Orange County Choppers, la Mecque des choppers.

Par Neil GrahamPublié le

Neil Graham rend visite aux constructeurs de motos les plus célèbres du monde afin de faire l’essai de leurs motos de production et aussi pour voir comment la célébrité a affecté la famille royale de la moto.

Lorsque nous entrons dans la pièce pour rejoindre les vedettes de la populaire série télévisée Orange County Choppers, Paul Teutul Sr. fait les cent pas devant un lutrin l’air nerveux et irrité, mais je ne me suis pas posé de questions sur son humeur bien longtemps. « Si j’ai l’air nerveux aujourd’hui, ça n’est pas à cause de ceci » dit-il joyeusement, faisant référence au lancement de la première collection de motos de production de la famille chicanière la plus populaire de la télé. « Je suis nerveux parce que je vais me marier cette fin de semaine » continua-t-il au grand soulagement d’une salle bondée de journalistes de magazines de moto maigrichons et non tatoués. Nous venons de faire sa connaissance, et nous voulons éviter de le mettre en rogne, cependant, je me rendrai vite compte qu’il n’y a rien à craindre chez OCC sauf les motos.

Mon téléviseur repose dans un garde robe, ce qui fait que je doive fouiller sous plein de vêtements hors saison pour le trouver, le traîner dans le salon, mettre les antennes (oreilles de lapin) et trouver la « zapette » perpétuellement égarée. C’est une tentative délibérée de ma part pour lire plus et regarder moins de télé. Mais je sais quand même qui sont les Teutul. Même avant d’emprunter les DVD de la série, je savais que Paul Sr. et Paul Jr. étaient souvent à couteaux tirés, et que le fils aimé de tous, Mickey, avec sa tête de vadrouille et son imprudence de rescapé de centre de réhabilitation était le volet comique du spectacle. Ceci veut dire que j’ai du regarder Orange County Choppers quelque part dans un pub, ou dans une chambre d’hôtel, ou peut être que les personnages sont les archétypes parfaits des dysfonctions inhérentes à toutes les familles. Nous savons qui ils sont parce qu’ils sont nous et que nous sommes eux.

Mickey nous dit « Je vais simuler ma mort aujourd’hui, et j’aimerais ajouter que je n’ai rien apporté à la création des motos ». Avec ces mots, on nous dévoile les motos de production et Paul Sr. enchaine : « Au début, nous étions impliqués dans l’industrie, mais nous nous sommes éloignés de la fabrication de motos parce que nos autres activités étaient plus lucratives, ceci nous ramène à nos sources, la fabrication de motos. Nos horaires ne nous laissaient pas assez de temps pour fabriquer des motos ». J’ai choisi une T-Rex comme première moto d’essai. Nous sommes à l’extérieur des quais de chargement de la fabrique/studio de télé situé en banlieue de Newburgh, New York. Nous allons nous balader dans la campagne avoisinante, guidés par Paul Sr. et la force constabulaire locale, puisque aucune des motos que nous mettons à l’essai n’a de plaque d’immatriculation.

Je n’ai jamais conduit une moto aussi longue que la T-Rex, et quand je me laisse choir sur la selle de 24 pouces de hauteur, la roue avant disparait dans le futur. L’empattement de 87 pouces est environ 30 pouces de plus qu’une moto contemporaine, mais ce sont les tuyaux d’échappement de la grosseur d’un poignet qui me tracassent. Mais, un coup sur le bouton du démarreur électrique, et le bicylindre en V S&S de 1632 cc se réveille, émettant un son plein, mais tolérable. La position de conduite, les jambes droit devant et les bras montés à un angle de 45°, est celle que vous auriez si vous étiez tombé en bas d’un tabouret de bar et que vous tentiez de vous accrocher pour vous relever.

J’engage la première et je suis Paul Sr. sur la rue, pendant un bref moment, je contemple d’atteindre la notoriété extrême du monde de la moto si je devais basculer et renverser le patriarche de la marque Teutel, mais les tressaillements dus à l’inconnu du chopper disparaissent rapidement, et je vogue sur le route. L’action légère de l’embrayage et la facilité des changements de vitesse de la transmission facilitent ma transition dans le monde des motos au long empattement, cependant, une section bosselée de la route révèle rapidement les limitations du design. L’angle de chasse est si grand que les bosses ne compriment pas la fourche, mais projette la roue avant en l’air, et la suspension arrière est pratiquement inexistante. (La fonction de la suspension arrière type Softail est déguisée si efficacement, tant du point de vue esthétique que fonctionnel que j’ai appris quelques jours après, en feuilletant la fiche technique, que le T-Rex à une roue arrière suspendue).

Les vibrations du moteur S&S sont intenses, et la boite à six vitesses Baker, qui semblait avoir un nombre excessif d’engrenages étant donné le couple abondant du moteur, est d’une nécessité absolue puisque le régime moteur doit être maintenu au ralenti sinon les mains dansent sur le guidon et la vision s’embrouille. Il est difficile de garder les pieds sur les supports qui sont montés si loin à l’avant que les jambes sont pratiquement parallèles au sol, ce qui fait que les pieds sont appuyés sur le coté du support plutôt que posés dessus. Suite à un effort constant pour empêcher mes pieds de glisser des supports durant la première moiti. De notre randonnée de 50 milles, j’ai cherché une solution de rechange. J’ai trouvé qu’en coinçant mon talon gauche dans le creux où le levier de vitesse pivote il sera supporté. Puis je cherche du coté droit et je trouve un perchoir sur la boite du moteur, juste en dessous du carburateur.

Étonnamment, le T-Rex est très maniable, peut-être à cause de sa suspension ferme. La conduite est légère et le dégagement au sol est plus que suffisant pour le rythme que je suis prêt à risquer, soit au mieux, lambiner. Le frein avant épouvantable, un retour aux premières années des freins à disque, si vous pressez très fort, vous pouvez voir la fourche comprimer et ça confirme qu’elle peut le faire. Le frein arrière, aidé par l’empattement exagéré et le bas centre de gravité, est bien et amplement suffisant pour le rythme « ralenti du boulevard ». Paul Sr. affirme que la stabilité est tellement bonne que « vous pouvez piloter cette machine sur l’autoroute et lâcher le guidon et elle va continuer en ligne droite ». Et il a raison, une fois passé la vitesse où disparaissent les tremblements de basse vitesse, vous pourriez probablement vous lever debout et sauter en bas de la moto,  qu’elle sentirait à peine votre absence.

Quand j’ai testé les trois autres motos de la famille de quatre, mes observations étaient assez similaires. Le Splitback et le Web (comme dans toile d’araignée et non pas internet) sont des motos à empattement long avec le même groupe motopropulseur que le T-Rex qui ont des caractéristiques de maniabilité et de puissance similaires à celui-ci. Le Greenie est le modèle d’entrée de gamme (si vous considérez que 30 000$ US est un prix d’entrée), et il est mu par un bicylindre Harley-Davidson de 1340 cc jumelé à une transmission à cinq vitesses. J’avais espéré que ce sauteur rétro serait plus agile que ses frères, mais avec un poids de plus de 600 lbs et seulement une fraction de débattement de suspension arrière, c’est une machine lourde et marginalement confortable. Le Greenie est une moto « abordable pour le commun des mortels » selon Paul Jr. mais une personne sensée serait mieux d’acheter la Harley qui a inspiré le Greenie. « Auparavant nous fabriquions des motos qui faisaient beaucoup de bruit, mais celles-ci sont différentes » nous confiait Paul Sr. à propos des machines de production qui seront fabriquées au rythme de quelques centaines par an seulement. C’est un défi que OCC s’est lancé. Lorsqu’on lui a demandé si des mules étaient en préparation pour être soumis aux tests de l’EPA (Agence de Protection de l’Environnement aux ÉU), un porte parole de l’organisation nous a répondu que « Nous voulons visualiser que nous sommes en marche pour obtenir la certification de l’EPA ».

Les employés de OCC et les vedettes de l’émission eux-mêmes sont des personnes fort aimables, mais après une journée en leur compagnie, on se rend compte qu’ils vivent et opèrent dans un univers en dehors du monde « normal » de la moto. Un questionnaire approfondi demandait, suite à nos essais, notre opinion de la symétrie et de la ligne des motos et ma plume hésitait au dessus de l’espace réservé pour la réponse à la question qui demandait « Y a-t-il des améliorations qui pourraient être apportées aux motos que vous avez pilotées aujourd’hui? ». Je n’ai pas écrit de commentaires caustiques, parce qu’il importe peu que ces motos fonctionnent ou soient confortables. Ce sont les équivalents des figurines d’action des émissions de notre jeunesse – elles ne sont pas différentes des poupées Farrah Fawcett  ou Fonzie ou des tasses Homer Simpson, et personne ne comprend mieux ceci que les Teutel eux-mêmes. Lors de notre entrevue en fin de journée, ils n’étaient pas les malotrus que l’on voit à la télé, ni des innocents à la dérive dans la mer des célébrités, ce sont des hommes d’affaires rusés et avertis. Ils s’inquiètent d’être surexposés dans les médias, et ont donc conçu un logo spécial pour leur collection de vêtements haut de gamme par opposition au logo générique des produits à distribution étendue, vendus dans les grandes surfaces telles Wal Mart. Ils sont conscients que tout cela va s’arrêter un jour, mais en attendant, ils font tout en leur pouvoir pour que la machine continue d’opérer. Quand je leur demande s’ils croient être les motocyclistes les plus célèbres depuis Evel Knievel, Paul Sr. répond «Bien sur, facilement, on est peut être même plus gros que lui. Mais vous savez quoi? » demande-t-il en me pointant du doigt, « Une chose que l’on a de mieux que Evel ce sont les démographiques ».

 

 

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