à la découverte. Il y a d’abord des chemins à explorer entre Hearst/Hornepayne et Dubreuilville pour qui veut faire une combinaison de route pavée et de gravier. D’ailleurs, le nouveau pont et le chemin restauré seront prêts pour l’automne 2018 et offriront 270 km de randonnée double-usage. Il y a aussi le corridor Kapuskasing/Folyette qui se compose d’une route à 100 % gravier sur près de 200 km. Finalement, on peut aussi rouler entre Smooth Rock Falls et Timmins sur un chemin composé à 95 % de gravier et 5 % de bitume sur 115 km. Du choix en masse pour qui veut passer du temps à sortir de ses sentiers battus et pratiquer sa « drift » et la conduite sur chemin de gravier.

S’installer à Dubreuilville, ou Wawa, ou Hearst pour quelques jours représente une excellente façon de découvrir les sentiers environnants, qui sont encore en plein développement grâce au soutien des communautés environnantes ainsi que des associations touristiques régionales qui promeuvent les sports motorisés hors-route, comme la moto double-usage, le quad et même la motoneige hors-piste, une spécialité du coin. Pas besoin de chercher longtemps pour se faire conseiller un chemin ou un sentier à découvrir. Grâce aux compagnies forestières, plusieurs chemins sont bien entretenus, mais il faut toujours surveiller pour les gros camions qu’on risque de croiser ainsi que prévoir que la route peut parfois être fermée pour des travaux. Avec de bonnes cartes et un GPS, on peut toujours trouver un chemin de contournement, quitte à faire un peu de sentier. Bref, la vraie aventure!

On finira la soirée dans le Mancave du relais Magpie à jaser chasse, pêche, bateau, moto, langue française et autre sujet avec Pat Bouchard, le gérant du Magpie, qui est revenu vivre à « Dubreuil » après quelques années en ville. Il nous raconte qu’ici au village, le stress urbain, le trafic, les problèmes de stationnement etc. ne sont maintenant plus que de vagues souvenirs pour lui. Chanceux!

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