La Run

Par Marc ParadisPublié le

L’expression « Dans mon temps, c’était bien mieux » remonte probablement à la nuit des temps. Chaque génération refuse l’évidence que la suivante a su faire sa place avec ses goûts et ses ambitions. Si, à l’époque de nos grands-parents, les danses carrées étaient de mise, l’avènement du rock leur apparut comme l’instrument de Satan (et là, je ne parle même pas du black métal!). Si l’expression est vérifiable dans le monde de la musique, elle l’est aussi dans notre environnement motocycliste. Et comme dans le monde de la mode vestimentaire, les styles traversent les époques en refaisant surface à quelques décennies d’intervalle. Je m’intéresse depuis quelques années déjà au mouvement de renouveau qui souffle sur notre monde motocycliste vieillissant. Je constate, comme vous, que les jeunes savent ce qu’ils veulent et surtout ce qu’ils ne veulent pas! Personnaliser une moto, c’est bien, mais il ne faut pas que ça devienne un arbre de Noël! On y va donc pour le dépouillement, mais aussi par l’ajout d’accessoires souvent rescapés de l’époque où je roulais en tricycle…

Lorsque l’invitation à participer à la 3e édition de La Run apparut sur mon actualité Facebook, je me dis que ce serait une bonne occasion d’infiltrer ce mouvement nouvelle vague sans que ce ne soit trop évident… A priori, je croyais devoir me faire tatouer, percer, laisser pousser les cheveux et la barbe, en plus d’emprunter une monture pour ne pas détoner au travers du groupe avec ma SV jaune pétante. Mais étant donné que l’invitation stipulait que l’activité était pour tous, je n’eus qu’à ressortir mon bon vieux jacket de cuir pour parfaire mon déguisement! L’horaire prévoyait un départ du cinéma des chutes de Saint-Nicolas vers 9 h direction Shawinigan via la 132. Fidèle à mon habitude (héritée de mon père), j’arrive un peu avant l’heure officielle du départ par ce beau matin ensoleillé de septembre. Ne me fiant pas aux prévisions météorologiques, j’ai apporté mon ensemble de pluie au cas où… ce que peu de mes futurs compagnons de randonnée semblent avoir fait… Comme c’est toujours le cas, je me fais un malin plaisir à faire la tournée du stationnement afin de connaître les forces en présence, juste pour voir qui roule sur quoi… Premier constat, beaucoup de motos provenant de Milwaukee, plusieurs vieilles brettes des années 80 personnalisées et quelques motos sportives, dont la mienne qui ressort non pas par sa personnalisation, mais bien par sa couleur! Je m’approchai des organisateurs, facilement identifiables à leurs t-shirts orange pétant fournis par Les Loups Motorcycle Clothing (LLMC). Philippe Goulet, Guillaume Drolet et Alexandre Laperrière n’en revenaient tout simplement pas de la popularité de leur randonnée, popularité qui commençait à leur causer des problèmes de logistique. Le dîner étant prévu à la microbrasserie Le Trou du diable à Shawinigan, où un goûter à prix modique devait nous être servi, la réservation faite auprès du traiteur était bien en deçà du nombre de participants qui s’amassaient dans le stationnement. En plus, un groupe en provenance de Montréal devait nous y rejoindre! Tout en félicitant les gars pour le succès de participation à leur activité, je leur fais part que j’y participe afin d’en faire un article dans Moto Journal (je viens de me démasquer moi-même!). Ma première impression restera la même tout au long de la journée : les jeunes barbus (je pourrais être le père de plusieurs) sont accueillants et ne discriminent pas sur le type de moto ou encore sur qui la pilote (beaucoup de dames roulent leur propre moto customisée). L’heure du départ sonne enfin. J’en profite pour me placer dans le premier groupe, en fait dans le premier trio du premier groupe, ne voulant pas trop respirer les gaz émis par les vieillissantes chambres de combustion! Ce sont Guillaume (Ti-Guy qui se transforme en Ti-Gris selon ses interlocuteurs) et Philippe qui ouvrent la marche, Alexandre (qui a mis sur pied les rencontres du mercredi soir à la baie de Beauport) faisant partie du second groupe qui nous suivra à quelques minutes (70 motos, c’est un peu trop long comme cortège). N’étant pas un fanatique des randonnées en groupe, je me surprends de constater que nous roulons à une allure un peu plus élevée que ce à quoi je m’attendais. L’air automnal provenant du fleuve m’oblige à fermer mes trappes de ventilation sur ma veste de cuir, luxe que ne peut se permettre Ti-Guy qui ne doit compter que sur ses tatouages pour se réchauffer! Nous roulons sans anicroche jusqu’à notre premier arrêt, le dépanneur station-service de Bécancour. Ayant creusé l’écart sur le second groupe, nous en profitons pour échanger et faire le plein pour ceux dont la monture n’offre pas assez d’autonomie pour rejoindre Shawinigan. Lorsque nous reprenons la route, je me retrouve en seconde position, mes rétroviseurs me fournissant une belle vue de l’ampleur de notre run. À l’approche des bretelles d’accès du pont Laviolette, je sens une certaine démangeaison dans le poignet droit… Je dus retenir mes ardeurs par deux fois pour ne pas dépasser notre leader qui devait ralentir la cadence afin de prendre les courbes à la vitesse que sa machine (et celle de la majorité de notre groupe) pouvait supporter. Notre arrivée au Trou du diable à midi pile, quelques minutes seulement avant le groupe organisé par le collectif Oneland, ne passa pas inaperçue. Au total, 115 motos se sont retrouvées dans le stationnement et leurs propriétaires en ont profité pour fraterniser et bien sûr jaser moto! Une panoplie de styles et de modifications sont présents, que ce soit une bonne vieille Kawasaki Spectre 1100 très bien conservée, une Vulcan 800 transformée en bobber ou encore une CB200T remise au goût du jour et j’en passe (amusez-vous à tenter de les identifier sur les photos). Après que tous se soient restaurés, nous mîmes le cap sur Grand-Mère, préférant éviter les autoroutes pour nous rendre chez Hardcore Cycle à Portneuf pour la suite des activités de la journée. À bien y penser, nous aurions mieux fait de prendre l’autoroute… Disons qu’un groupe de notre importance qui se pointe sans avertissement, ça peut amener un policier à se poser des questions, ou plutôt à nous en poser quelques-unes! Quelques minutes plus tard, nous reprenions la route sous un ciel de plus en plus menaçant. Pas de chance à prendre, comme disait mon père, nous prendrons l’autoroute 40 pour nous rendre chez Pat. Depuis son déménagement à Portneuf, la surface de l’atelier de mon barbu préféré a pris de l’ampleur (à première vue, je dirais au moins dix fois plus de superficie) et ce ne sont pas moins de six projets à divers stades de production qui s’offrent à nos regards. Encore une fois, je m’amuse à deviner quelles sont les motos qui servirent de base à ces futures créations. Je tiens à mentionner une attention qui devrait inspirer toutes les rencontres du genre : une quantité non négligeable de tentes-roulottes étaient disponibles pour location sur place à prix modique, évitant du coup de prendre la route dans un état non sécuritaire. Comme c’est souvent le cas dans ce genre de rassemblement, les jeux à moto constituent l’attraction principale et, comme novice, je me dis qu’il serait amusant d’y participer. Première épreuve : la classique slow race où le dernier à franchir la ligne d’arrivée gagne la course. N’étant pas un habitué, j’observe les premières rondes, je me place en ligne et décide d’opter pour la technique frein arrière et glissement d’embrayage. Je remporte ma première ronde! Est-ce la chance du débutant ou encore suis-je doué? J’ai ma réponse lors de ma seconde manche, voulant trop bien faire, j’immobilise la moto, perds l’équilibre et dois mettre le pied par terre, meilleure chance la prochaine fois Marc! L’autre épreuve à laquelle je participe, le baril de bière, se solde par le même résultat : je gagne ma première manche (bien que je roule très lentement, me pensant toujours en slow race!) et me fais éliminer à la ronde suivante. J’ai bien aimé la camaraderie entourant ces activités, tous y étant invités à y participer, même les membres du Club Day Tripper, venus de Québec pour l’occasion sur leurs mobylettes vintage. Plusieurs prix de présence furent tirés et de beaux trophées à l’image de la créativité animant ces amateurs de motos personnalisées furent décernés aux gagnants. S’ensuivirent un souper hot-dogs et une soirée avec Ancestors Revenge, pas vraiment le choix musical de ma belle-mère!

En revenant chez moi sous la pluie battante, mais au chaud sous mon imperméable, je me suis dit que les jeunes pouvaient dire mission accomplie! Et l’an prochain, vous pourrez encore inviter pépère Marc, il y a pris goût!

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