Une « Canadoise » en France au guidon d’une CB1100 RS

Par Caroline Paul-HusPublié le

Lorsqu’on me demande depuis quand « la moto » fait-elle partie de ma vie, je réponds : « Depuis que j’ai trois ans et demi; depuis que la moto stationnée de mon père est tombée, m’écrasant le cou contre la bordure du carré de sable où je m’amusais. » Heureusement, il était pompier volontaire, alors il a su me réanimer. Souvent, je l’ai entendu raconter fièrement que mon visage était bleu et qu’il m’avait alors redonné le souffle de vie… « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. », non? Sans doute, car… vingt ans plus tard, je m’inscrivais à un cours de conduite moto puis j’achetais une vieille 750 cc avec laquelle j’ai traversé notre beau et vaste pays – seule et en camping – en 1997.

Mais là, en 2018… comment ai-je pu croire qu’Honda allait ME prêter leur magnifique CB 1100 RS en France? Pourquoi m’accorderaient-ils LEUR confiance? Est-ce parce que je roule sur une vieille CB 750 1991 depuis le 8 mars 2000 sans accident ni réclamation? Est-ce parce que je cite Honda onze fois à travers mon récit Quand l’intuition te guide… | SEULE EN MOTO | Traversée du Canada et 18 430 km en Australie? Une chose est certaine, ce sont les encouragements d’un retraité Honda – impressionné par mon parcours de motocycliste et d’auteure – qui m’ont poussée à entreprendre les démarches nécessaires afin d’obtenir une « moto de presse »!

Avant la prise de possession de cette moto, en banlieue de Lyon, on commence – mon conjoint Nicolas et moi – par louer une petite voiture pour y ranger tous nos bagages et… nos TROP nombreux effets personnels!! Une fois chez le concessionnaire HONDA MOTO LYON, une belle CB1100RS argentée m’y attend. FANTASTIQUE! L’odomètre indique 3862 km. Dès que je l’enfourche, mes premières impressions s’avèrent franchement agréables. Mon corps n’est que légèrement basculé vers l’avant; le réservoir est assez étroit et la selle confortable. Même si sa hauteur fait 795 mm, mes pieds reposent bien à plat au sol grâce à mes bottes de cuir aux solides talons de deux pouces. Et puis, que dire de son tableau de bord à doubles cadrans ronds? Il me fait manifestement penser à ma vieille Nighthawk!

Mes premiers kilomètres me font littéralement tomber en amour avec la douceur et la souplesse de ses quatre cylindres en ligne. Wow! une vraie soie! Sa prise en main est TRÈS facile; cette CB est vraiment sympathique à conduire et j’apprécie son freinage à la fois équilibré et très efficace. Pour l’instant, le seul hic, c’est que j’ai tendance à accrocher le klaxon lorsque je veux utiliser les clignotants!!

Sachant que Mirmande fait partie des plus beaux villages de France, je m’y dirige allégrement, la caméra GoPro solidement installée sur mon casque. Le soleil se montre miraculeusement au rendez-vous alors que les Français me racontent qu’il a plu CHAQUE jour ces deux derniers mois!? En arrivant devant la terrasse d’un p’tit restaurant, je constate que cette CB fait tourner bien des têtes! Soudain, au pied de ce village médiéval, la route se fait étroite et sinueuse. Mmm!… Ça sent bon! Des aiguilles de pin et des cocottes jonchent le chemin qui devient de plus en plus « déformé »…

Malgré son poids de 252 kg, je trouve cette moto compacte et drôlement légère quand je suis en mouvement. Une fois au sommet, un vieil homme marche vers moi et se présente : Paul, citoyen de Mirmande âgé de 71 ans. On discute… puis, après seulement 175 km de route, nous voilà invités à dormir chez lui! Wow! quel privilège que celui de le voir nous cuisiner des pâtes au-dessus d’un feu de bois!… de l’entendre nous jouer de la guitare!… puis de nous endormir dans sa grande pièce réservée à la méditation. De la pure bonté humaine. Avouez que mon périple en moto ne pouvait mieux commencer!!

Le lendemain, on quitte Paul pour se diriger vers les Gorges de l’Ardèche. La vieille route pour s’y rendre est en lacets… Au guidon de la CB, je réalise à quel point il ne s’agit pas d’une moto sport mais plutôt d’une moto linéaire… De toute évidence, elle préfère les virages tranquilles… Après tout, n’est-elle pas inspirée de l’esprit CAFÉ RACER et, par conséquent, davantage destinée aux courtes distances!?

Devant le Pont d’Arc, un pont naturel culminant à 54 mètres, on croise un groupe de Ch’tis – originaires du Nord-Pas-de-Calais. Dès qu’ils entendent NOTRE accent québécois, ils s’exclament : « Ah! mais… vous êtes des… Cana…dois!? », créant ainsi un tout nouveau mot issu de Canadiens et Québécois! Plutôt joli, non?

En fin de journée, je remplis le réservoir de la CB et j’estime que sa consommation fut d’environ 6 L/100 km… Après 222 km, nous sommes chaleureusement accueillis près de Pompignan au sud des Cévennes chez des amis d’un ami que j’ai rencontré à Tübingen en 1994. Carolin & Gilles possèdent un vignoble, et CE soir, la belle CB aura l’honneur de passer la nuit dans leur garage, à côté de leur tracteur Renault orange!

Jeudi matin, direction Nîmes, car je veux VOIR la fameuse Maison Carrée, le seul temple du monde antique complètement conservé! Sur place, je n’hésite pas à rouler SUR le trottoir, même si celui-ci est recouvert de pierres extrêmement glissantes… Mon but? Photographier la CB devant la Maison Carrée, car toutes les deux nous séduisent par l’harmonie de leurs proportions!! Prochaine destination? Le Pont du Gard. La route est bordée de platanes… Quoi de mieux qu’une allée majestueuse pour nous diriger vers LE plus beau viaduc romain!?

Le temps avance… et les distances sont bien trompeuses par ici! Un mince 40 km peut représenter 80 minutes de routes en lacets!! On décide donc d’emprunter l’autoroute. Roulant parfois jusqu’à 140 km/h, je trouve la CB vraiment stable. J’ose même me pencher au-dessus du réservoir et déposer mes pieds sur les appuis du passager arrière pour plus d’aérodynamisme. Le compte-tours n’indique que 3700 tr/min à 130 km/h! Wow! Quand je refais le plein d’essence, je calcule qu’elle n’a consommé que 4 L/100 km. Remarquable!

Puisque nous voyageons fin juin, les journées sont longues… Traversant le village de Les Mées, je suis estomaquée devant la formation rocheuse surnommée « Les moines pétrifiés », et c’est devant eux que je prendrai mon cliché préféré, à 20 h 41 très exactement! Circulant à travers le massif du Verdon, je ralentis car les courbes se succèdent à un rythme effréné… ET l’asphalte est complètement mouillé!! Nous arrivons à Castellane après 351 km. Il est 22 h 12 et, malgré l’heure tardive, on réussit à dénicher un restaurant. Au p’tit matin, on s’émerveille devant la vue incroyable qui s’étend devant le petit pont. On jurerait une peinture!

Le canyon du Verdon est considéré comme « Le grand canyon de l’Europe ». Roulant le long des falaises de calcaire, j’aperçois sur ma gauche la couleur surréelle du lac Sainte-Croix. Wow! Comment ne pas s’extasier devant cette eau turquoise!? Nous sommes bouche bée. En sillonnant ensuite la Haute-Provence, me voilà entourée par de jolis champs de lavandin! Ce dernier est un hybride naturel de la lavande, cultivé pour ses excellents rendements.

Ce soir, nous avons rendez-vous en banlieue de Grenoble pour souper chez un couple de globe-trotteurs. En roulant à travers le parc régional des Baronnies provençales, on voit les Alpes se dessiner au loin, couvertes de neige… C’est magnifique! La route qui contourne le massif du Vercors se fait sinueuse et de plus en plus ombragée… L’air se rafraîchit et pour la première fois, j’ai froid! Heureusement, j’ai apporté ma doublure de manteau et je m’en félicite.

Une fois à Revel, nous sommes généreusement hébergés par Yannick & Huguette qui me permettent de stationner la CB dans leur garage, à côté de leur grosse BMW GS1200. Après 364 km, j’dois avouer que je me sens fatiguée. J’ai sans aucun doute exagéré un peu côté distance et type de routes pour cette belle « rétro sport »… La texture adhésive de la selle me cause de la friction ET la position de conduite m’occasionne des douleurs au poignet droit… ainsi qu’aux genoux.

Le lendemain, nos hôtes nous proposent de rouler tous ensemble vers Chambéry. Afin de s’y rendre plus rapidement, nous empruntons l’autoroute A41 qui longe le magnifique parc régional de Chartreuse. Au loin, on aperçoit un autre lac turquoise. Wow! Il s’agit du lac du Bourget. C’est de toute beauté! Sa couleur nous semble carrément irréelle!

Ce soir, nous sommes invités à Courtenay, chez l’amie d’une amie. Après 162 km de route seulement, nous arrivons chez Alice et son mari Julien, un autre couple franchement sympathique. À ma demande, Alice me permet de stationner la CB en plein milieu de leur champ puis… d’embarquer sur le dos de sa jument – tout en conservant mon manteau et mon casque de moto – pour une photo à la fois inusitée et… inoubliable!!

De retour chez le concessionnaire Honda, l’odomètre indique 5206 km; j’ai donc parcouru 1344 km au guidon de cette belle CB, et c’est avec beaucoup de fierté que je remets la clef au Responsable. Finalement, cet authentique « BIG FOUR » offre au pilote une belle puissance, et ce, sur TOUS les rapports. C’est sans doute là ce qui la rend si agréable à conduire… autant à basse vitesse que sur les autoroutes!! Même si plus de 50 ans se sont écoulés depuis la véloce CB 72, le sigle CB est indéniablement synonyme de moto fiable et conviviale!

Bref, ce périple en France me confirme la véracité du slogan Honda : « La Puissance des Rêves »… Et maintenant? C’est à mon tour de VOUS encourager à croire en VOS rêves et, surtout, de passer à l’Action afin qu’ils se réalisent! Pour davantage d’informations, n’hésitez pas à visiter mon site : www.carolinepaul-hus.ca

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